Éternels Éclairs

Bienvenue à qui aime la Poésie

« Il faut être voyant, se faire voyant. Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ; il les cherche en lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous : le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant ! Car il arrive à l'inconnu ! Puisqu'il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu'aucun ! Il arrive à l'inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu'il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innommables : viendront d'autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l'autre s'est affaissé ! »

— Arthur Rimbaud,
Extrait de la Lettre du voyant


Lettre aux lecteurs



Pour la plupart des poètes, la poésie n’est pas une manière d’écrire, c’est une façon de vivre qui se traduit par l’écriture. Souvent, le recours à la violence est un manque de vocabulaire. Aussi les poètes prônent une Terre happy en urgence. C’est pour cela qu’ils n’agissent pas comme des requins, ne sifflent pas conseil comme des serpents et ne font pas de la froideur une qualité. Ils soulagent la masse des problèmes en enlevant la gravité pour que le poids à supporter soit nul. Quand les enfants jouent à cache-cache, que les adultes se cachent en eux même, ils essayent de se trouver. Ils brillent comme le soleil, sans être jaloux des étoiles, qui éclairent les heures sombres. Tout ce qu’ils veulent, une vie simple, pleine d’écriture, des soirs d’amour pour se réveiller heureux le matin, dans un monde apaisé, vivre doucement en respirant le bonheur.

L’existence est éphémère, elle a beaucoup à dire, alors ils parlent peu. Ils préfèrent vivre en poésie, être simple, plaisant, donner sens. Ils savent que certains jours sont gris ou bleus, d’autres noirs et pluvieux mais que tous sont précieux. Ils cherchent à résoudre l’un des plus grands problèmes de ce monde : l’équation des mots. Ils enfilent les vêtements de l’âme pour voyager vers des silences, découvrir les secrets des ombres à la lumière des temps.

D’après eux, il est des lumières difficiles à voir dans les heures sombres. Alors il s’agit de ne pas perdre espoir. Des moments meilleurs pour qui sait y croire. Ils ont faim de vivre et se délectent de la beauté du ciel. Ils lèchent des yeux des nuages de miel jusqu’à l’extase. Ils prennent leur temps pour accomplir beaucoup et célébrer la vie. Ils leur arrivent d’éprouver des nuits courtes dans l’ivresse d’écrire. Ils utilisent la plume pour que leurs idées prennent leur envol. Ils comprennent qu’il faut défier la norme pour faire la différence. Que par des images, la poésie dessine son tableau. Que les mots sont comme une musique faisant résonner le silence. Que c’est un art de vivre. Ils veulent inspirer la paix, expirer la joie, respirer le bonheur. Faire le voyage du parfum des couleurs. Se sentir bien en devenant l’artiste du tableau de leur vie. Ils s’ouvrent à l’infini, à l’intérieur d’eux-mêmes, sans craindre de résoudre leurs propres énigmes.

Quand certains mots font couler les larmes, brisent les cœurs, détruisent l’humain, ils veulent donner le sourire, chanter l’amour, construire l’avenir. Leurs vers sont une sorcellerie évocatrice, « source inépuisable de suggestions qui creuse le ciel. »

Un poème est une porte dont le lecteur détient la clef.

Quand la poésie ouvre le chemin, elle se fait compagnon de route, et tu comprends que le chant de la marée, la mer n’a pas besoin de le définir.

Dans le monde de l’écriture, une seule lettre peut tout changer. Les poètes sont pour l’amour au pouvoir, non pour l’amour du pouvoir. Ils espèrent entraîner le lecteur avec eux. Ce dernier doit aussi ouvrir une porte sur un monde à l’air pur qui oxygène l’esprit. « S’enrichir sans voler personne. » Il détient la clef des évasions. Ses yeux entendent les paroles de manière intelligente. Les doigts qui tournent les pages permettent le voyage, et ce voyage peut changer une vie. L’horizon s’élargit. Lire c’est se construire une pensée avec un peu d’aide, et lire de la poésie, un rêve éveillé qui libère l’imagination.

A toi qui parcourras ce site, maintenant, tu es prévenu, tu sais ce qui t’attend.

— Stéphen Moysan,
Première parution pour la Préface du recueil de poèmes 2024 des poètes de l'amitié
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