Biographie d'Arthur Rimbaud (1854-1891)
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Arthur Rimbaud - Le résumé de sa vie
Arthur Rimbaud est né à Charleville en 1854, sous le signe du mouvement, de la fugue, et du revirement. Dès le plus jeune âge, il s'illustre par ses succès scolaires. Son professeur de quatrième, M. Perette, pressent pourtant déjà toute sa complexité : "Il finira mal. En tout cas, rien de banal ne germera dans sa tête : ce sera le génie du bien ou du mal". A 16 ans, Rimbaud commet sa première fugue. L'année suivante, en 1871, lors d'une nouvelle escapade, il fait la connaissance à Paris de Paul Verlaine à qui il avait envoyé ses poèmes. Ce dernier, de dix ans son aîné, lui avait alors adressé l'invitation suivante : "Venez, chère grande âme, on vous appelle, on vous attend". Aussitôt Rimbaud accourt, avec, pour tout bagage, quelques poèmes. En octobre 1871, lors du premier dîner des parnassiens, auquel il est convié, il fait la lecture de son Bateau ivre. Le "nourrisson des muses" fascine, enchante et soulève l'enthousiasme de la communauté des poètes parisiens. Pourtant en quelques mois, le jeune poète passe de mode, et devient même la bête noire des artistes de Saint-Germain des Près, lassés de son orgueil, de son mépris et de son insolence. Puis à l'âge de vingt ans, Rimbaud, qui a publié deux ans auparavant Une saison en enfer, dit "Adieu" à la poésie. L'Homme aux Semelles de Vent, comme l'appellera Verlaine, multiplie les voyages, les errances, et part chercher une improbable fortune en Abyssinie. Lorsqu'il meurt, atteint d'une tumeur cancéreuse au genou, en 1891, à l'âge de trente-sept ans, il semble avoir oublié qu'il est l'un des plus grands poètes français de tous les temps. Toute son œuvre, Arthur Rimbaud l'a écrite en six ans, entre l'âge de quinze et de vingt ans, puis il s'est tu à jamais. Son silence ne cesse de nous interpeller et d'apparaître comme l'autodestruction du génie, dont il est paradoxalement l'incarnation même.
Extrait de L'Encyclopédie Encarta.
Arthur Rimbaud : Sa jeunesse
1854-1868 : Rimbaud est né le 20 octobre 1854 à Charleville-Mézières, une petite
ville des Ardennes, tout près de la Belgique. Son père, Frédéric Rimbaud,
est capitaine d'infanterie, il a épousé en 1853 Vitalie Cuif, fille de paysans ardennais.
Le père quitte très vite le foyer familial. Il laisse Vitalie seule avec cinq enfants : Frédéric, né
un an avant Arthur, Vitalie (née en 1858), Isabelle (née en 1860) et une autre fille née en 1857
qui meurt en bas age.
Dès l'age de huit ans, Rimbaud fréquente l'Institut privé Rossat, à Charleville. En 1865, il
entre au collège. C'est sur les bancs du collège qu'il rencontre Ernest Delahaye. Né un an
avant Rimbaud, Delahaye noue avec le jeune Arthur des liens d'amitié qui se prolongeront
toute sa vie. Certaines des lettres échangées entre les deux hommes ont été conservées et sont
importantes pour retracer la vie du jeune poète, mais aussi pour comprendre son rapport à la
création littéraire. Au collège, Arthur se révèle vite être un « fort en thème » remarqué et
encouragé par ses professeurs.
Arthur Rimbaud : Poète précoce
1869 : Rimbaud a quinze ans. Toujours collégien, c'est un excellent latiniste :
Jugurtha , publié avec trois autres de ses compositions latines dans Le moniteur de
l'enseignement secondaire lui vaut le premier prix du Concours Académique.
C'est de cette année que datent ses premiers vers en français : Les étrennes des orphelins
, publiés un an plus tard.
1870 : Entré en classe de rhétorique, Rimbaud rencontre Georges Izambard. Cet
enseignant lui fait lire Victor Hugo, Théodore de Banville, Rabelais et lui ouvre sa
bibliothèque. La mère de Rimbaud n'apprécie pas l'amitié entre le jeune garçon et le
professeur : elle ne correspond pas à l'éducation stricte qu'elle entend donner à ses enfants.
Izambard jouera un rôle important pour Rimbaud ; il conserve notamment ses premiers textes
(voir par exemple Un coeur sous une soutane).
Le 24 mai, Rimbaud envoie à Banville trois poèmes, espérant leur publication dans la revue
du « Parnasse contemporain » : Sensation, Ophélie, et Credo in unam ...
(intitulé plus tard Soleil et Chair ). Ces vers ne seront pas publiés mais une revue,
La Charge , lui ouvre deux mois plus tard ses pages pour Trois Baisers (connu
sous le titre Première Soirée ). À la fin du mois d'août, Rimbaud quitte brusquement
Charleville pour gagner Paris. Le 19 juillet, la France est entrée en guerre contre la Prusse :
Rimbaud espère sans doute assister à la chute de l'empereur, affaibli par la bataille de
Sarrebrück. Il est arrêté dès son arrivée dans la capitale. Il appelle Izambard à l'aide. Le
professeur parvient à gagner Paris, fait libérer le jeune homme et le reconduit à Charleville à
la fin du mois de septembre.
En octobre Rimbaud fugue une nouvelle fois. Il part pour Bruxelles, puis Douai où il
débarque dans la famille de Georges Izambard. Il y recopie plusieurs de ses poèmes.
Ce recueil que Rimbaud confiera au poète Paul Demeny, ami d'Izambard, est connu
sous le nom de Cahier de Douai .
1871 : En février, Rimbaud part pour Paris, il rentre à pied à Charleville début mars.
En mai, il est encore à Charleville, d'où il écrit à Georges Izambard et Paul Demeny
les deux lettres du Voyant . Suit une période dont on sait peu de choses. Rimbaud
participe probablement aux événements de la Commune de Paris pour laquelle il semble s'être
passionné. C'est sans doute à ce moment qu'il compose Les déserts de l'amour , où
mûrit déjà ce qui fera le corps de la Saison en enfer .
Cette année-là, Rimbaud rencontre Auguste Bretagne. Cet employé aux contributions
indirectes de Charleville a connu Paul Verlaine à Arras. Bretagne, passionné de poésie,
féru d'occultisme et buveur d'absinthe encourage le jeune poète à écrire à Verlaine.
Rimbaud, aidé de Delahaye qui joue les copistes, envoie quelques poèmes.
Verlaine s'enthousiasme pour ces textes qu'il diffuse dans son cercle d'amis.
Il prie Rimbaud de le rejoindre à Paris.
À la fin du mois de septembre, Rimbaud débarque dans la capitale. C'est sans doute juste
avant ce voyage qu'il compose le Bateau ivre . À Paris, Rimbaud loge d'abord chez
les parents de Mathilde, la femme de Verlaine, mais il se rend indésirable, et est bientôt
contraint à se réfugier chez des amis de Paul (Charles Cros, Forain et Banville).
Rimbaud participe avec Verlaine aux dîners des « Vilains Bonshommes » et aux réunions du
« Cercle Zutique » au cours desquelles la joyeuse bande compose des pastiches dont certains
sont consignés dans un cahier, désigné par les éditeurs de Rimbaud sous le nom d'Album
Zutique (voir notamment le fameux Sonnet du trou du cul ou encore Les
remembrances du vieillard idiot et Aux livres de chevet... ).
Arthur Rimbaud et Paul Verlaine : histoire de séparations
1872 : Les deux poètes hantent les cafés du Quartier Latin. Ils mènent une vie
dissolue, de provocation en beuverie. Mathilde Verlaine, excédée, quitte Paris pour Périgueux
avec son fils. Verlaine, troublé par ce départ, écrit à sa femme une lettre suppliante.
Mathilde lui fait savoir qu'elle n'acceptera de rentrer que si Rimbaud est renvoyé.
En mars, Rimbaud regagne les Ardennes. Mais Verlaine parvient à le faire revenir à Paris
en mai. Il ne loge plus chez les Verlaine, mais dans une chambre rue Monsieur-le-Prince,
puis à l'hôtel de Cluny.
Le 7 juillet, Rimbaud et Verlaine partent pour la Belgique. Mathilde découvre alors à Paris
les lettres que Rimbaud a adressées à son mari de février à mai. Elle part aussitôt pour
Bruxelles pour tenter de récupérer Paul. Verlaine accepte dans un premier mouvement
de rentrer à Paris mais s'esquive au dernier moment.
Début septembre, Rimbaud et Verlaine sont en Angleterre. Leur misère est grande et
Verlaine est préoccupé par le procès en séparation de corps que Mathilde vient de lui intenter.
Les deux poètes se séparent, Rimbaud retrouvant les Ardennes à la fin du mois de décembre.
1873 : À la mi-janvier, Rimbaud reçoit une lettre de Verlaine qui se dit malade et
mourant de désespoir à Londres. La mère de Paul, toujours prompte à tout faire pour son fils,
se rend à son chevet ; elle offre à Rimbaud l'argent du voyage.
En avril, Verlaine et Rimbaud passent d'Angleterre en Belgique.
Peu après, Rimbaud rentre à la ferme familiale de Roche. Il commence à rédiger
Une saison en enfer (évoquée dans une lettre adressée en mai à Ernest Delahaye).
Rimbaud s'ennuie à Roche, il y rencontre de temps en temps Delahaye et Verlaine à Bouillon,
à la frontière franco-belge. C'est là que Verlaine entraîne à nouveau Rimbaud vers
l'Angleterre, à la fin du mois de mai. Les deux hommes se querellent et Paul prend au début
du mois de juillet l'initiative d'une rupture. Il laisse Rimbaud sans un sou à Londres et gagne
la Belgique, espérant renouer avec sa femme. L'échec de cette tentative de réconciliation
le conduit à rappeler Rimbaud auprès de lui à Bruxelles, mais les deux hommes se querellent
encore. Verlaine tire deux coups de feu sur son ami qu'il blesse au poignet. Rimbaud est
conduit par Verlaine et sa mère à l'hôpital Saint-Jean où il est soigné.
Mme Verlaine persuade son fils de laisser partir Rimbaud mais, sur le trajet qui mène le trio
à la gare du Midi, Verlaine porte la main à la poche où se trouve son revolver. Rimbaud
s'affole et trouve la protection d'un agent de police. Arthur ne souhaite pas porter plainte,
mais l'affaire est aux mains de la justice belge et Verlaine écope de deux ans de prison.
Rimbaud n'est que légèrement blessé : il sort de l'hôpital le 20 juillet et passe l'hiver
dans la ferme familiale de Roche.
Arthur Rimbaud : L'Homme aux Semelles de Vent
1874 : En mars, Rimbaud se trouve à Londres en compagnie de Germain Nouveau,
un ancien du cercle zutique qui l'aide à copier des poèmes des « Illuminations », mais
ce dernier décide bientôt de rentrer à Paris; Rimbaud se retrouve seul et désemparé.
Il donne des leçons de français puis se résigne à retourner dans les Ardennes.
1875 : Rimbaud part pour l'Allemagne. Il est embauché comme précepteur
à Stuttgart.
Verlaine vient de sortir de prison, il est revenu aux pratiques catholiques et décide de se
rendre à Stuttgart. Il voudrait renouer avec Rimbaud, mais aussi « sauver son âme ».
L'attitude de Verlaine irrite fortement Arthur qui le renvoie après deux jours seulement.
En mai, Rimbaud quitte l'Allemagne pour la Suisse et entre en Italie à pied. Lorsqu'il arrive
à Milan, il est malade et doit s'arrêter.
Rimbaud reprend en juin sa route vers le sud peut-être pour embarquer vers l'Afrique.
Terrassé par une insolation sur la route de Livourne à Sienne, il est rapatrié à Marseille
par le consulat français. Il rêve de s'enrôler dans l'armée carliste, mais ne donne pas suite
à son projet et remonte à Paris en juillet. Il retrouve Charleville en Octobre. De ce passage
dans les Ardennes, on a conservé la dernière « manifestation poétique » de Rimbaud :
Rêve, un texte inclus dans une lettre à Ernest Delahaye.
1876 : Rimbaud part à Vienne. Il se fait détrousser par des brigands puis expulser
d'Autriche, repart pour la Hollande et signe, le 19 mai, à Harderwijk un engagement de six
ans dans l'armée coloniale hollandaise. Mercenaire étranger, il doit rétablir l'ordre à Java.
Il s'embarque le 10 juin et arrive à Batavia (aujourd'hui Djakarta) le 19 juillet. Au bout
de quelques semaines, Rimbaud déserte et regagne l'Europe sur un voilier écossais. Il est
à Charleville à la fin du mois de décembre.
1877 : Au printemps, Rimbaud part pour Brême, où il semble avoir envisagé de
s'engager dans la marine américaine, puis à Hambourg, parcourt la Suède et le Danemark avec
un cirque ambulant. Il revient quelque temps à Charleville puis tente une autre évasion. On le
trouve à Marseille, d'où il s'embarque en septembre pour Alexandrie. Malade à bord, il est
débarqué à Civita-Vecchia, visite Rome, et passe l'hiver dans les Ardennes.
1878 : Au printemps, Rimbaud éprouve une nouvelle fois le besoin de fuir.
Se rend-il à Hambourg dans le but de gagner l'Orient ? Fait-il le tour de la Suisse ? On l'ignore.
Il se replie sur Roche où il passe l'été, repart fin octobre, traverse les Vosges, la Suisse
et le Saint-Gothard à pied. A Lugano, il prend le train pour Gênes, d'où il s'embarque
pour Alexandrie. Il semble chercher activement du travail en Égypte, allant même jusqu'à
demander à sa mère dans une lettre écrite en décembre de certifier qu'il est en règle avec
l'armée, et bon travailleur. Il gagne à la fin de l'année l'Île de Chypre où il a trouvé un emploi
de chef de chantier au service d'une maison française.
1879 : En juin, Rimbaud, épuisé par une fièvre typhoïde, doit regagner
précipitamment la France. Il revient à Roche où il se soigne et travaille à la ferme.
À Delahaye qui lui rend visite, Rimbaud dit son détachement de la littérature :
« Je ne pense plus à ça ».
Arthur Rimbaud : Harar, Aden et le désert
1880 : Rimbaud regagne Chypre au printemps. Il est embauché dans une entreprise
chargée d'édifier un palais destiné au gouverneur britannique. Mais Rimbaud démissionne de
son poste et quitte l'île en juillet, s'embarque pour l'Egypte et gagne Aden en août. Il trouve un
emploi à la maison « Viannay, Mazeran, Bardey et Cie », spécialisée dans le commerce des
peaux et du café. Bardey vient d'ouvrir une succursale à Harar : Rimbaud accepte de s'en
charger et arrive le 13 décembre à Harar après avoir traversé à cheval le désert somali.
1881 : Rimbaud est acheteur pour la maison Bardey. Après une période
d'enthousiasme, il commence à s'ennuyer, se plaint du climat, se heurte à la jalousie des
négociants. Il charge sa mère de lui faire parvenir des ouvrages techniques, des instruments,
un appareil photographique. Il rêve d'explorations. En juin-juillet, expédition à Bubassa,
qui le fatigue et le rend malade. Rimbaud se lasse de Harar, s'exaspère des retards
du courrier, a des ennuis avec ses patrons. Il quitte la ville pour Aden en décembre.
1882 : Rimbaud travaille à Aden pour la maison Bardey. Il s'occupe toujours de
science et d'exploration, et commande du matériel de photographie, activité dont il espère tirer
quelque profit.
1883 : Rimbaud repart d'Aden pour Harar où Bardey le charge d'entreprendre des
explorations dans le Somali et le pays Galla. Rimbaud décide alors de reconnaître l'Ogadine
qui est encore mal connu. Il y pénètre en août et rédige peu après un rapport d'ensemble
sur la région. Cette étude sera publiée l'année suivante dans le bulletin de la Société de
Géographie (c'est le Rapport sur l'Ogadine ). La fortune tarde à venir : Rimbaud
se voit découvreur, explorateur, bâtisseur... Il continue à commander dans ses lettres à sa
famille (et surtout à sa mère) des manuels et du matériel technique tout en donnant des
instructions sur le placement de ses économies. Le poète devenu commerçant sans succès
semble, tout en se plaignant de sa situation à ses employeurs, se plaire à imaginer une vie
de rentier, il pense même à se marier !
1884 : La maison Bardey, en difficulté, liquide. Rimbaud reprend en avril la route
d'Aden où il demeure au chômage, désespéré de voir s'amenuiser ses économies. Par chance,
Bardey, qui a réussi à monter une nouvelle affaire, engage Rimbaud pour six mois, jusqu'à
la fin de l'année.
1885 : Rimbaud signe en janvier un nouveau contrat d'un an avec Bardey.
Lorsque, en octobre, il entend parler d'une affaire d'importation d'armes dans le Choa,
il dénonce son contrat et s'engage dans l'aventure. Il s'agit de revendre cinq fois plus cher
à Ménélik, roi du Choa, des fusils d'un modèle devenu obsolète en Europe, achetés à Liège.
Parti en novembre pour Tadjourah prendre livraison des fusils et organiser une caravane qui
les acheminera jusqu'au roi, Rimbaud est bloqué plusieurs mois par une grève des chameliers.
1886 : En avril, la caravane est enfin prête à partir quand Rimbaud apprend l'ordre
transmis par le gouverneur d'Obock : à la suite d'accords franco-anglais, toute importation
d'armes est interdite dans le Choa. Rimbaud cache son stock dans le sable afin d'éviter une
saisie. Il se plaint auprès du Ministère des affaires étrangères français, fait diverses démarches.
Apprenant en juin qu'une expédition scientifique italienne est autorisée à pénétrer
dans le pays, il s'arrange pour se joindre à elle. Malgré l'abandon de Labatut,
principal instigateur de l'affaire et la mort de l'explorateur Soleillet, Rimbaud prend
en septembre la tête de la périlleuse expédition. Une chaleur de 70 degrés pèse sur la route
qui mène à Ankober, résidence de Ménélik.
Rimbaud ignore que, pendant ce temps, La Vogue publie en France des vers de lui
et une grande partie des Illuminations.
1887 : Rimbaud arrive à Ankober le 6 février, mais le roi est absent. Il doit gagner
Antotto à 120 kilomètres de là. Le roi l'y reçoit, accepte les fusils mais fait des difficultés au
moment de payer ; il entend déduire de la facture les sommes que Labatut mort récemment
d'un cancer lui devait, et invite Rimbaud à se faire régler le reste par Makonen, le nouveau
gouverneur de Harar.
Rimbaud fait donc route vers Harar, avec l'explorateur Jules Borelli. Il parvient à se faire
payer par Makonen, mais il n'a rien gagné sinon, comme il l'écrit au vice-consul de France
à Aden le 30 juillet, « vingt et un mois de fatigues atroces ». À la fin du mois de juillet,
il part au Caire pour se reposer ; Rimbaud est épuisé, vieilli, malade. « J'ai les cheveux
absolument gris. Je me figure que mon existence périclite », écrit-il à sa famille
dans une lettre du 23 août. Dans une lettre au directeur d'un journal local, Le Bosphore
égyptien , il raconte son voyage en Abyssinie et au Harar.
Les lettres envoyées à sa famille à la fin de cette année témoignent de ce découragement.
Rimbaud se plaint de rhumatismes et son genou gauche le fait souffrir. Il a pourtant assez
de courage pour faire paraître dans le journal Le Bosphore égyptien une étude
traitant de l'intérêt économique du Choa. Ce travail sera transmis à la Société de Géographie.
Rimbaud songe un moment à se rendre à Zanzibar, puis à Beyrouth, mais un procès, lié à
l'affaire Ménélik, le rappelle en octobre à Aden où il tente sans succès de faire du commerce.
1888-1890 : Rimbaud est à Aden au début de l'année 1888. En mars, il accepte
de convoyer une cargaison de fusils vers Harar, mais renonce à une seconde expédition.
Peu de temps après, il fait la connaissance d'un important commerçant d'Aden, César Tian,
qui lui offre un poste de représentation à Harar. Rimbaud accepte, d'autant plus qu'il pourra en
même temps travailler à son compte. Pendant trois ans, Rimbaud importe, exporte, mène
ses caravanes à la côte. Pourtant, il s'ennuie beaucoup et n'a pour relations que la petite
poignée d'Européens fixés ou de passage dans le pays. Il entretient avec eux une importante
correspondance.
Arthur Rimbaud : La maladie
1891 : Rimbaud est atteint d'une tumeur cancéreuse au genou droit, aggravée par une
ancienne syphilis. Le 15 mars, il ne peut plus se lever et se fait transporter à Zeilah sur une
civière. Il s'embarque pour Aden : « Je suis devenu un squelette : je fais peur », écrit-il
à sa mère le 30 avril. Le 9 mai, il se fait rapatrier et arrive le 22 mai à Marseille où il entre à
l'hôpital de la Conception. L'amputation immédiate de la jambe s'avère nécessaire. La mère
de Rimbaud accourt à Marseille le 23 mai.
Le 25, l'opération a lieu. Rimbaud est désespéré. « Notre vie est une misère, une misère sans
fin. Pourquoi donc existons-nous ? », écrit-il à sa soeur Isabelle le 23 juin.
À la fin du mois de juillet, Rimbaud, en a assez de l'hôpital. Il retourne à Roche où sa soeur
Isabelle le soigne avec dévouement. Mais la maladie progresse et l'incite a revenir à Marseille
où il compte sur les bienfaits du soleil et aussi sur la possibilité d'un retour en Afrique où ses
amis l'appellent. Il arrive à Marseille à la fin août, en compagnie d'Isabelle qui l'assistera
jusqu'à sa mort.
Rimbaud doit aussitôt retourner à l'hôpital de la Conception. Son état empire, il se désespère.
Après une courte période de rémission, Rimbaud connaît plusieurs semaines d'atroces
souffrances. Sa soeur parvient à lui faire accepter la visite d'un aumônier qui conclura bien
légèrement à la foi du moribond.
La veille de sa mort, il dicte, en proie au délire, une lettre adressée au directeur des
Messageries Maritimes : « Je suis complètement paralysé, donc je désire me trouver de bonne
heure à bord, dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord.»
Rimbaud meurt le 10 novembre. Il est âgé de trente-sept ans. Il sera enterré le 14 au cimetière
de Charleville.
Les Poèmes de A à Z
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- L'éclatante victoire de Sarrebrück
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- Le Châtiment de Tartufe
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- Le Forgeron
- Le Mal
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- Le pauvre songe
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- Les Corbeaux
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- Les Étrennes des Orphelins
- Les Pauvres à l'église
- Les Poètes de sept ans
- Les Premières Communions
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