Poésie et poèmes sur la pluie et la neige

Avril
Déjà les beaux jours, – la poussière, Un ciel d’azur et de lumière, Les murs enflammés, les longs soirs ; – Et rien de vert : – à peine encore Un reflet rougeâtre décore Les grands arbres aux rameaux noirs ! Ce beau temps me pèse et m’ennuie. – Ce n’est qu’après des jours de pluie Que doit surgir, en un tableau, Le printemps verdissant et rose, Comme une nymphe fraîche éclose Qui, souriante, sort de l’eau.
Odelettes
Dans l’interminable…
Dans l’interminable Ennui de la plaine, La neige incertaine Luit comme du sable. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune, On croirait voir vivre Et mourir la lune. Comme des nuées Flottent gris les chênes Des forêts prochaines Parmi les buées. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune. On croirait voir vivre Et mourir la lune. Corneille poussive Et vous, les loups maigres, Par ces bises aigres Quoi donc vous arrive ? Dans l’interminable Ennui de la plaine La neige incertaine Luit comme du sable.
Romances sans paroles
En hiver
Le sol trempé se gerce aux froidures premières, La neige blanche essaime au loin ses duvets blancs, Et met, au bord des toits et des chaumes branlants, Des coussinets de laine irisés de lumières. Passent dans les champs nus les plaintes coutumières, À travers le désert des silences dolents, Où de grands corbeaux lourds abattent leurs vols lents Et s’en viennent de faim rôder près des chaumières. Mais depuis que le ciel de gris s’était couvert, Dans la ferme riait une gaieté d’hiver, On s’assemblait en rond autour du foyer rouge, Et l’amour s’éveillait, le soir, de gars à gouge, Au bouillonnement gras et siffleur, du brassin Qui grouillait, comme un ventre, en son chaudron d’airain.
NC
Fantaisies d’hiver
I Le nez rouge, la face blême, Sur un pupitre de glaçons, L’Hiver exécute son thème Dans le quatuor des saisons. Il chante d’une voix peu sûre Des airs vieillots et chevrotants ; Son pied glacé bat la mesure Et la semelle en même temps ; Et comme Haendel, dont la perruque Perdait sa farine en tremblant, Il fait envoler de sa nuque La neige qui la poudre à blanc. II Dans le bassin des Tuileries, Le cygne s’est pris en nageant, Et les arbres, comme aux féeries, Sont en filigrane d’argent. Les vases ont des fleurs de givre, Sous la charmille aux blancs réseaux ; Et sur la neige on voit se suivre Les pas étoilés des oiseaux. Au piédestal où, court-vêtue, Vénus coudoyait Phocion, L’Hiver a posé pour statue La Frileuse de Clodion. III Les femmes passent sous les arbres En martre, hermine et menu-vair, Et les déesses, frileux marbres, Ont pris aussi l’habit d’hiver. La Vénus Anadyomène Est en pelisse à capuchon ; Flore, que la brise malmène, Plonge ses mains dans son manchon. Et pour la saison, les bergères De Coysevox et de Coustou, Trouvant leurs écharpes légères, Ont des boas autour du cou. IV Sur la mode Parisienne Le Nord pose ses manteaux lourds, Comme sur une Athénienne Un Scythe étendrait sa peau d’ours. Partout se mélange aux parures Dont Palmyre habille l’Hiver, Le faste russe des fourrures Que parfume le vétyver. Et le Plaisir rit dans l’alcôve Quand, au milieu des Amours nus, Des poils roux d’une bête fauve Sort le torse blanc de Vénus. V Sous le voile qui vous protège, Défiant les regards jaloux, Si vous sortez par cette neige, Redoutez vos pieds andalous ; La neige saisit comme un moule L’empreinte de ce pied mignon Qui, sur le tapis blanc qu’il foule, Signe, à chaque pas, votre nom. Ainsi guidé, l’époux morose Peut parvenir au nid caché Où, de froid la joue encor rose, À l’Amour s’enlace Psyché.
Émaux et camées
Il a neigé
Il a neigé dans l'aube rose Si doucement neigé, Que le chaton croit rêver. C'est à peine s'il ose Marcher. Il a neigé dans l'aube rose Si doucement neigé, Que les choses Semblent avoir changé. Et le chaton noir n'ose S'aventurer dans le verger, Se sentant soudain étranger À cette blancheur où se posent, Comme pour le narguer, Des moineaux effrontés.
NC
Il pleure dans mon cœur
Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un cœur qui s’ennuie, Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce cœur qui s’écœure. Quoi ! nulle trahison ?… Ce deuil est sans raison. C’est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon cœur a tant de peine !
Romances sans paroles
J’étais ce jour de pluie
La paille était bien belle et jaune comme l’été au-dessus, une pelle qui n’avait pas creusé J’étais toute à l’abri sous ce toit de campagne et regardais la pluie tomber du ciel d’Espagne Allongée sur ce banc de bois, terre de Sienne je m’en allais rêvant j’étais une italienne Mes cheveux étaient noir mon corps pur comme l’eau mes pieds posés sur l’or et mes yeux un ruisseau J’étais ce jour de pluie comme je ne serai jamais plus
NC
La goutte de pluie
Je cherche une goutte de pluie Qui vient de tomber dans la mer. Dans sa rapide verticale Elle luisait plus que les autres Car seule entre les autres gouttes Elle eut la force de comprendre Que, très douce dans l’eau salée, Elle allait se perdre à jamais. Alors je cherche dans la mer Et sur les vagues, alertées, Je cherche pour faire plaisir A ce fragile souvenir Dont je suis seul dépositaire. Mais j’ai beau faire, il est des choses Où Dieu même ne peut plus rien Malgré sa bonne volonté Et l’assistance sans paroles Du ciel, des vagues et de l’air.
La Fable du monde
La Neige
La neige tombe, indiscontinûment, Comme une lente et longue et pauvre laine, Parmi la morne et longue et pauvre plaine, Froide d’amour, chaude de haine. La neige tombe, infiniment, Comme un moment – Monotone – dans un moment ; La neige choit, la neige tombe, Monotone, sur les maisons Et les granges et leurs cloisons ; La neige tombe et tombe Myriadaire, au cimetière, au creux des tombes. Le tablier des mauvaises saisons, Violemment, là-haut, est dénoué ; Le tablier des maux est secoué A coups de vent, sur les hameaux des horizons. Le gel descend, au fond des os, Et la misère, au fond des clos, La neige et la misère, au fond des âmes ; La neige lourde et diaphane, Au fond des âtres froids et des âmes sans flamme, Qui se fanent, dans les cabanes. Aux carrefours des chemins tors, Les villages sont seuls, comme la mort ; Les grands arbres, cristallisés de gel, Au long de leur cortège par la neige, Entrecroisent leurs branchages de sel. Les vieux moulins, où la mousse blanche s’agrège, Apparaissent, comme des pièges, Tout à coup droits, sur une butte ; En bas, les toits et les auvents Dans la bourrasque, à contre vent, Depuis Novembre, luttent ; Tandis qu’infiniment la neige lourde et pleine Choit, par la morne et longue et pauvre plaine. Ainsi s’en va la neige au loin, En chaque sente, en chaque coin, Toujours la neige et son suaire, La neige pâle et inféconde, En folles loques vagabondes, Par à travers l’hiver illimité monde.
NC
La Neige
Regardez la neige qui danse Derrière le carreau fermé. Qui là-haut peut bien s’amuser À déchirer le ciel immense En petits morceaux de papier ?
L'Écharpe d'Iris
Pluie
Il pleut. J’entends le bruit égal des eaux ; Le feuillage, humble et que nul vent ne berce, Se penche et brille en pleurant sous l’averse ; Le deuil de l’air afflige les oiseaux. La bourbe monte et trouble la fontaine, Et le sentier montre à nu ses cailloux. Le sable fume, embaume et devient roux ; L’onde à grands flots le sillonne et l’entraîne. Tout l’horizon n’est qu’un blême rideau ; La vitre tinte et ruisselle de gouttes ; Sur le pavé sonore et bleu des routes Il saute et luit des étincelles d’eau. Le long d’un mur, un chien morne à leur piste, Trottent, mouillés, de grands bœufs en retard ; La terre est boue et le ciel est brouillard ; L’homme s’ennuie : oh ! que la pluie est triste !
Stances et poèmes
S’il vous plait
Ciel d’automne - La pluie a Le gout des nuages. Mort de faim de vivre Jusqu’à l’ivresse J’ai soif d’autre chose. Donnez-moi à boire Ce qui réchauffe le cœur : Des mots d’amour.
En route vers l'horizon