Éternels Éclairs

Cendres d'âme
Stéphen Moysan

Denis Kujundzic, Dedication Pollock, 1996

Oeuvre compilée le 7-8 et 9 novembre 2024

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I. Lettre aux lecteurs



Pour la plupart des poètes, la poésie n’est pas une manière d’écrire, c’est une façon de vivre qui se traduit par l’écriture. Souvent, le recours à la violence est un manque de vocabulaire. Aussi les poètes prônent une Terre happy en urgence. C’est pour cela qu’ils n’agissent pas comme des requins, ne sifflent pas conseil comme des serpents et ne font pas de la froideur une qualité. Ils soulagent la masse des problèmes en enlevant la gravité pour que le poids à supporter soit nul. Quand les enfants jouent à cache-cache, que les adultes se cachent en eux même, ils essayent de se trouver. Ils brillent comme le soleil, sans être jaloux des étoiles, qui éclairent les heures sombres. Tout ce qu’ils veulent, une vie simple, pleine d’écriture, des soirs d’amour pour se réveiller heureux le matin, dans un monde apaisé, vivre doucement en respirant le bonheur.

L’existence est éphémère, elle a beaucoup à dire, alors ils parlent peu. Ils préfèrent vivre en poésie, être simple, plaisant, donner sens. Ils savent que certains jours sont gris ou bleus, d’autres noirs et pluvieux mais que tous sont précieux. Ils cherchent à résoudre l’un des plus grands problèmes de ce monde : l’équation des mots. Ils enfilent les vêtements de l’âme pour voyager vers des silences, découvrir les secrets des ombres à la lumière des temps.

D’après eux, il est des lumières difficiles à voir dans les heures sombres. Alors il s’agit de ne pas perdre espoir. Des moments meilleurs pour qui sait y croire. Ils ont faim de vivre et se délectent de la beauté du ciel. Ils lèchent des yeux des nuages de miel jusqu’à l’extase. Ils prennent leur temps pour accomplir beaucoup et célébrer la vie. Ils leur arrivent d’éprouver des nuits courtes dans l’ivresse d’écrire. Ils utilisent la plume pour que leurs idées prennent leur envol. Ils comprennent qu’il faut défier la norme pour faire la différence. Que par des images, la poésie dessine son tableau. Que les mots sont comme une musique faisant résonner le silence. Que c’est un art de vivre. Ils veulent inspirer la paix, expirer la joie, respirer le bonheur. Faire le voyage du parfum des couleurs. Se sentir bien en devenant l’artiste du tableau de leur vie. Ils s’ouvrent à l’infini, à l’intérieur d’eux-mêmes, sans craindre de résoudre leurs propres énigmes.

Quand certains mots font couler les larmes, brisent les cœurs, détruisent l’humain, ils veulent donner le sourire, chanter l’amour, construire l’avenir. Leurs vers sont une sorcellerie évocatrice, « source inépuisable de suggestions qui creuse le ciel. »

Un poème est une porte dont le lecteur détient la clef.

Quand la poésie ouvre le chemin, elle se fait compagnon de route, et tu comprends que le chant de la marée, la mer n’a pas besoin de le définir.

Dans le monde de l’écriture, une seule lettre peut tout changer. Les poètes sont pour l’amour au pouvoir, non pour l’amour du pouvoir. Ils espèrent entraîner le lecteur avec eux. Ce dernier doit aussi ouvrir une porte sur un monde à l’air pur qui oxygène l’esprit. « S’enrichir sans voler personne. » Il détient la clef des évasions. Ses yeux entendent les paroles de manière intelligente. Les doigts qui tournent les pages permettent le voyage, et ce voyage peut changer une vie. L’horizon s’élargit. Lire c’est se construire une pensée avec un peu d’aide, et lire de la poésie, un rêve éveillé qui libère l’imagination.

A toi qui parcourras ce recueil, maintenant, tu es prévenu, tu sais ce qui t’attend.

— Stéphen Moysan,
Première parution pour la Préface du recueil de poèmes 2024 des poètes de l'amitié


II. Ballade d’Eté



Chaleur du matin, il a mis le feu aux nuages. À trop le regarder on plonge dans l’obscurité, à lui tourner le dos, on fait face à son ombre, il est pourtant sans côté sombre le soleil. Il brille. Dans chaque vague un peu de sable du temps qui s’écoule. Et pour moi, longue marche sans que le ciel ne bouge. Aller pieds nus sur les rochers un danger agréable. Au bord de l’eau poussent des fleurs sur les maillots de bain. Les femmes sont belles mais nos coutumes sont immondes. Fatigués du métro ils s’entassent sur la plage, le chant des sirènes n’attire que des naufragés, une foule allongée en code barre le prix des vacances.

Je m’éloigne - vers un coin de nature isolée. Partir se recueillir loin des hommes trouver la paix. Ni espoir, ni regret - Approcher la plénitude en restant là, présent. Après l’avoir écoutée la leçon du silence ne rien dire. Faire le vide en soi - Puis laisser le bien-être envahir notre esprit. Plus d’envie d’ailleurs, plus de passé ou futur, - Ici et maintenant ! Profiter de l’instant pendant des heures le temps du bonheur. Méditation – c’est sûr : le silence en parle mieux que les livres. Pour trouver la paix sur Terre, la chercher en soi-même. Partout ailleurs elle ne dépend pas que de nous. Alors s’armer de patience pour finir conquis par la paix intérieure. Au chant des oiseaux s’entrainer au paradis à contempler des fleurs. Elle fait fi des soucis la sagesse de l’esprit d’être fou de bonheur.

Peu importe la masse des problèmes si on leur enlève la gravité le poids à supporter est nul. Paix et Amour sur Terre, besoin de rien d’autre. Ma vie est comme l’eau, elle ruisselle dans le temps, ma vie est bleue profondeur d’océan. Ma vie suit son chemin plein d’obstacles et d’entraves, sur le fleuve de ma vie je cherche un ciel sans nuage. J’enfile les vêtements de l’âme pour voyager vers des silences découvrir le secret des ombres à la lumière des temps. J’ai appris à lire au-delà du regard et à empiler les formes des nuages, pièces blanches d’un puzzle céleste, des bouts d’éternité ont été abandonnés là.

Plus loin, le long du quai - mer d’huile - monochrome bleu. S’aider soi-même en aidant son prochain une belle pensée. Blanc, comme une pêche, au zénith, le soleil resplendit, les couleurs chantent au cœur et les pensées sont sans ombre. Nourris tes yeux d’émerveillement, ton cœur d’amour, ton esprit de sagesse, avec un brin de folie, apprécie le miraculeux dans le banal, et venge tes peines par des bienfaits. Voilà ce que je veux écrire. Des vers courts que la poésie prolonge. Être heureux est le rêve d’un homme éveillé. Quand tout a été dit ne plus rien dire pour accéder à la poésie par la voix du silence. S’ouvrir à l’infini à l’intérieur de soi-même. Ne plus craindre de résoudre sa propre énigme. Puisqu’il est l’âme des choses quoi de plus complet que le silence et ses révélations qui font chanter l’ineffable beauté des vérités cachées.

Précieux est le travail sur soi sans attendre d’être payé en retour, sois fidèle aux promesses du monde plus qu’à celles des hommes. Au cœur du monde, il y a la gravité et la pesanteur de l’instant ; l’air, la mer et la terre, qui nous font cadeau d’un présent. Cet air de rien, cette mère de tout, la Terre planète qui fait tourner le temps, et ces désirs d’échanges profonds dans des silences qui nous ressemblent.

Oui Ami, à force de trop écrire, j’ai les mots qui s’usent, pourtant j’ai tant de pensées que le silence emporte. Souvent je m’exprime mal dans le verbiage de mes défauts, mais toujours avec mon cœur je cherche à t’atteindre.


III. Saison des Amours



C’est la saison des amours, le soleil rit aux éclats, il se couche sur la mer et on entend jouir la plage. Et dans le bleu taché de feu de la marée des eaux mystiques, des grains de sable s’écoule le temps.

Mon amour, je ne t’offrirai pas de fleurs, pas de sentiments qui s’ouvrent et se fanent. Non, pour nous, aucune épine au cœur, plutôt de la complicité et de la tendresse. Je t’aime sans déraison, une grande passion finit par un grand abandon, mais je t’aime à ma façon : si haut, que s’en arrête la course des nuages.

J’ai tant de chance, bonheur sublime, je n’ai rien promis et tu donnes tout. Plutôt le bonheur, plus tôt que plus tard, ceux qui s’aiment sèment les jours heureux. Si les yeux regardent, l’essentiel se voit avec le cœur, car c’est avec amour que se perçoit la vraie beauté des choses.

Oui, seigneur, si tu es tout là-haut au ciel, il y a sur Terre cette femme qui plus que toi me manquerait. Mon Dieu, pour Elle, je veux bien perdre le Paradis, si tu me maintiens dans le royaume de son cœur. Car dans son cœur brisé j’ai pu m’introduire, par chance d’avoir souffert aussi. Quand mes lèvres se posent sur les siennes, j’embrasse l’avenir. Elle est d’une beauté qui rend unique tout d’ici, et nous ne sommes plus que deux sourires partagés. Moi je l’aime comme l’air du ciel aime le vent, la pluie ou le beau temps. L’amour est le joyau des cœurs et le sien ne se vend pas, nul ne peut payer avec un salaire obscur l’inestimable bien. Chaque jour, chaque nuit elle est ma lumière, elle est mon essence ciel, je roule pour elle vers l’au-delà. Son regard, son sourire, ses mains, les meilleurs moments de ma vie, un monde s’élève en elle mon amour, mon paradis.

J’aspire à être le soleil de sa vie car elle est toutes les étoiles de mon ciel. Elle a le bon goût de vivre en donnant faim d’amour, entre nous impossible de se faire la guerre, au toucher des yeux sa peau nue est drapeau blanc. De chaque expérience difficile, elle a tiré une leçon, les flammes de son cœur sont une bénédiction et cette vision illumine mon chemin. Quelle est douce sa chaleur qui fait feu de tout bois et m’alimente d’une énergie trop brulante pour le papier.

Ses cheveux sont une couronne d’honneur, ses yeux, les étoiles de mes jours, ses lèvres, des violons pour mon cœur, ses seins, deux coussins pour mes peines, son ventre, la vallée de mes désirs, son sexe, la rivière de ma jouissance, ses jambes ouvrent un chemin vers la liberté, son corps est le temple de mon bonheur.

À peine séparés, chacun ses obligations, elle me manque déjà. Pour moi, à l’évidence, elle déplace le centre du monde quand elle s’éloigne. L’amour toujours le plus court chemin pour la rejoindre.

Elle est l’être que je tiens pour nécessaire. Elle a l’espoir contagieux comme un éclat de rire, en sa compagnie, des lendemains qui n’offrent pas de regrets. Elle est mon indispensable, elle m’a fait croire en elle, elle m’a fait croire en moi qui ne croyais plus en rien.


IV. Nuit



Les heures filent. Quand la nuit tombe, les étoiles dans le ciel se posent en douceur. Tant de critiques, si peu de vérité, la parole d’un homme. Le chant des vagues, au bord de mer, j’apprends à me taire. Ce soir, elles s’offrent en bouquets comme des fleurs du cosmos les étoiles filantes. Au rythme du vent, les feuilles des arbres applaudissent.

Chemin de nuit que nul n’emprunte sauf les ombres. Le long de la plage, clôture barbelée, du sable s’est évadé. Comme un reflet dans les yeux du pêcheur la couleur de la mer, en cette fin de soirée, il a offert à son fils le meilleur anniversaire. Heureux de l’avoir attrapée dans son seau d’eau l’enfant repart avec la lune.

Un peu plus loin, un matelas dans la rue, l’ignorance des passants, trop peu pour vivre. Le vieux sans abri - Même un épouvantail est mieux habillé. Alors comment fait-il celui qui est sans-dent pour continuer à sourire ?

Mieux vaut plutôt que vouloir avoir raison reconnaître ses torts. Mieux vaut plutôt que d’avoir tort pouvoir entendre raison. Et mieux vaut que la raison n’ait pas tort et que faire tort n’ait pas raison. Je suis face à l’évidence : Difficile de s’élever en gardant les pieds sur Terre.

Le ciel chemine depuis bien plus longtemps que les hommes, c’est, je l’imagine, sans doute pour cela qu’il se tait. Les jours passent - Dans l’impermanence des choses seul l’écoulement du temps perdure. Les questions sans réponse ! Savoir les accepter, c’est le savoir qu’elles enseignent.

Agir de son mieux vouloir améliorer les choses quand rien ne change. Ne pas perdre espoir des moments meilleurs pour qui sait y croire. Il est des lumières même difficiles à voir dans les heures sombres. Ils font briller les mots, comme la nuit les étoiles, les moments Poésie.

Le vent est léger, tard le soir, la danse des ombres. En regardant le ciel je ne sais plus pourquoi j’étais en colère. Nuit des étoiles filantes - moi aussi, sur Terre, je ne suis que de passage.

Pour assouvir ma soif d’un ciel étoilé une lune laiteuse. On dirait que dehors la lune ne fait pas de quartier. Je me demande comment lâcher prise en tenant bon. Et puis je comprends qu’il faut défier la norme pour faire la différence.

Marche méditative ne plus suivre le chemin de ses pensées. Qui additionne les problèmes se soustrait à la simplicité. Festival d’été - Avec la musique du vent la danse des lucioles. Ombres du soir mes peurs plus visibles. Vers l’horizon il chevauche le vent le nuage d’été.

Enfin, arrivé chez moi. Nuit d’encre ! S’endormir en silence pour que rêve s’écrive. Lâcher-prise, évidemment nul ne peut tout maitriser dans ce monde d’illusions. Et cheminer vers l’éveil par un voyage intérieur plein de vérités cachées.


V. Automne



Vent d’octobre - Ma peur de tomber comme une feuille. Quand chutent les secondes avec le passé pour cible aucune heure qui vaille. Les vendeurs de marrons grillés apportent la nouvelle en ville : L’automne est arrivé. Bientôt, la venue de la pluie - mes envies d’ailleurs. Quand le vent tire le rideau des nuages, les herbes se couchent. Alors, en s’envolant elles montent au ciel les feuilles qui ont perdu la vie.

Sortie du travail - Retrouver le ciel gris des pots d'échappement. Regarder par terre, dans l’ombre du banquier un cœur de pierre. Tempête sur la bourse - Les riches se réfugient sous le plafond de la dette. Sur le trottoir, les sans-abris, notre médiocrité. Premières aumônes, une seule pièce, mon impuissance. Troisième demande, aucune réponse, ma petitesse.

Manque de sommeil après une courte nuit - Café allongé. Oublier les beaux jours et la chaleur de l ’été - Pluie d’automne. J’en ai déjà le double - Mes vingt ans il me semble que c’était hier. La pluie a le gout des nuages. Mort de faim de vivre jusqu’à l’ivresse j’ai soif d’autre chose. Donnez-moi à boire ce qui réchauffe le cœur : des mots d’amour.

Les semaines passent. En cette saison pluvieuse, les jours raccourcissent, mon bien-être aussi. Orageux problèmes mais derrière tout nuage il y a un ciel bleu. Moment perdu, ne pensant à rien, infinie solitude.

Alors que pour rire des enfants jouent à la guerre, ciel de Toussaint les nuages pleurent les morts. Au cimetière l’envol d’un corbeau accompagne les prières. Au bistro d’à côté pas besoin de camouflage pour la rendre invisible la vétérante sans abri. Verre vide - Boire c’est pour elle porter du rouge aux lèvres. Si la valeur argent a été créée par l’homme, n’est-il pas vrai de penser que la pauvreté aussi. La pauvreté est l’une des pires formes de violence, ne demandez pas charité, réclamez justice.

Ciel noir de rage - Et trop plein de violence le vent claque la porte. Alors frappe un éclair et coup de tonnerre plus rien à l’horizon. Aussi sombre est l’avenir pour ceux qui vivent sous les nuages de la colère.

Des mots tristes. Dans mon cœur ou par la fenêtre la même obscurité. L’existence est éphémère, elle a beaucoup à dire alors je parle peu. J’ai de sombres pensées, il y a très peu de clarté, en moi, une grande folie. Mes rêves s’inscrivent dans les couleurs de la nuit, noirs et plus noirs encore. Dans le silence des mots secrets se créent des maux. Elles restent cachées avec mes prières mes bonnes intentions. Tout ce que je sais, je dois m’en détacher, chemin de vérité.

Nous sommes le vent, la voix des évidences dans la tragédie des cieux. Nous sommes la pluie et le regard du temps qui pleure le soleil disparu. Nous sommes l’orage quand gronde notre colère face à l’état du monde. Tout brûle, hier est en cendres, demain est en ruines, nous jouons avec le feu. C’est le grand incendie, qui enflamme nos vies, et la poussière retourne à la poussière.


VI. L’Etat du monde



La Terre est belle comme un enfer qui tourne en rond pour marcher droit. Et dans ce monde où la pesanteur fait loi, la chute est douloureuse, tout tombe à plat. Emportée par les courants de la modernité, entre les vagues de pensées : la dérive de la raison. Je ne veux plus payer ma dette au pays qui ne cesse de réclamer le prix de ma naissance. Œil pour œil et dent pour dent laisse tout le monde aveugle et crevant de faim. Ne ferme pas les yeux sur la générosité elle te permet de voir plus loin.

Il m’est arrivé de crier et même de pleurer, de vouloir changer le monde, de me heurter à l’impossible. Un peu trop souvent on me dit pessimiste, mais c’est faux, je me crois mortel. Quand le temps n’est qu’une mesure et que l’espace est sans mesure il nous faut aller plus loin voir un horizon qui ne soit pas celui de nos ancêtres. Sinon l’avenir se dérobe et il reste telle une promesse hors d’atteinte ce monde meilleur qui nous enfonce dans un cauchemar sans fin.

Dehors, les nuages se mettent à pleurer car ils ont beau être dans le vent tous espèrent qu’il va tourner. C’est le problème de la vie, les ennuis se multiplient et les calculs des hommes créent des divisions. A l’addition des difficultés mieux vaut se soustraire. Aussi plutôt que de dériver préférez intégrer l’équation.

Plus obscur que la nuit sans lune et sans étoile qui possède un matin le cœur des hommes sans aube. Mon désespoir grandit dans cette vie tant de choses à changer si peu en notre pouvoir. Être un homme dans l’air du temps m’a toujours paru être bien hideux. Ma poésie a chanté en vain - Il ne viendra pas le temps de la justice, de la lumière, de la dignité de tous les hommes. Si le monde brule et que l’on pleure, nos larmes éteindront-elles le feu ?

Je m’intéresse à toutes révoltes qui sont les chemins vers la liberté, et si je me cache derrière la poésie, c’est pour mieux me dévoiler. Ça devient une habitude, dans mon pays, le fascisme, sur les chemins du pire, apporte la crainte et les désastres. Pris dans les flots des batailles nocturnes, il revient nous donner l’aube en sang, et sous ce ciel sans astres, « l’âme neuve de notre antique démence ».

Je veux cesser de me nourrir des miettes, de leurs consciences qui éternisent la faim, de boire les paroles de leurs démences qui dispensent de la haine à nos détresses. Je ne suis pas un homme parfait, et j’ai peur de mes défauts, mais je suis prêt à bruler de l’amour pour que son feu dans la nuit dure et efface nos pensées sombres avec clarté.

Ma vie est comme un voyage amer sur la mer des mots qui font des vagues et les courants de ce siècle éphémère ont sur moi l’effet des flots de la mélancolie.

Mettant le feu aux poudres quand partent en fumée siècles et secondes, pour quel but, pour quelle heure ultime, tourne la roue du temps ? Les hommes sont des navigateurs sans boussoles qui traversent des zones de turbulences. Parti en chemin vers l’après, en route vers l’horizon, n’arriveront-ils jamais à destination ?

Bien sûr si ça continue, faudra que ça cesse, mais certains n’ont toujours pas compris qu’il n’y a pas de bonheur dans la haine.


VII. L'Hiver de trop



Durant ce siècle de mensonges, de la destruction de la nature, de l’accroissement des inégalités, quand le pire peut arriver, avec l’ambition de la jeunesse je rêvais de changer le monde. Était-il vraiment plus sage d’arriver à le supporter ?

Paris, fierté de la nation, un million d’appartements, trop peu pour les pauvres. Les temps sont tristes - dans le gobelet du mendiant plus de pluie que de pièces. Malheureusement en hiver nous manquons de chaleur, même les cœurs sont froids.

Trop d’ordre, trop de sécurité, société en vrac. Même en plein hiver, la France est si belle qu’on y dort dans la rue. Souvent hélas, ne pas vivre ensemble, c’est mourir seul.

A trop douter que le monde est une belle vérité, à trop maudire d’avoir été trompé, avec le temps, les espoirs se brisent. Mais même si les rêves ne seront jamais réalité, il faut toujours aimer pour vivre jusqu’à ce que le cœur s’épuise. Alors Science, apporte-nous ton aide ! Invente-nous une balance pour le poids de la souffrance qui nous plombe par gravité. Et puis aussi un thermomètre pour les degrés de la colère qui fait monter en température le climat de la société.

Je ne suis pas celui que j’aimerais être : Un homme qui change le monde pour le rendre meilleur. Ce qu’il y a de mer dans un esprit flottant, ce qu’il y a de ciel dans un nuage de pensées. J’ai pris nombre de coups : De poings, de pieds, de têtes, des coups de Trafalgar, et j’ai rendu coup pour coup. J’ai tenté mon coup plus d’une fois pour des coups de cœur et des coups de foudre, mais la vie a ses coups bas, jusqu’au coup de grâce, tout à un coût, je ne tiens plus le coup.

Désirant un monde meilleur les prières qui montent jusqu’à Dieu ne sont pas entendus par les oreilles des hommes. Mais les plus riches, avides de gouverner le monde, mettent la bêtise en promotion pour que les pauvres l’achètent.

Riches et célèbres ils ont tout mais ne se possèdent plus. Pauvres et inconnus ils n’ont rien qu’eux-mêmes pour survivre. Tant de gens misérables, d’inégalités insupportables, société impitoyable !

Dans les cycles des siècles qui s’intéresse à l’histoire peut craindre l’avenir. À fuir le malheur on peut faire le tour du monde. À mettre nos crimes bout à bout on mesure les ténèbres. Même à reculons ceux qui vivent avancent vers la mort.

Usée, mon âme ancienne - Ma vie est un papier froissé d’avoir été trop mal écrite. Puisque vivre ne changera rien, adieu donc, que le poète meurt en paix.

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