Éternels Éclairs


Bonne mort

Le Phédon jette en l'âme un céleste reflet,
Mais rien n'est plus suave au coeur que l'Évangile.
Délicat embaumeur de la raison fragile,
Il sent la myrrhe, il coule aussi doux que le lait.

Dans ses pures leçons rien n'est prouvé; tout plaît :
Le bon Samaritain qui prodigue son huile,
L'héroïsme indulgent pour la plèbe servile
L'âme offerte à l'épreuve et la joue au soufflet.

On dit que les mourants ont foi dans ce beau livre :
Quand la raison fléchit, il apaise, il enivre,
Et l'agonie y trouve un généreux soutien.

Prêtre, tu mouilleras mon front qui te résiste ;
Trop faible pour douter, je m'en irai moins triste
Dans le néant peut-être, avec l'espoir chrétien.

— Sully Prudhomme,
Les Épreuves

Du même auteur

Les Poèmes de Sully Prudhomme de A à Z

Alphabet papillon: lettre l

}