Biographie de Pierre de Marbeuf (1596-1645)
Pierre de Marbeuf - Le résumé de sa vie
Pierre de Marbeuf (1596-1645) est un poète baroque français du XVIIe siècle. Né à Sahurs, il fait ses études
au collège de La Flèche et vit à Paris de 1619 à 1623. Il étudie le droit en compagnie de Descartes.
Auteur de sonnets baroques et du Recueil de vers (publié à Rouen en 1628), il met en œuvre
les thèmes de la nature, de la fragilité de la vie et de l'amour. Maître des eaux et forêts,
ce qui peut expliquer la présence récurrente de la nature dans son œuvre, il est apprécié
non seulement pour ses qualités de poète, mais aussi pour ses talents satiriques.
Son sonnet le plus connu à ce jour À Philis associe avec virtuosité le thème de la mer
et celui de l'amour.
Pierre de Marbeuf : L'oublié
Le nom de Pierre de Marbeuf est plus connu aujourd'hui
des bibliophiles et des archéologues que des historiens
littéraires. Les bibliophiles recherchent les exemplaires
devenus rares de ses oeuvres ; les archéologues rappellent
que l'élégante chapelle de Notre-Dame-de-la-Paix, que l'on
admire encore dans le village de Sahurs, lui appartenait
lorsque la reine Anne d'Autriche, heureuse de voir enfin
réalisés ses désirs de maternité, s'acquitta du vœu qu'elle
avait fait à la Vierge en lui consacrant une statue d'argent
du poids de vingt-quatre marks dans cette chapelle, que l'on
connut ensuite sous le Tocable de Notre-Dame-du-Vœu.
Les historiens littéraires ont maintenant oublié Pierre de
Marbeuf.
On le trouve bien encore mentionné dans les dictionnaires
biographiques et bibliographiques, mais ces notices sont
incomplètes et erronées. Les détails les plus précis que l'on
puisse trouver sur ce poète et sur ses oeuvres se lisent
dans une étude que M. Léon de Duranville a publiée, en
1874, sous ce titre Pierre de Meutbeuf.
Je me bornerai ici à relater les faits principaux de sa vie.
Pierre de Marbeuf : Les faits principaux
Pierre de Marbeuf, écuyer, sieur d'Ymare et de Sahurs
en partie, naquit en 1596 du mariage de François de Marbeuf
et de Catherine Helloin. Il était de noblesse assez récente,
son grand-père Pierre de Marbeuf ayant été anobli en mai 1581
par Henri III, pour ses bons services et faits d'armes. Il fit
ses études au collège de la Flèche dont il nous a laissé une
description poétique, et fut ainsi le condisciple de Descartes,
né comme lui en 1596. Nous le trouvons ensuite à
Orléans, où il étudia le droit, et qu'il quitta en 1619 pour
suivre à Paris une jeune fille dont il était épris et qu'il a
chantée sous le nom d'Hélène.
Entre temps, il avait publié son Psalterion chrestien, 1618,
un poème sur le mariage de Christine de France, sœur de
Louis XIII, avec Victor-Amédée de Savoie, 1619, et présenté
plusieurs pièces au concours des Palinods de Rouen en 1617,
il emporta la tour pour ses stances intitulées l'Anathomie
de l'œil, en 1618, l'étoile pour une épigramme latine, et, en
1620, le miroir pour l'ode intitulée Le Narcisse.
Il fit, avant 1627, un voyage en Lorraine, où, sur les
recommandations de M. Harlay de Cbanvallon, il reçut du
Psalterion chrestien, dédié à la mèïede Dieu, l'Immaculée Vierge
Marie; suivi de Poésie melée du meme auteur.
De retour dans sa province,
nous le trouvons exerçant la charge de maître particulier des
eaux-et-forêts en la vicomté du Pont-de-l'Arche. Il se maria
en 1627 (le contrat est daté du 10 février de cette année),
avec Madelaine de Grouchet, fille de feu Charles de Grouchet,
conseiller au Parlement de Normandie, sieur du Mesnil et de
Soquence ; c'est elle sans doute qu'il a chantée sous le nom de
Madelaine et de Sylvie. Il mourut en 1645 et fut inhumé le
17 août sous la tombe de son aïeul dans la chapelle de Saint-Firmin
de Saint-Etienne-Ia-Grande-Eglise.
Regard sur l'Oeuvre de Pierre de Marbeuf
Ceux qui seront curieux de lire ses recueils jugeront que
Pierre de Marbeuf vaut mieux que le silence qu'on a fait
autour de lui. Je ne chercherai pas à dissimuler son principal
défaut : l'abus du bel esprit.
Il ne serait pas de son temps s'il s'était toujours attaché à
parler simplement. Il y a heureusement autre chose chez
Marbeuf, il tourne le vers avec aisance et, sous sa plume, la
phrase poétique se déroule sans embarras et sans vains remplissages.
Il a le sentiment du rythme. Dans ses poésies
sérieuses, il ne manque ni de force ni de noblesse. On pourra
s'en convaincre en lisant sa belle méditation Le Solitaire.
Il comprend et aime la nature et sait la décrire et la chanter,
et ce n'est pas seulement parce qu'il était maître des eaux-et-forêts
qu'il s'est donné le nom de Silvandre.
Enfin, ce poète qui était, en 1618, un traîneur de l'école de
Ronsard et de Du Bartas, a marché avec son temps et a
gardé au fond de son cœur toujours la même affection pour
ses vieux maîtres. Et, s'il ne nomme pas
Malherbe, dont l'autorité d'ailleurs n'était pas encore souverainement
établie, il l'a lu cependant et a profité de ses
réformes. L'influence du tyran des mots et des syllabes
n'a pas été sans agir sur lui ; on le sent en maint endroit. Une
des lois nouvelles a été admise par lui ; de ce recueil de 1628,
l'hiatus est presque entièrement proscrit, on ne l'y rencontre
que cinq ou six fois et toujours dans des pièces qui ont été
manifestement composées plus près de 1620 que de 1628.
Pierre de Marbeuf était un esprit perfectible, les progrès
accomplis par lui entre 1618 et 1628 le prouve abondamment,
et l'on peut regretter qu'a partir de cette dernière date,
il ait à peu près réduit sa muse au silence.
David du Petit Val. Biographie de La grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts.
Présentée par Stéphen Moysan.