Pour nous aider et/ou pour le plaisir, acheter ce recueil de Stéphen Moysan
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Poésie | Peinture |
Mars et Avril 2019
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Tant de critiques
Si peu de vérité
La parole d’un homme.
Le chant des vagues
Au bord de mer
J’apprends à me taire.
Ce soir, elles s’offrent en bouquets
Comme des fleurs du cosmos
Les étoiles filantes.
Stéphen Moysan
Effets du soir
Après un bonbon
Le gout : « fruit de la passion »
Sur ses lèvres.
Tant je l’aime
De tout mon être
Que j’en tremble.
Nos corps enlacés -
Désir incontestable
De ne plus être sage.
Stéphen Moysan
Effets du soir
Dans tes yeux,
Mon désir
Se reflète.
J’ai lu en toi,
La première raison
De mon amour.
Ton âme mise à nue,
Faire de même
Avec ton corps.
Stéphen Moysan
Effets du soir
Pour suivre mes pensées
Je me suis jeté à l’eau
Emporté par le courant.
Avez-vous déjà plongé
Dans les vagues du désir
Et nagé dans le bonheur ?
Nous dérivons vers l’inconnu
Mais n’allons jamais assez loin,
La peur nous rattrape.
Stéphen Moysan
Effets du soir
Mieux vaut
Plutôt que vouloir avoir raison
Reconnaître ses torts.
Mieux vaut
Plutôt que d’avoir tort
Pouvoir entendre raison.
Et mieux vaut
Que la raison n’ait pas tort
Et que faire tort n’ait pas raison.
Stéphen Moysan
Effets du soir
Loin de toi -
Mon silence
L’entends-tu crier ?
Il y a des larmes
Qui nettoient l’âme,
J’ai besoin de pleurer.
Tes mensonges avoués
Comme une vérité
Notre séparation.
Stéphen Moysan
Effets du soir
Début de soirée -
Les traces d’un avion
Tout près de la lune,
« L’oiseau de métal »
S’en est allé dans le ciel
Vers des terres inconnues,
Et moi, je me demande
Pourquoi je reste là
Quand tout s’envole.
Stéphen Moysan
Effets du soir
Fin de notre amour
Et de nos balades nocturnes -
Mais toujours les mêmes étoiles.
Besoin d’être seul
Et que le temps efface
Les traces de la passion.
Demain est un nouveau jour
Et s’envoleront avec les nuages
Les choses non dites.
Stéphen Moysan
Effets du soir
Qui court à sa perte
Ne voit pas
Passer la vérité.
On peut s’enflammer,
Mais comment bruler
Sans se détruire ?
Au fond de soi
Eteindre les braises
Pour attiser la sagesse.
Stéphen Moysan
Effets du soir
À peine levé -
Premier conflit :
Cheveux en bataille.
Avant mon café -
Encore un peu de nuit
Dans mes pensées.
Alors, ouvrir la fenêtre,
Enfin voir le jour -
Rituel silencieux.
Stéphen Moysan
Effets du soir
Sur le trottoir
Les sans abris
Notre médiocrité,
Premières aumônes
Une seule pièce
Mon impuissance,
Troisième demande
Aucune réponse
Ma petitesse.
Stéphen Moysan
Effets du soir
Sortie du travail -
Retrouver le ciel gris
Des pots d'échappement.
Regarder par terre
Dans l’ombre du banquier
Un cœur de pierre.
Tempête sur la bourse -
Les riches se réfugient
Sous le plafond de la dette.
Stéphen Moysan
Effets du soir
Reflet du lac -
Quelques ricochets
Les rides du ciel.
Nuit de juin
Tout s’est arrêté
Sauf la lumière de la lune.
Que le temps parait long
Quand pour un proche
La vie fut trop courte.
Stéphen Moysan
Effets du soir
Avant propos : Mathieu est un ami, une personne brillante qui m'a toujours soutenu dans mes projets d'écriture. Il est à l'origine de la création du site, a été ingénieur, fait de la recherche et a enseigné à Sciences Po. Il travaille aujourd'hui dans une université Danoise à Copenhague. Aussi cette critique, même si elle peut sembler légèrement négative, est constructive, et aura certainement des conséquences sur mes productions futures. Avec son accord, je décide de partager son analyse ici. Il n'était pas au courant que je la publierai au moment où elle fut rédigée, et je dois admettre que j'ai vacillé à sa lecture.
Merci Stéphen pour le recueil et les commentaires positifs
de notre ami commun qui y sont associés. Ils sont
intéressants à lire, car nous n'avons pas la même
sensibilité et pas la même lecture. Comme tu le
sais, je ne suis pas très fan des poèmes d'amour
en général, leur préférant l'esthétique originale
du romantisme, l'homme face à la vague, l'humanité
de la confrontation avec des éléments qui nous
dépassent. C'est de cette façon que j'aurais
d'abord expliqué pourquoi la première partie
du recueil m'a laissé froid, et que ce n'est que
vers la fin que j'ai été séduit. Mais à bien y
réfléchir ce n'est pas le thème de l'amour en
lui-même qui m'indiffère, c'est l'absence
de surprise.
Je ne vais pas faire de commentaire du recueil
poème par poème. La première partie du recueil
ne s'adresse pas à moi, que les gens qui l'aiment
te donnent leur retour, c'est ca qui te sera
utile. Mieux vaut plaire beaucoup à un petit
nombre que plaire un peu à beaucoup. Mais je peux
dire pourquoi ca ne marche pas avec moi.
Ce que j'attends d'un poème court, c'est un tout
où on ne peut rien enlever ni rien ajouter, où
tout fait sens, et qui me surprend. Note bien
qu'on peut attendre d'autres choses d'un poème,
comme de belles images, une musicalité. Mais
de même que le scénario est pour moi le plus
important dans un film, la narration et
son mystère est la source première de mon plaisir.
Et dans un poème court en particulier, la façon
dont l'économie des mots peut raconter une histoire.
C'est ce qui fait la beauté d'un haïku à mes yeux :
il est si court qu'il ne semble pas qu'on puisse
y raconter grand chose, et pourtant avec du talent
on peut y loger une histoire bien plus grande que
sa taille. C'est en cela qu'un court poème
ressemble à une enquête. L'économie des mots
force à y trouver des relations de sens implicites,
qui font sa beauté et son mystère. Je peux aimer
y trouver une surprise, ou bien une belle idée,
ou encore une image puissante. Mais tout cela
n'est possible que si je peux admirer la facture
du poème, si je peux sentir qu'aucun ajout ou
retrait ne pourrait laisser son sens intact.
Les poèmes d'amour sont trop linéaires pour ca.
Ou si on peut écrire des poèmes d'amour non
linéaires, alors je crois que je pourrais
apprécier ceux-là. A titre d'exemple, je vais
détailler l'un des poèmes, mais ma critique
s'appliquera à d'autres.
« Symbiose »
Dans tes yeux,
Mon désir
Se reflète.
J’ai lu en toi,
La première raison
De mon amour.
Ton âme mise à nue,
Faire de même
Avec ton corps.
Je vais l'écrire intentionnellement comme
un texte normal, sans sauts de ligne. Voilà ce
qu'il raconte : « Dans tes yeux, mon désir
se reflète. J'ai lu en toi la première raison
de mon amour. Ton âme mise à nu, faire de même
avec ton corps. » Il ne dit principalement
qu'une chose : je te désire. Et cette linéarité
seule n'est pas un problème en soi - une seule
fulgurance peut suffire. Le problème vient
du fait que la facture du poème n'est pas assez
resserrée. Par exemple, pourquoi séparer
« Dans tes yeux, mon désir se reflète » en trois
vers ? Tu ne dis là qu'une seule chose. Aussi,
pourquoi séparer « Faire de même avec ton corps »
en deux vers ? La réponse que j'imagine est que
tu es parti du format 3 x 3 et que tu t'y es tenu,
mais en tant que lecteur cela ne me regarde pas.
Et qu'apporte la troisième strophe qui reprend
essentiellement l'idée de la première ?
Pour moi ce poème n'est pas un « Haicube », parce
que chaque ligne, chaque
strophe n'est pas nécessaire. Du coup sa forme
n'a pas de sens, autant l'écrire comme du vers
libre. Je ne peux pas faire abstraction de la forme et
du fond. Mais si je n'avais pas attendu
une forme proche du haiku, j'aurais peut-être été
moins déçu. Dans le jeu de mes attentes, je n'ai
pas trouvé ce que j'espérais : une énigme,
un sens caché, une histoire, une belle facture
dans l'économie des mots. Un poème plus
explicitement en vers libre aurait fixé un autre
type d'attentes. Mais dans tous les cas, ce poème
reste linéaire, simple dans sa trajectoire.
Il ne me remet pas en cause, ne me transporte pas,
n'exige rien de moi.
A titre de comparaison, le dernier poème, lui, est
un « Haïcube » et je l'apprécie.
« Il est parti »
Reflet du lac -
Quelques ricochets
Les rides du ciel.
Nuit de juin
Tout s’est arrêté
Sauf la lumière de la lune.
Que le temps parait long
Quand pour un proche
La vie fut trop courte.
Première strophe
: « Reflet du lac - quelques ricochets, les rides
du ciel ». Ce n'est même pas une phrase. Et
les sauts de ligne sont impératifs. Chaque ligne
apporte alors un élément essentiel sans lequel
aucune des trois ne fait sens. Le lac et
ses reflets dressent le décor, les ricochets sont
l'action qui s'y déroule, et les rides du ciel
sont l'image qui lient les deux et donne la clef
du sens caché : le narrateur ne regarde pas
le lac, mais le ciel à travers lui. Ce qui
explique pourquoi on parle du lac et des reflets.
On a besoin de mentionner les ricochets car
ils font les rides, on a besoin des rides car
ce sont elles qui font apparaître la surface
du lac, sans laquelle on ne verrait que le ciel.
Le lac est non seulement juxtaposé au ciel, mais
c'est aussi l'effet du narrateur (probablement)
qui a généré ces ricochets. C'est la différence
avec des vagues par exemple, qui feraient aussi
apparaître la surface du lac mais pas comme
le résultat d'une action humaine. Il n'y a rien
à ajouter, rien à enlever. De même, les trois
strophes se complètent. La seconde strophe
arrive en contraste avec la première, sans lien
de sens évident - c'est une énigme dont
j'attends la résolution. La troisième strophe
apporte l'explication qui permet de faire faire
sens aux deux premières, et qui les éclaire
rétrospectivement d'un sens nouveau. On a envie
de relire le poème maintenant que l'on connaît
la chute. Il n'est pas linéaire, il rebondit et
me demande d'être actif dans mon interprétation.
Il me procure ce plaisir et le plaisir d'une
belle facture dans l'économie des mots,
d'une qualité de fabrication qui laisse
son processus mystérieux. Par où as-tu commencé
à l'écrire ? Difficile à dire, car chaque partie
semble dépendre des autres pour exister.
Le poème fait un tout satisfaisant.
Il existe un exercice de style qui consiste
à raconter une histoire en une ligne. Le jeu est
un peu différent du haïku, car il est moins
mystérieux, mais l'effet de l'économie des mots
y est plus visible. Il est plus facile
d'y apprécier les trouvailles des auteurs
qui ont réussi à loger de grandes choses dans
très peu de mots. J'en vois passer parfois
sur Twitter, généralement en anglais.
Je t'en traduis quelques unes pour ton plaisir
et pour illustrer mon propos.
« Ramener des roses à la maison, les clefs
ne rentraient pas.»
« Il fit glisser son alliance de son doigt
vers sa poche et sortit dans le froid. »
« Faux numéro, dit une voix familière. »
« Il était le dernier à partir alors il éteignit
les lumières, jeta un dernier regard en arrière
et dit adieu la Terre. »
« Je me suis présenté de nouveau à ma mère
aujourd'hui. »
« Les petits cercueils pèsent le plus lourd. »
En espérant t’avoir aidé.
Mathieu.
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