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Biographie de Jean de la Fontaine (1621-1695)
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Jean de la Fontaine
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Jean de la Fontaine - Le résumé de sa vie

Jean de La Fontaine est un poète français né à Château-Thierry en 1621 et mort à Paris en 1695. Il est surtout connu pour être l'auteur de ses très célèbres Fables. Sa biographie nous enseigne que destiné au départ à faire une carrière religieuse, il abandonne cette voie et devient finalement avocat au Parlement de Paris. Il fréquente alors un cercle de jeunes poètes de la capitale : les Chevaliers de la Table Ronde. En 1652, à l'âge de 31 ans, il devient maître des Eaux et Forêts du duché de Château-Thierry. Sa vie connaît un nouveau tournant en 1658, quand il entre au service du Surintendant Fouquet. Mais ce dernier est bientôt arrêté sur ordre de Louis XIV, jaloux de sa puissance. La Fontaine souffra de la disgrâce de son maître, et intensifia son activité littéraire. En 1660, il fait paraître son Élégie aux Nymphes de Vaux, puis entre 1665 et 1674 plusieurs volumes de Contes et Nouvelles qui ne manquent pas de talent. Son oeuvre majeure reste bien sûr, ses Fables dont la composition l'occupera une bonne partie de sa vie, puisqu'elle s'étale de 1668 à sa mort. Autrement dit, sur une période de plus de 25 ans.

Jean de la Fontaine : Ses erreurs de jeunesse

Jean de la Fontaine : Poète français, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry, où son père exerçait les fonctions de maître des eaux et forêts. On ne sait trop comment, ni d'où lui vint l'idée d'entrer à l'Oratoire quand il eut tant bien que mal terminé ses premières études ; mais jamais homme ne se trompa sans doute plus étrangement sur la nature de son génie. Et ce qui est bien plus étrange encore, c'est qu'il ne reconnut pas lui-même son erreur, et il fallut qu'on le priât de se retirer de la savante congrégation. Il n’avait pas tout à fait vingt-trois ans. Il fit alors son droit, comme Boileau, comme Molière, puis il revint se fixer à Château-Thierry, ou son père, qui songeait à lui assurer la succession de la charge de maître des eaux et forêts, commença par le marier, en 1647, avec une jeune fille de quinze ans, Marie, fille de Guillaume Héricart. C'était une autre erreur. Pas plus que pour les devoirs de la vie religieuse, Jean n’était fait pour les obligations de la vie conjugale. Aussi l'accord ne dura guère entre les deux époux. La naissance même d'un fils, en 1653, ne changea rien à l'humeur romanesque et désordonnée de Mme de La Fontaine, la femme du monde qui paraît avoir été le moins faite pour fixer un mari volage, ni à l’insouciance du père qui ne devait jamais s'occuper de l'enfant ; et à la suite d'une séparation de biens, quittant sa femme et Château-Thierry, Jean de la Fontaine vint tenter à Paris la fortune littéraire. C'est du moins ce qui semble résulter de la publication de son premier ouvrage : une traduction, ou, comme nous dirions de nos jours, une adaptation de l’Eunuque de Térence qui fut représentée deux ou trois fois peut-être, et qui parut en 1654. Les curieux de détails plus abondants ou plus précis sur la première jeunesse et sur le ménage de La Fontaine en trouveront plus qu'on n'en voudrait dans l'ouvrage classique de Walckenaer Histoire de la vie et des ouvrages de Jean de La Fontaine (Paris, 1820), et dans l'excellente Notice sur La Fontaine que Mr Paul Mesnard a écrite plus récemment dans la collection des Grands Écrivains de la France.

Jean de la Fontaine : Le précieux

Il serait plus intéressant de savoir comment s'éveilla son génie de poète, si les recherches de ce genre n'étaient pas toujours délicates, et, même quand elles semblent avoir abouti, toujours assez vaines. Grand amateur de romans, c'est lui qui nous l’apprend, nous savons qu'il a lu et relu d'Urfé, Gomberville et La Calprenède : L'Astrée, Polexandre et Cléopâtre ; Le Grand Cyrus et La Clélie aussi, de Madeleine de Scudéri ; mais quoi ! Boileau les a lus comme lui. On conte encore qu'ayant entendu réciter par hasard les stances de Malherbe sur la Mort de Henri le Grand, l'émulation de faire à son tour des vers l'aurait brusquement éclairé sur sa vraie vocation, mais ce n'est là qu'une légende ; et n'eût-il jamais entendu réciter du Malherbe, il fut néanmoins devenu La Fontaine. À vrai dire, comme tout le monde, il subit l'influence des idées et des goûts littéraires de son temps, et la preuve en est dans ses premiers essais, qui tiennent moins de Malherbe ou d'aucun romancier que de Voiture et de son école. L'auteur futur des Contes et des Fables a commencé par être « précieux » comme tout le monde l'était encore aux environs de 1655, avant Pascal et avant Molière. Il est « précieux » dans son Adonis, où l'on dirait qu'il a voulu, pour obéir au goût du jour, s'exercer dans le poème Héroïque (1658), - et dont il est curieux de comparer la préciosité plutôt froide et la couleur conventionnelle avec le coloris si chaud et la préciosité voluptueuse de l'Adonis de Shakespeare. Il est « précieux » dans le Songe de Vaux, qui ne parut, à là vérité, qu'en 1671, mais qui doit avoir été composé vers 1659 ou 1660 ; et où, si l'on a relevé quelques vers exquis, cela prouve uniquement que la préciosité, quoi qu'on en ait pu dire, n'est pas toujours un défaut. Tels sont ces trois vers, souvent cités, où il a peint la Nuit :

« Par de calmes vapeurs mollement soutenue,
La tête sur son bras, et son bras sur la nue,
Laissant tomber des fleurs … »

L'Albane ou les Carrache ont-ils rien fait de plus gracieux ? Et n'ayant rien enfin du tempérament d'un lutteur, ni même d'un véritable satirique, il demeurera « précieux » aussi longtemps que la mode y sera, c’est à dire jusqu'à ce que les Précieuses ridicules de Molière et les Satires de Boileau soient venues substituer au goût du joli, de l'élégant, et du rare, le goût du vrai, du simple, et du grand.

Jean de la Fontaine : L'entretenu

Toutes les pièces que nous venons de rappeler, et quelques autres encore parmi lesquelles nous citerons ses premières Epîtres, II, III et IV, qui tiennent du genre de Marot, avec autant d'esprit et infiniment plus de charme, ont été composées pour le surintendant Fouquet dont La Fontaine était devenu, en 1657, l'un des poètes à gages. C'est ici, comme on le sait, et comme il faut bien pourtant qu'on le rappelle, un des côtés les plus déplaisants de son personnage. Sans aucune ambition de pouvoir ni d'argent, ce qui sans doute est louable, La Fontaine a toujours vécu aux dépens de quelqu'un, ce qui l'est moins, et on le verra, dans ses dernières années, se laisser entretenir par une jeune maîtresse. Aucun de nos grands écrivains n'a manqué plus complètement de sens moral, à cet égard, de délicatesse où de dignité. Et nous savons bien que voilà de grands mots, qu'on ne saurait employer sans un peu de ridicule ! mais il s'agit de l'auteur des Fables, pour ne rien dire de celui des Contes, et par conséquent la connaissance de certains détails n'est pas indifférente au jugement qu'il faut porter de sa morale. Du moins, en acceptant ou en sollicitant les bienfaits de Fouquet, doit-on dire qu'il ne fit qu'imiter les hommes de lettres : ses contemporains. Et ce qui achève peut-être de l'excuser, c'est la reconnaissance qu'il garda toujours à son protecteur tombé dans la disgrâce. L'Élégie aux nymphes de Vaux en est l'éloquent témoignage, et, puisqu'il arrive quelquefois qu'une bonne action ne nuise pas à son auteur, on est bien aise que cette Élégie soit un des bons ouvrages de La Fontaine.

« On ne connaît que trop les jeux de la Fortune,
Ses trompeuses faveurs, ses appas inconstants,
Mais on ne les connaît que quand il n'est plus temps.
Lorsque sur cette mer on vogue à pleines voiles,
Il est bien malaisé de régler ses désirs,
Le plus sage s'endort sur la foi des zéphyrs. »

C'est le vrai La Fontaine qui se dégage ici de lui-même. Et pourquoi ne dirions-nous pas qu'en le touchant indirectement, la disgrâce de Fouquet l'obligea peut-être à réfléchir sur quelques vérités d'expérience qu'il n'avait guère l’habitude de méditer ? Le malheur des autres peut aussi nous servir d'école. Il convient d'ajouter que, trois ou quatre mois auparavant, la représentation des Fâcheux de Molière, sur le théâtre de Vaux (17 août 1661), lui avait ouvert les yeux d'une autre manière encore, en lui enseignant le prix du naturel, - qui n'est peut-être que le sérieux dans l'observation.

« Plaute n'est plus qu'un plat bouffon,
Et jamais il ne fit si bon
Se trouver à la Comédie,
Car ne pensez pas qu'on y rie
De maint trait jadis admiré,
Et bon IN ILLO TEMPORE.
Nous avons changé de méthode,
Jodelet n'est plus à la mode,
Et maintenant, il ne faut pas
Quitter la nature d'un pas. »

Si connus que soient ces vers d'une lettre de La Fontaine à son ami Maucroix, nous ne pouvions pas nous dispenser de les citer. Ils sont en effet caractéristiques d'une révolution qui s'opérait alors, dans tous les genres à la fois, contre l'idée même que la précédente génération s'était formée de l'art, et l'imitation de la nature en redevenait le premier principe, ce qu'elle n'est ni toujours, ni nécessairement. Ils marquent de plus, avec précision, l'époque des premiers rapports de La Fontaine avec Molière. Enfin ce sont ces vers qui divisent pour ainsi dire en deux l'histoire des Oeuvres de La Fontaine, tout ce qui les précède n'ayant qu'une bien mince valeur en comparaison de ce qui les a suivis. Il avait quarante et un ans, et il n'avait écrit ni le premier de ses Contes ni la première de ses Fables.

Jean de la Fontaine : Les Contes

Ce furent les Contes qui parurent d'abord, dont trois recueils, contenant ensemble vingt-quatre contes et quelques-uns des plus agréables, se succédèrent en 1665, 1666 et 1667. Une circonstance particulière attira sur eux l'attention publique. Mr de Bouillon, qui faisait partie, comme La Fontaine lui-même, de la maison de la duchesse d'Orléans, avait publié, l'année précédente, une imitation en vers du Joconde d'Arioste. Lorsque La Fontaine, à son tour, fit paraître la sienne, une discussion s'engagea sur le point de savoir à laquelle des deux on devait donner la préférence et peu s'en fallut que l'on ne vit renaître les temps de la grande querelle des Jobelins et des Uranistes ; mais les dames y prirent moins de part, sans doute. La dispute se termina par un jugement de Boileau, tout jeune et encore inconnu, qui n'hésita pas plus, avec sa sûreté de goût, a se ranger du côté de La Fontaine qu'il n'avait hésité naguère à se ranger du côté de Molière et ce fut l'origine de leur liaison commune. Mais, indépendamment de cette circonstance, Joconde lui-même, Richard Minutolo, La Servante justifiée, La Fiancée du roi de Garbe, - l'un des chefs-d'œuvre de l'art de conter, avaient de quoi plaire assez aux lecteurs de 1665. Louis XIV aimait La Vallière et faisait jouer Tartufe. S'il eût lu ces premiers Contes et qu'il s'en fût trouve choqué, on lui eût fait aisément entendre qu'ils n'avaient rien de plus immoral ou de plus dangereux que L’Heptaméron de la reine de Navarre et, d'ailleurs, en le lui faisant entendre, on l'eût trompé. Le sujet des Contes de La Fontaine est généralement indécent, et sa manière, qui n'a rien d'ordurier si l'on veut, ni d'obscène, est proprement ce que l'on appelle graveleuse. Ce que Boccace ou Marguerite se sont contentés d'indiquer en passant, - voyez Le conte du Faucon, par exemple -, La Fontaine, lui, s'y attarde, y insiste, et sa grande malice est de tourner autour de la chose ou du mot sans jamais les écrire. Aussi les Contes, quoi qu'on en ait pu dire, sont-ils un mauvais livre, un livre à garder sous clef dans les bibliothèques lorsque l'on est, pour quelque raison, obligé de les posséder ; et si peut-être en cela même on dit qu'ils sont vraiment gaulois, ce sera donc tant pis pour l'esprit gaulois mais on aura dit vrai, et on aura d'ailleurs nommé la dernière et la principale raison de leur succès. À une époque où, de même qu'aujourd'hui, nos dilettantes sont lassés d'entendre louer les littératures du Nord, ainsi les lecteurs étaient fatigués de tant d'imitations de l'espagnol ou de l'italien, beaucoup d'entre eux virent dans les Contes ce que nous appellerions « un retour à la tradition nationale ». Ils y reconnurent la veine de Rabelais traitée dans le goût de Marot Maître François et Maître Clément les sujets ordinaires de nos anciens fabliaux, et en y applaudissant, il leur sembla qu'ils s'applaudissaient de s'être retrouvés eux-mêmes. Qu'on se rappelle à ce propos la violente invective de Boileau, non pas dans son Art poétique, mais dans sa première Satire :

« Qui pourrait aujourd'hui, sans un juste mépris,
Voir l’Italie en France et Rome dans Paris.
Voir le Tibre, à grands flots, se mêler dans la Seine
Et traîner dans Paris ses mornes, ses farceurs,
Sa langue, ses poisons, ses crimes et ses mœurs ! »

La Fontaine profita certainement de cette réaction du goût gaulois ou français contre l'influence italienne. Et c'est ainsi qu'à leur façon, qui n'est pas d'ailleurs la plus chaste, ni la meilleure, La Fiancée du roi de Garbe ou Joconde sont bien du même temps que les Satires ou L’École des femmes, non seulement du même temps, mais de la même inspiration, et qu'ils trahissent, comme on va le voir, une même conception ou une même idée de l'art et de la vie. Furent-ils écrits, comme on l'a prétendu, sur le désir ou l'invitation de la jeune duchesse de Bouillon, Marie-Anne Mancini, nièce de Mazarin ? Elle était très jeune encore, et quelle que fût sa rare précocité, nous n'osons croire qu'à seize ans elle fût déjà curieuse de distractions si libertines. Ce que nous savons seulement, c'est que pendant un séjour qu'elle fit à Château-Thierry, - pour y prendre possession du duché que le duc son mari venait de recevoir en échange du duché de Bouillon, - elle y connut La Fontaine, dont elle devait demeurer longtemps la protectrice. C'est par elle aussi, selon toute probabilité, qu'il connut Hortense, duchesse de Mazarin, et qu'il entra, de loin, à travers la Manche, en relations avec Saint-Evremond. Les Mazarines comme on les appelait, aimaient les gens de lettres, et La Fontaine était bien fait pour s'accommoder de la licence de leurs mœurs. Il serait beau pour elles de lui avoir inspiré la première idée de ses Fables.

Jean de la Fontaine : Les Fables

Les six premiers livres des Fables parurent en 1668, et, pour l'honneur du goût français, ils ne furent pas moins favorablement accueillis que les Contes, dont on peut dire qu'ils ont tous les mérites et aucun des défauts. Mais ils avaient d'autres qualités encore, qui leur sont propres, et assez caractérisées pour que, sans attendre davantage, nous nous y arrêtions et qu'à ce propos nous tâchions de définir le génie du poète.

En premier lieu, son œuvre est celle d'un artiste. « Si les accidents du monde dit un de nos contemporains vous apparaissent, dès qu'ils sont perçus comme transposés pour l'emploi d'une illusion à décrire, tellement que toutes les choses, y compris votre existence, ne vous semblent pas avoir d'autre utilité » c'est ce qu'on appelle être artiste ; et c'est bien le cas de La Fontaine. Pour lui la vie n'a d'abord été qu'un spectacle, à l'infinie diversité duquel il a pris le même genre d'intérêt qu'un peintre à la combinaison perpétuellement changeante des couleurs et des lignes. Seulement, et tandis qu'à mesure qu'ils avançaient en âge, certains se donnaient à eux-mêmes un autre objet que de satisfaire leur curiosité, l'auteur des Fables, lui, ne changeait pas, et, au contraire, prenant son parti « de s'en aller comme il était venu », l'art s'emparait de lui, l'occupait, l’absorbait, et le retenait tout entier.

C'est par là qu'il convient d'expliquer son insouciance légendaire, son égoïsme, qu'on n'aurait pas le courage de lui reprocher s'il n'avait nui qu'à lui. La Fontaine suit en tout et toujours son caprice, et son caprice est celui d'un épicurien, mais en même temps celui d'un artiste. Ni mari, ni père, ni citoyen, ni fonctionnaire, ni magistrat, ni médecin, ni quoi que ce soit enfin, d'étiqueté ou de classé, sa profession est de « porter des fables » selon le mot si souvent cité de Mme Cornuel, - comme un « pommier porte des pommes ». Il ne se mêle à la société qu'autant qu'il le faut pour en jouir, mais en en jouissant il l'observe, et comme il l'observe du dehors, elle n'est à vrai dire pour lui que la matière de son art. C'est ce qui explique également le caractère de sa satire, ou, pour mieux parler c'est ce qui explique la méprise de ceux qui voient autre chose en lui que le peintre involontaire des mœurs de son temps. Car aucune intention chez lui de corriger les moeurs ou de réformer le monde. Les hommes sont grossiers et les femmes ont d'autres défauts ; les grands sont tyranniques et les petits sont plats, les misérables sont timides et les riches sont impertinents, les courtisans sont vils et les rois sont cruels :

« Mais son esprit au fond n'est pas plus offensé
De voir un homme fourbe, injuste, intéressé,
Que de voir des vautours affamés de carnage,
Des singes malfaisans et des loups pleins de rage … »

C'est qu'il les observe, il ne les juge pas ; il les peint tels qu'ils sont ou tels qu'il croit les voir, il ne s'en moque point ; ou plutôt il s'en moque si peu qu'il serait fâché qu'on les lui changeât, et moins « affamés de carnage » ou moins « malfaisans », singes et loups, renards et lions, serpents et ours, il les trouverait moins intéressants, comme étant moins caractérisés. Point de vue d'artiste encore, qui ne se soucie pas des choses ni des êtres en eux-mêmes, mais uniquement du rapport qu'ils peuvent avoir avec son art, du profit qu'il en peut tirer pour sa consommation personnelle. N'est-ce pas aussi ce qui explique le libertinage de ses Contes et la facilité de sa morale courante ? Mais si je voulais insister sur ce point, il y aurait trop à dire ; et je me bornerai à faire observer que la morale ayant voulu que la matière habituelle de ses Contes ne fût pas une matière comme une autre, la grande immoralité de La Fontaine est de l'avoir traitée comme une autre.

Je ne rappelle aussi qu'en passant, et en renvoyant pour le détail aux innombrables commentateurs de ses Fables, quel artiste il a été dans le choix de ses sujets, de ses rythmes et de ses mots. « Faites-vous envoyer Les Fables de La Fontaine, écrit à Bassy Mme de Sévigné, elles sont divines. On croit d'abord en distinguer quelques-unes, et à force de les relire on les trouve toutes bonnes. » C'est une manière de narrer et un style à quoi l'on ne s'accoutume point. Mais c'est surtout une manière de peindre, qui, pour différer de celle de ses contemporains, ne procède pas moins des mêmes principes, chez La Fontaine, que chez Racine et que chez Boileau. Laissons Boileau, qui, dans son Lutrin même, est trop au-dessous de La Fontaine. Mais Racine n'a pas été moins artiste en ce sens, je veux, dire à la fois moins scrupuleux ni moins heureux. Si La Fontaine a connu « le pouvoir d'un mot mis en sa place » et s'il a fait, lui aussi, consister le chef-d'œuvre de l'art « à faire quelque chose de rien », il n'y a pas mieux réussi que Racine, et, pour y réussir, il ne s'est pas donné plus de peine. Ils n'ont pas attaché moins de prix l'un que l'autre à la perfection de la forme. La différence entre eux n'est peut-être, à cet égard, que la différence des genres dans lesquels ils se sont exercés, à moins encore que ce ne soit une différence d'éducation première. Mais de même qu'ils étaient tous les deux de la même province, ils sont bien tous les deux aussi de la même école littéraire et c'est ce que j'exprimerai d'un mot en disant que comme l'œuvre de Racine, et autant que celle d'un artiste, l'œuvre de La Fontaine est en second lieu celle d'un naturaliste.

Jean de la Fontaine : Le naturaliste

Remarquons tout de suite que s'il se sépare en ce point de Racine et de Boileau, naturalistes en art eux aussi, mais jansénistes en morale ; il se rapproche de Molière, dont la philosophie, comme la sienne, et si le mot n'est pas un peu pédantesque pour eux, est une philosophie de la nature. C'est également la philosophie de Montaigne ou de Rabelais. Avec Rabelais et avec Molière, La Fontaine a toujours pensé que « les gens, bien nés, bien instruits, conversant en compagnies honnêtes, ont par nature un instinct et aiguillon qui les pousse aux faits vertueux et les retire du vice », nous pouvons bien ajouter que si la valeur d'une morale se prouve par la manière dont on vit, il n'y en a guère de plus égoïste ou de plus antisociale que celle dont cette croyance est en quelque sorte le premier fondement. On le montrerait aisément si c'en était le lieu. Mais quand nous disons que l'œuvre de La Fontaine est d'un naturaliste, c'est autre chose que nous voulons dire ; nous ne parlons pas de sa morale, mais de son art et il n'est ici question que de l'écrivain.

Naturaliste, il l'est donc d'abord en ce sens que nul en son temps n'a plus fidèlement que lui reproduit ou reflété la nature ; et c'est ce qui le distingue, non seulement de Racine ou de Boileau, mais de l'auteur même de L'École des femmes et du Malade imaginaire. Quelle que soit en effet la tendance des autres vers le naturalisme, ou, pour parler peut-être plus clairement, vers l'imitation de la nature, ils sont gênés par les préjugés de leur éducation, par leur désir de plaire au public ou de faire leur cour au roi, les exigences mêmes de leur genre. Il y a des réalités dont Molière n'oserait placer la représentation trop fidèle sous les yeux des spectateurs, et qu'aussi bien la pudeur collective des foules n'admettrait pas qu'il lui imposât. Pour l'auteur d’Andromaque et de Phèdre, quelque hardiesse dont il ait fait preuve dans la peinture de la passion, ce sont les lois, c'est la définition de la tragédie qui l'empêchent de franchir la limite où l'expression du sentiment se changerait, comme dans le mélodrame, en une notation de la sensation. Et il n'est pas jusqu'à Boileau, un auteur qui ne soit contraint dans la satire, par l'obligation d'opposer les leçons de la morale à la pratique des vices qu'il dénonce. La Fontaine est plus libre, beaucoup plus libre, et la fidélité de ses peintures en devient aussitôt plus grande. Non seulement les sujets de ses Contes, infiniment moins réels d'ailleurs et bien plus imaginés que les sujets de ses Fables, mais aussi les sujets de ses Fables l'autorisent presque à tout peindre ou du moins tout indiquer. Une grenouille ou une fourmi, qu'à peine Molière ou Boileau se permettraient de nommer, sont tout aussi dignes pour lui de sa curiosité que les hommes eux-mêmes. Il faut bien qu'on le lui passe, puisque c'est la condition même de la Fable, et aussitôt cette autre conséquence en résulte, qu'il y a dans son œuvre une plus grande part de nature incluse, décrite, et sentie que dans celle de ses émules. L'homme d'abord s'y retrouve, tout entier ; non seulement l'homme vrai celui dont Racine et Molière n'ont représenté que les passions ou les vices mais l'homme réel paysan, bourgeois, gentilhomme, le laboureur, la laitière, le savetier, le meunier, le médecin, le juge, le prêtre, le banquier, que sais-je encore ? L'homme extérieur, que le costume de sa profession ou les déformations de son métier caractérisent, et non plus celui dont le théâtre ou le roman même ont commencé par altérer ou par supprimer quelques traits pour en faire d'autant ressortir les autres. À côté de l'homme, les animaux tiennent leur personnage - carnassiers, ruminants, oiseaux, serpents, poissons toute une ménagerie dont on méconnaîtrait étrangement la pittoresque diversité si l'on n'y voulait voir ; comme dans les animaux du Roman de Renart, que des abstractions, des types allégoriques, et, pour ainsi parler, les masques de nos défauts ou de nos ridicules. Le fabuliste a-t-il d'ailleurs décrit fidèlement les moeurs des espèces, et ses lapins sont-ils de vrais lapins ? C'est ce que l'on a cru devoir aigrement contester ; et on a établi qu'en effet Daubenton ou Cuvier étaient des descripteurs plus exacts. Mais il n'en est pas moins vrai que, pour ce que chacun de nous en peut voir, il les a observés ; et l’intérêt de ses observations a passé dans ses vers et ce qui est encore plus vrai, c'est qu'en faisant entrer toute cette ménagerie dans ses Fables elles sont vraiment devenues, - sinon notre « épopée nationale » du moins la véritable et la seule « épopée animale ». On sait enfin qu'avec les animaux, c'est la nature extérieure aussi, ce sont les astres et c'est le brin d'herbe, ce sont les airs et ce sont les eaux, qu'il a fait entrer dans son œuvre, c'est le paysage, en un mot, qu'il a introduit dans la littérature de son temps. Et s'il y manque après cela quelque chose, la passion, par exemple, en dépit des Deux Pigeons, et l'éloquence, en dépit du Paysan du Danube, toujours est-il que son œuvre demeure la plus diverse que nous ait léguée le XVII siècle. C'est ce qu'on peut exprimer d'une autre manière encore, en disant que, pour représenter selon son ampleur cette nature plus diverse, il a du donner à son vocabulaire une ampleur correspondante, et c'est ce qui achève de caractériser le naturalisme de son œuvre. Ne reculant pas devant la familiarité des spectacles, il ne recule pas non plus devant les moyens de la rendre, et la richesse de son vocabulaire n'en est égalée que par la diversité. Il prend ses mots partout, et la distinction du style « noble » et du style « familier » lui est inconnue. Selon le besoin ou l'occasion, il passe de l'un à l'autre avec la même aisance, et il remplit tout l'entre deux. Il a d'ailleurs la phrase aussi libre en son tour, et il le faut quelquefois aussi « incorrecte » que l'exige le désir d'être immédiatement compris ou entendu de tout le monde. Sa langue est celle que l'on parle à Paris comme à Versailles, et sa syntaxe n'a qu'une règle, ou un principe, qui est de conformer le mouvement du style au mouvement de la pensée. Et à la vérité, ce principe est bien aussi celui de Molière, de Racine, de Boileau, mais comme La Fontaine a peint plus de choses, l'application d'un même principe aboutit dans son œuvre à des effets plus variés. C'est en ce sens encore qu'il est naturaliste, non seulement naturel, et de tous nos grands écrivains c'est pourquoi, comme on l'a dit, il est le plus populaire.

C'est qu'en effet, comme la nature, étant très simple en apparence, il est très profond, et, quoi qu'on en ait dit, les enfants le comprennent, mais la philosophie trouve son compte aussi dans ses vers. Dirai-je qu'on reconnaît à ce signe les vrais naturalistes ? Mais si je voulais en donner les raisons, il y faudrait trop de temps et de place. Contentons-nous donc de faire observer qu'ayant la ressemblance d'un portrait, son œuvre en a l'intérêt, qui est d'équivaloir à l'original ou plutôt de le suppléer. C'est ce qui explique en passant que tant de naturalistes soient eux-mêmes inférieurs à leur œuvre. Ils n'ont pas su ce qu'ils y mettaient, et au fait, beaucoup d'entre eux n'y ont mis que leur habileté de main, mais cette habileté de main était extraordinaire et rien qu'en peignant la nature, ils en ont, comme sans le savoir, exprimé toute la profondeur. Hâtons-nous ici de dire cependant que si l'observation est vraie de La Fontaine et qu'ainsi nous puissions lui prêter bien des intentions qu'il n'a pas eues, mais qui n'en sont pas moins dans son œuvre, c'est qu'un dernier trait s'ajoute en lui aux deux autres, et qu'autant qu'artiste et que naturaliste, il a été poète.

Jean de la Fontaine : Après 1670

Nous n'avons plus maintenant qu'à reprendre l'histoire de la vie de La Fontaine. La publication des six premiers livres des Fables fut suivie de près, en 1669, de celle d’Adonis et de celle de Psyché en 1671. C'est dans la préface, ou, plus exactement, c'est dans le Prologue de ce dernier ouvrage que La Fontaine s'est représenté sous le nom caractéristique de Polyphile (ami de toutes choses), visitant la « ménagerie » de Versailles, en compagnie de Gélaste (Molière), d'Acanthe (Racine) et d'Ariste (Boileau).

« Ce qui leur plut davantage, y lit-on, ce furent les demoiselles de Numidie et certains oiseaux pêcheurs qui ont un bec extrêmement long, avec une peau au-dessous, qui leur sert de poche. Leur plumage est blanc, mais d'un blanc plus clair que celui des cygnes ; même de près, il parait carné et tire sur la couleur de rose vers la racine. On ne peut rien voir de plus beau. C'est une espèce de cormorans. »

Voilà quelques lignes qui tendent à prouver le scrupule ou la minutie même de La Fontaine dans l'observation, quand le sujet l'en intéressait.

Aux Amours de Psyché succédèrent un recueil nouveau de Contes, en 1671, puis, en 1673, le Poème sur la Captivité de Saint Malc. Une velléité lui était venue de se convertir, pour plaire sans doute à son ami Boileau. Mais elle ne dura guère et, dès l'année suivante (1674), il publiait la quatrième partie de ses Contes. Il travaillait en même temps aux cinq livres suivants de ses Fables (VII, VIII, IX, X et XI), qui paraissaient en 1678, sous les auspices de Mme de Montespan, à qui le recueil est dédié. Un court avertissement du poète précisait assez heureusement la différence qu'il avait voulu mettre entre ces cinq nouveaux livres et les six premiers. II y avait, disait-il « usé plus sobrement des traits familiers qu'il avait semés dans les autres avec assez d’abondance », il avait étendu davantage les circonstances de ses récits ; enfin il avait « tâché d'y mettre toute la diversité dont il était capable » et il avait réussi. Tel fut du moins l'avis des bons juges. Nous ne dirons rien après cela du Poème sur le Quinquina, composé à la demande de la duchesse de Bouillon, et publié en 1682. C'est un pensum d'un autre genre, mais dont le poète, en dépit de toute sa souplesse, ne s'est pas tiré beaucoup plus heureusement que du Poème sur la captivité de Saint Malc, et si nous ne savions pas qu'il est de lui, nous ne le croirions jamais. Nous en faisons la remarque avec intention. Nul exemple, en effet, a moins que ce ne soit celui de la Mélicerte de Molière, ne saurait mieux prouver a quel point un écrivain de génie peut tomber au-dessous de lui-même et quels dangers on court, avec certains érudits, quand on prétend décider de l'authenticité de ses ouvrages d'après le caractère de son style.

C'est sur ces entrefaites qu'une place étant devenue vacante à l'Académie française par la mort de Colbert (1683), La Fontaine se mit sur les rangs. Il fut élu, contre Boileau, sur le nom de qui les adversaires de La Fontaine, comme l'on dit, se comptèrent. Mais le roi, qui n'aimait ni l'auteur ni son œuvre, ou du moins ses Contes, refusa ou différa de donner au choix de l'Académie l'approbation qui le rendait seule définitif ; il fallut attendre une autre vacance ; elle ne se produisit qu'en 1684 ; et c'est alors seulement, quand Boileau eut été nommé, que Louis XIV, ratifia l'élection du fabuliste. « Vous pouvez recevoir incessamment La Fontaine, dit-il au directeur de l’Académie, il a promis d'être sage. » Le premier gage de sa sagesse fut le Discours à Mme de La Sablière (1684), qu'il lut en séance publique, le jour même de sa réception. Le second fut la publication d'un dernier recueil de Contes - c'est celui où figurent pour la première fois les Aveux indiscrets et le Fleuve Scamandre. Heureux encore s'il eut rien fait de pis ! Maïs depuis qu'il était passé de la protection de la duchesse d'Orléans, à celle de la duchesse de Bouillon ; puis, quand la duchesse de Bouillon se fut trouvée compromise dans la mémorable affaire des poisons, sous la protection de Mme de La Sablière, si sa manière de vivre avait jadis manqué de dignité, elle manquait maintenant de décence. N'eût-il fait que mettre la main aux comédies de Champmeslé (Ragotin 1684 ; Le Florentin 1685 ; La Coupe enchantée 1688), ce serait déjà trop pour sa gloire et, puisque l'occasion s’en offre, nous ne saurions trop regretter que la Comédie Française quand elle joue par hasard cette dernière pièce, nous la donne sous le nom de La Fontaine. Mais d'autant plus libre dans ses meurs qu'il était plus gêné dans ses affaires, et d'autant plus insouciant de l'opinion qu'il prenait plus d'années, son existence n'était plus que celle d'un parasite. Lorsque Mme de La Sablière, cruellement abandonnée par le brillant marquis de La Fare, se fut retirée aux Incurables, La Fontaine n'en continua pas moins de faire la débauche avec La Fare et de vivre sous le toit de Mme de La Sablière. Quand Mme de La Sablière fut morte et qu'il lui fallut chercher un autre asile, il accepta sans plus de façons celui que lui offrait la belle Mme d'Hervart. Il fréquentait en même temps cette société des Vendôme, ou on peut dire sans exagération qu'en plein règne de Louis XIV - et de Mme de Maintenon, - l’esprit du XVIII siècle préludait à ses prochaines hardiesses. Et il faisait enfin la connaissance de Mme Ulrich, la dernière de ses faiblesses, l'inspiratrice aussi de ses derniers Contes et les plus licencieux. Une de leurs lettres nous renseigne assez sur la nature de leur liaison. « J'accepte, Madame, lui écrivait La Fontaine, au mois d'oct. 1688, j'accepte vos perdrix, votre vin de Champagne, et vos poulardes. J'accepte aussi une chambre chez M. le marquis de Sablé, - c'était un autre des amants de la dame, j'accepte encore. Et en un mot accepte tout ce qui donne bien du plaisir. Mais j'en viens toujours à ce diable de mari, qui est pourtant un fort honnête homme. Ne nous laissons pas surprendre. Evitons cela, je vous en prie, si nous le pouvons. »

La dernière maîtresse de La Fontaine finit par échouer à l'Hôpital général. Réussit-il à lui échapper ? On sait du moins que vers la fin de l'année 1692, étant tombé dangereusement malade, sa maladie, qui fut longue, et dont il eut beaucoup de peine à se remettre, l'engagea dans de sérieuses réflexions. Le confesseur que lui envoya le curé de Saint-Roch exigea de lui la rétractation ou le désaveu du livre infâme, de ses Contes, et, après un long combat, La Fontaine y consentit. II se remit pour célébrer dans une lettre au chevalier de Sillery la victoire de Steinkerque (1692) et pour achever en quelque manière de régler ses affaires poétiques par la publication du dernier livre de ses Fables, le douzième dont quelques morceaux avaient déjà paru, mais qu'il compléta et qu'il adjoignit aux onze autres. Avons-nous besoin de dire qu'on y sent la fatigue ? Il s'occupait en même temps de dévotes paraphrases : « J'espère que nous attraperons tous deux les quatre-vingts ans écrivait-il à son ami Maucroix et que j'aurai le temps d'achever mes hymnes. Donne-moi ton avis sur le Dies Irœ, dies illa que je t'ai envoyé. » Mais on hésite sur la question de savoir si les Stances sur la soumission que l’on doit à Dieu sont de lui ou de Pavillon. Si Mme Ulrich les lui attribuait, Mathieu Marais les donne à Pavillon, et nous ne croyons pas que des vers comme ceux-ci suffisent à terminer le débat.

« Crois-tu que le plaisir qu'en toute la nature
Le premier Être a répandu,
Fût un piège qu'il a tendu
Pour surprendre la Créature
Non, non, tous les biens que tu vois
Te viennent d'une main et trop bonne et trop sage,
Qu'il en est quelqu'un dont ses divines lois
Ne te permettent pas l'usage,
Examine-le bien, ce plaisir prétendu,
Dont l'appât tâche a te séduire,
Et tu verras, ingrat, qu'il ne t’est défendu
Que parce qu'il pourrait te nuire. »

Mais il faut citer tout entière sa dernière lettre à Maucroix, dont l'accent de sincérité a quelque chose de singulièrement éloquent « Tu te trompes, mon cher ami, si ! c’est bien vrai, comme M. de Soissons me l'a dit, que tu me croies plus malade d'esprit que de corps. Il me l'a dit pour tacher de m'inspirer du courage, mais ce n'est pas de quoi je manque. Je t'assure que le meilleur de tes amis n’a plus qu’à compter sur quinze jours de vie. Voilà deux mois que je ne sors point, si ce n'est pour aller un peu a l’académie, car cela m'amuse. Hier, comme j'en revenais, il me prit au milieu de la rue du Chantre, une si grande faiblesse, que je crus véritablement mourir. Ô mon cher, mourir n'est rien, mais songes-tu que je vais comparaître devant Dieu ? Tu sais comme j'ai vécu. Avant que tu reçoives ce billet, les portes de l'éternité seront peut-être ouvertes pour moi. » La lettre est datée du 10 févr. 1695. La Fontaine mourut deux mois plus tard, le 13 avr. 1695 dans sa chambre de l'hôtel d'Hervart, rue Plâtrière, c'est aujourd'hui la rue Jean-Jacques Rousseau. Il était âgé de soixante-treize ans et neuf mois.

F. Brunetière. Biographie de La grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts.
Présentée par Stéphen Moysan.

Les Poèmes de A à Z

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