Éternels Éclairs

Florilège de poèmes, chansons, textes, et paroles
de Damien Saez (né en 1977)



Par Stéphen Moysan

Attention des droits d'auteurs, que nous ne possèdons pas, protègent la majorité des oeuvres ici présentes.

Anatoline

Anatoline dis-moi qu’allons-nous faire ensemble Dans ce monde qui bat jusqu’au cœur de mon ventre Est-ce qu’on pourra un jour mettre à jour cet amour Qui ressemble au démon qui nous appelle à l’ombre D’ici moi je vois Dieu aux caresses de l’âme Quand tu mets tant de venin d’oxygène à la flamme Si nous ne faisons qu’un, mort aux cons, mort au monde Qui n’ont pour seul destin que brûler les Jocondes. Qu’importe leur morale, qu’importe les poncifs De leurs éducations nous sommes le récif Face au conventionnel de leurs tristes prisons Ils ne sont que frontière et nous sommes l’horizon Si tu es mon miroir je serai l’impossible À voir par le regard nous serons l’invisible À leurs yeux trop stupides pour comprendre les cieux Impossible aux cupides de leur triste bon dieu Nous serons le plus beau des tableaux de l’humain Comme un pinceau d’amour l’amour soudain vous peint Si l’infinité oui portera ton nom Puisque tes doigts de fée savent faire le frisson Comme une éternité d’un amour horizon Sait faire de l’univers une simple saison En Enfer avec toi j’irai mille fois plus qu’une Comme un soleil se couche dans les bras de la Lune Marions dans les lits mais jamais sur l’autel Des églises qui ne feraient de nous qu’un ciel Qui n’auraient plus de libre qu’être pris dans la cage De ces oiseaux privés à jamais du voyage Moi j’emmerde leurs dieux, leur morale et leurs anges Moi j’emmerde tous ceux qui trouvent ça étrange Si moi je n’ai de Dieu que cet amour pour toi Pour toi qui me ressembles du même sexe que moi Oh non Anatoline l’amour n’a pas de sexe Que celui de l’amour et tant pis si ça vexe Les tristes conformismes des coutumes des moutons Tous les impérialismes de la pensée des cons Et crois bien oui que quoi qu’en disent les religions Il n’est pas de Dieu mon ange qui condamne le frisson Qu’il soit tout là-haut ou bien qu’il soit en bas Il sait que l’amoureux n’a pas besoin de lois Et toi qui me fredonnes tous les mots des poètes Infinité de toi quand soudain la tempête En tes yeux dit tout bas : prends-moi dans l’océan Qui jaillira de moi pour faire de toi l’aimant Qu’en papillons de lune là dans le clair-obscur Nous nous réincarnions pour soigner la blessure Et que l’étreinte nous mène bien plus loin que nous-mêmes Pour que soudain la peine se transforme en je t’aime Anatoline, nous sommes sans doute diaboliques Mais que le Diable est bon quand il reste biblique Si tu es mon péché Dieu que la pêche est bonne Quand nos âmes aux plaisirs de la chair s’abandonnent Nous les indestructibles là comme deux Jocondes Soyons cet invincible face au tonnerre qui gronde Soyons l’éternité, soyons chaque seconde Face à la fin des temps, face à la fin des mondes D’un seul cœur unifié oui mais d’un feu d’amour Qui sait faire de l’éternité lever du jour Quoi de mieux pour renaître ouais bien meilleur que soi Que de perdre son être à l’intérieur de toi Et s’il faut tant mourir, mourir d’amour pour toi Alors oui que je meure étouffée dans tes bras Car tu le sais mon cœur notre amour sera roi Puisqu’il n’est rien ici plus Dieu que toi et moi J’emmerde ceux qui jugent, j’emmerde leur morale J’emmerde ceux qui croient que l’amour est un mal J’emmerde leur bêtise puis leur bienséance J’emmerde leur bon dieu puisque j’ai l’innocence D’aimer à cœur ouvert le même sexe que moi Comme on aime la beauté de retrouver en soi La liberté d’aller au delà les prisons Pour faire du verbe aimer oui toujours l’horizon

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

Au cimetière des amours

Au cimetière des amours, moi j’ai planté ta croix Pour recueillir un peu, oui les fleurs d’autrefois Et s’il est un jardin qui soit fait de nos cendres Comme ils sont des destins qui sont fait pour se pendre Au cou d’une moitié au cou d’une colombe De ses éternités qui dorment sous les tombes Au cimetière des amours, j’y retourne parfois Parfois pour y pleurer, pour pisser de joie Pour arroser jardin, pour repenser à toi Pour caresser ta main, pour pisser sur des croix Prendre un bain de soleil et regarder le ciel Puis voir les hirondelles rejoindre les tourterelles Viennent quelques prénoms quelques bouts de mémoire Comme un siècle en chemin vient vous conter l’histoire Vient vous conter les cieux de ces cœurs amoureux De ces cœurs qui se serrent pour mieux se dire adieu Au cimetière des amours, oui je repense à toi Puis j’entends les tambours qui font les guerres parfois Qui font pleurer les fleurs des jardins de nos vies Qui font pleurer mon cœur qui fait tomber la pluie Qui fait que les cimetières un beau jour en jardin Ressemblent à ces endroits où viennent jouer gamins Où se disent amoureux les enfants sacrés Oui que jusqu’à la tombe tu seras ma moitié Au cimetière des amours, je suis perdu parfois À jouer du tambour aux cœurs des filles de joie Qui ont perdu leur chemin ou qui passent par là Je chante Varsovie mais il n’y a que moi Et les fleurs qui se meurent de te savoir partie Et les fleurs qui se meurent et chantent Varsovie Comme un jardin qui pleure à faire pleurer des croix Comme un jardin se meure comme je me meurs de toi Au cimetière des amours, on se retrouve un jour On se retrouve un jour pour se parler d’amour Pour voir passer les heures qui poussent sur les tombes Pour regarder les fleurs dessous la pluie qui tombe Au cimetière des amours sûr qu’un jour on sera Un prénom sur la pierre de ce jardin de croix Pour regarder les fleurs je crois bien vu d’en bas Venir marier le ciel puis la terre tu vois Que me jette la pierre celui qui n’a compris Que les amours sous terre ont le cœur infini Qui se bat sans un mot qui chuchote au printemps Le ruissellement de l’eau quand s’écoule le temps Sous la croix moi je crois, moi pourtant qui n’ai cru Ici oui que l’amour serait toujours perdu Sous la croix moi je crois, que se croisent toujours Ceux qui ont le cœur qui bat, qui bat comme un tambour Aux amoureux perdus, aux amours à la rue Aux cœurs qui savent battre, aux cœurs qui savent plus Aux yeux dans la tempête, à ces marins perdus À nos cœurs, à la fête, à quand on a trop bu Aux sanglots déferlants sur mon cœur qui se noie Au triste du pleurant, oui quand je pleure de toi Aux armes de nos cœurs, aux larmes de nos combats À l’ivresse, à la joie de pisser sur des croix Au bar de la tristesse, à celle qui m’a pas vu À ceux que la vie laisse, aux filles qu’ont des vertus À ces tristes destins, aux caresses d’un nu À la force du poing, aux beautés des vêtus À la force des proses, de mon génie de peine Au siècle d’amoureux marchant les bords de Seine Aux parfums de nos roses ou bien des chrysanthèmes Dis-moi quoi de plus beau que se dire que l’on s’aime ? Au cimetière des amours, oui moi j’entends des voix Et le ciel semble sourd à ceux qui vivent là Les siècles de poèmes puis les siècles de tendres Qui sous les chrysanthèmes n’ont plus cous à se pendre Que le coût de la vie, c’est mourir et bien pire C’est perdre son amour et garder son empire Pour finir à genou, empereur de personne Que de ce temps qui passe, puis qui vous abandonne Empereur à genou, je suis là sur la terre À nourrir de sanglots les fleurs de ce cimetière À prier des bons dieux auxquels je ne crois pas Oui puisqu’ici de dieu, moi je ne vois que moi Dieu de ma solitude, de ma misère humaine À ce cœur qui titube, puis qui chante la peine Au cimetière des amours, moi je prie des poussières De redonner la vie aux enfants de la terre Alors, on est tous là au cimetière des amours Toi c’était pour Olga, moi c’était pour toujours Que je meure à genou devant ces bouts de bois Que je meure à genou devant ces bouts de toi Dont je me souviens pas, dont je me souviens plus Mais dont je sais savoir oui qu’ils se sont perdus Dans le fond des mémoires, dans le fond des cimetières Dis-moi dessous la tombe qui a gagné la guerre ? Au cimetière des amours, je suis perdu parfois À jouer du tambour aux cœurs des filles de joie Qui ont perdu leur chemin ou qui passent par là Je chante Varsovie mais il n’y a que moi Et les fleurs qui se meurent de te savoir partie Et les fleurs qui se meurent et chantent Varsovie Comme un jardin de fleurs à faire pleurer des croix Comme un jardin qui meure, comme je me meurs de toi Au cimetière des amours, oui moi j’entends des voix Mais le ciel semble sourd à ceux qui vivent là Les siècles de poèmes puis les siècles de tendres Qui sous les chrysanthèmes n’ont plus cous à se pendre Que le coût de la vie, c’est mourir et bien pire C’est perdre son amour mais garder son empire Pour finir à genou, empereur de personne Que de ce temps qui passe, puis qui vous abandonne Au cimetière des amours, moi je repense à toi Puis j’entends les tambours qui font les guerres parfois Qui font pleurer les fleurs des jardins de nos vies Qui font pleurer mon cœur, qui font tomber la pluie Sur les ruisseaux de proses de mon génie de peine Vont les siècles amoureux marchant les bords de Seine Aux parfums de nos roses ou bien des chrysanthèmes Dis-moi quoi de plus beau que se dire que l’on s’aime ?

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

Château de brume

il est un endroit perdu il est un endroit tu sais où je recueille en passant mes deuils et mes tourments il y avait un cimetière là et moi j’y ai planté des roses que les poussières des âmes en pleurs oui qu’elles viennent nourrir les fleurs il est de ces destins maudits il est de ces mots qu’on se dit il est un endroit de fantômes il est des lignes au creux des paumes il est des soirs mélancolie il est des brouillards dans la nuit là-haut sur la campagne belle il est la terre des tourterelles il est des murs qui m’emprisonnent et si moi là je t’abandonne si l’amour parfois doit s’enfuir tu sais c’est pour mieux revenir dans mon château de brume juste en-dessous la lune je suis princesse parfois mais dis-moi princesse de quoi si mon roi est parti toujours pour d’autres cœurs d’autres amours moi j’aime à retourner là-bas juste à penser à toi et moi la nuit je vais cœur de fantôme je marche nu dans la forêt j’ai ta blessure au creux des paumes j’ai la blessure du condamné je suis le murmure du vent j’entends le sacre du printemps moi je repars à la conquête oui de mon cavalier sans tête il reviendra par la forêt de ce donjon me libérer du fond de mes éternités moi je l’attends mon écuyer la lune est belle et moi je meurs du fond de mon tombeau de fleurs au gré des cœurs de chrysanthèmes au gré des adieux, des je t’aime au gré des fleurs de chrysanthèmes au gré des adieux, des je t’aime il est perdu dans un jardin entre la neige et le chagrin les mots d’amour qu’on s’était dits de ces destins qui sont maudits il est le chant des mornes plaines aux hivers à chanter qu’ils s’aiment avant de mourir au combat comme je meurs d’amour pour toi il est oui des champs de bataille de cet amour dans mes entrailles qui ressemblent au dernier repas il est oui quand l’hiver est froid il est sous le ciel de novembre il est oui les siècles à se pendre il est des empires de blessures il est l’envol et l’envergure la nuit je vais cœur en détresse je marche nu dans les forêts j’ai la blessure du chant des messes j’entends le pleur du condamné je suis le murmure du vent j’entends les sacres du printemps moi je repars à la conquête ouais de mon cavalier sans tête il reviendra par la forêt de ce donjon me libérer du fond de mes éternités moi je l’attends mon écuyer la lune est belle et moi je meurs du fond de mon tombeau de fleurs au gré des fleurs de chrysanthèmes au gré des adieux des je t’aime dans mon château de brume juste en-dessous la lune je suis princesse parfois mais dis-moi princesse de quoi si mon roi est parti toujours pour d’autres cœurs pour d’autres amours là-bas tu sais je pense à quoi là-bas je pense à toi et moi

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

Jeunesse lève-toi

Comme un éclat de rire vient consoler tristesse Comme un souffle avenir vient raviver les braises Comme un parfum de soufre qui fait naître la flamme Jeunesse lève-toi Contre la vie qui va qui vient puis qui s’éteint Contre l’amour qu’on prend qu’on tient mais qui tient pas Contre la trace qui s’efface au derrière de soi Jeunesse lève-toi Moi contre ton épaule je repars à la lutte Contre les gravités qui nous mènent à la chute Pour faire du bruit encore à réveiller les morts Pour redonner éclat à l’émeraude en toi Pour rendre au crépuscule la beauté des aurores Dis-moi qu’on brûle encore dis-moi que brûle encore Cet espoir que tu tiens parce que tu n’en sais rien De la fougue et du feu que je vois dans tes yeux Jeunesse lève-toi Quand tu vois comme on pleure à chaque rue sa peine Comment on nous écœure perfusion dans la veine À l’ombre du faisceau mon vieux tu m’auras plus Ami dis quand viendra la crue Contre courant toujours sont les contre-cultures Au gré des émissions leurs gueules de vide-ordures Puisque s’en est sonnée la mort du politique L’heure est aux rêves aux utopiques Pour faire nos ADN un peu plus équitables Pour faire de la poussière un peu plus que du sable Dans ce triste pays tu sais un jour ou l’autre Faudra tuer le père faire entendre ta voix Jeunesse lève-toi Au clair de lune indien toujours surfer la vague À l’âme au creux des reins faut aiguiser la lame Puisque ici il n’y a qu’au combat qu’on est libre De ton triste sommeil je t’en prie libère-toi Puisque ici il faut faire des bilans et du chiffre Sont nos amours toujours au bord du précipice N’entends-tu pas ce soir chanter le chant des morts Ne vois-tu pas le ciel à la portée des doigts Jeunesse lève-toi Comme un éclat de rire vient consoler tristesse Comme un souffle avenir vient raviver les braises Comme un parfum de soufre qui fait naître la flamme Quand plongé dans le gouffre on sait plus où est l’âme Jeunesse lève-toi Contre la vie qui va qui vient puis qui nous perd Contre l’amour qu’on prend qu’on tient puis qu’on enterre Contre la trace qui s’efface au derrière de soi Jeunesse lève-toi Jeunesse lève-toi

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

L'oiseau liberté

Ce n’est pas un adieu c’est juste un au revoir Nos internationales patron toujours l’espoir Et si nos frères tombent nous chanterons leur mémoire Et si c’est sous les bombes que s’écrit notre histoire Nous resserrerons nos rangs nous planterons nos croix Nous combattrons les vents toi qui nous combattra Comme un oiseau blessé dans la nuit volera Mon oiseau liberté qui repart au combat S’il faut mourir d’amour mourir de liberté Partir comme un oiseau qui s’en est envolé Alors oui que je meurs comme un drapeau dressé Une rose tendue face aux fusils pointés Une rose en martyr pour nos humanités Juste un bouquet d’amour pour nos amis tombés Qui n’ont oui que leur fleur à offrir au bûcher Qu’une fleur à leur tendre à ces fusils pointés Que se lèvent tous ceux qui ont le même dieu sur terre Puisque le dieu des dieux oui c’est d’aimer son frère Quelle que soit la douleur des blessures de nos âmes De mon pays qui pleure quand on touche à la flamme Quels que soient les cimetières enfants de notre patrie La force des lumières tire plus loin qu’un fusil Mon pays des lumières il est l’heure de s’unir Ton drapeau triste France il est l’heure de brandir Que flotte pour toujours de ce vendredi noir Mon pays liberté le drapeau de l’espoir Un jour l’oiseau m’a dit comme un souffle printemps Qu’un jour prochain oui sur la terre de nos enfants Il n’y aura plus la guerre il n’y aura plus le sang Y’aura plus ces misères qui nous cernent à tous vents Mon oiseau liberté ne craint pas les fusils Il ne craint pas les balles de toutes tyrannies Et même s’il s’envole tué par l’infamie Renaîtra de ses cendres mon oiseau infini Il repart au combat sous le ciel de novembre La lumière renaîtra pour de meilleurs septembres Il repart au combat face à l’ombre des nues Il repart au combat contre la triste vie Il vole sur les plaines il s’en va triste plume Sous le chant de nos peines sous le chant de la lune Au vent soufflant les terres qu’on martèle à l’enclume Nous chantons nos prières pour que la nuit s’allume Chante avec moi frangin pour notre mère la Terre Qu’ici-bas il n’est rien qui ne fasse lumière Nous sommes tous en chemin vers l’obscur ou le clair Et perdus dans l’écrin de notre mère la terre Envolés sur le dos de l’oiseau liberté Emportés par les crocs de la haine incarnée Si nous sommes cernés par tous les terrorismes Ceux du sang de la haine ou ceux de nos fascismes S’il faut plus qu’une armée pour protéger nos libres On ne combat jamais mieux qu’en ouvrant des livres Pour ceux-là fusillés qui pour l’éternité Resteront le symbole de notre liberté Nous chantons nos prières Nous chantons pour la terre Nous chantons la lumière contre l’obscurité Tous les peuples du monde poing levé liberté Quelles que soient les prières pour ne pas oublier Mains tendues à leurs frères contre fusils pointés Que nous sommes sur la terre tous frères d’humanité Nous sommes fils des Ardennes Nous sommes fils de Provence Puis jusqu’aux Aquitaines Nous sommes la France Nous sommes pays du libre pays des tolérances Face à l’assassin nous offrons l’innocence De l’oiseau liberté face aux horreurs mitrailles Nous ne quitterons jamais oui le champ de bataille Nous n’avons qu’un seul dieu c’est la vie sur Terre Nous n’avons qu’un seul dieu c’est d’aimer son frère Mon oiseau liberté ne craint pas les fusils Il ne craint pas les balles de toutes tyrannies Et même s’il s’envole tué par l’infamie Renaîtra de ses cendres mon oiseau l’infini Et même s’il s’envole tué par l’infamie Renaîtra de ses cendres mon oiseau l’infini

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

Les enfants paradis

Ils étaient des sourires ils étaient des sanglots Ils étaient de ces rires que font les chants d’oiseaux Ils étaient des matins quand on va bord de mer Ils étaient cœur chagrin ils étaient cœur lumière Ils étaient des poèmes ils étaient des oiseaux Ils étaient des je t’aime qu’on dit bord du ruisseau Ils étaient du café ils étaient du bistrot Ils étaient étrangers ils étaient sans drapeau Ils étaient de Paris ils étaient de Province Ils étaient cœur de pluie qui font mon cœur qui grince Ils étaient plein de vie avaient l’œil du printemps Ils étaient cœur qui rit quand le ciel est pleurant Ils étaient des promesses ils étaient devenir Ils étaient bien trop jeunes oui pour devoir partir Ils étaient fils d’orient ou fils de l’occident Enfants du paradis enfants du Bataclan Ils étaient cœur français ou international Ils étaient la rosée qui pleure dessous le châle Ils étaient des promesses ils étaient des bourgeons Qui font monter tristesse ils étaient des chansons Ils étaient des familles ils étaient des amis Ils étaient ce qui brille dans le ciel de la nuit Ils étaient amoureux ceux qui se sont blottis L’un contre l’autre à deux contre la tyrannie Ils étaient comme toi ils étaient comme moi Ils n’étaient pas guerriers mais sont morts au combat Ils étaient cœur d’amour ils étaient cœur qui bat Puis qui battra toujours même en dessous la croix Ils étaient ces amis que je connaissais pas Ils étaient mon pays et puis le tien je crois Ils resteront Paris Paris se souviendra Toujours de ces amis la lumière brillera Ils s’appelaient je t’aime ils s’appelaient jeunesse Ils s’appelaient poème ils s’appelaient tendresse Ils s’appelaient frangines ils s’appelaient frangins Ils s’appelaient gamines ils s’appelaient gamins Ils s’appelaient la joie et puis la non-violence Ils s’appelaient je crois les enfants de la France De tous les horizons puis de tous les prénoms Ils s’appelaient amour s’appelaient l’horizon Ils s’appelaient Jacques Brel puis je crois Barbara Ils s’appelaient le ciel s’appelaient pourquoi Toujours ici sommeille l’horreur au creux du bois Qui rejoint l’éternel va l’innocent je crois Ils étaient poings levés ils étaient nos concerts Ils étaient cœurs serrés oui face aux tortionnaires Ils étaient cœurs d’œillets des fleurs face aux fusils A nos cœurs endeuillés nous pleurons nos amis A l’innocent qu’on tue oui tombé sous les balles Au soldat inconnu sous l’horreur des mitrailles Si sont les lettres mortes les cantiques du chagrin Puisque frappe à la porte les plaines de Verdun Si sont tombés ce soir en ce vendredi noir Les frères de mon pays nous laissant désespoir Mon pays ta culture est morte assassinée Mais tu sais ma culture non ne mourra jamais Toi mon pays Molière toi mon pays Vinci Toi mon pays Voltaire toi mon pays Valmy Toi mon pays la Terre toi mon pays Paris Toi mon pays par terre relève toi mon pays Toi mon pays lumière toi mon pays la vie Mon pays Littéraire mon pays triste vie Toi mon pays mes frères toi frère de mon pays Comme on chérit sa mère on chérit sa patrie

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

Les meurtrières

Je suis venu pour te rejoindre Toi tu n'as pas voulu me voir Pour ce marin sur son navire Il sera vieux le port ce soir Tant pis nos amours échouées Quelle ironie 11 septembre L'amour est juste à accepter Pas à comprendre Les rues sont mortes Et moi je meurs De les voir mortes autant que moi Et le vent porte sur les écumes Des voiliers blancs au fond des gares Le regard sur le téléphone Non je n'aurai plus de nouvelles Que l'incompréhension des yeux Des religieux perdant le ciel Les avenirs perdent futur Et les présents jamais ne durent Les amours conjuguent au passé Quiconque a cru qu'ils s'aimeraient Et nous ne nous aimons plus Ou du moins nous l'avons perdu L'indestructible que le temps prend plaisir à tuer parfois Pourquoi tu veux pas m'parler Tu as sans doute tes raisons Ces choses dures à accepter Quand on a perdu la passion Alors va pour l'indifférence Va pour ces choses qui n'ont de sens Que le silence qu'on leur fait dire Et les Rimmel dans les sourires La nuit s'agite On est pas quitte L'horreur des injures je te jure On aurait dû passer tout ça Recoudre un peu nos déchirures Mais la mémoire non n'est pas neuve Et ma violence n'est pas nouvelle Ces écorchures au fond de moi Au goût d'enterrement parfois New York a mis son manteau blanc Et moi j'ai rangé mes couteaux Un jour tu sais tu reviendras Pour un café ou quoique ce soit Arrête de délirer enfin Tu sais qu'elle ne reviendra pas Que la forêt a pris le feu Puis que l'amour a dit adieu 11 septembre au gré des cendres Le monde en pleurs pour le Center Et moi qui pleure pour mon amour Je sauterais bien du haut d'une tour Bien sur la mienne est fille unique Mais elle aurait le goût du ciel Elle aurait le goût des tragiques Des meurtrières, des meurtrières Aux processions du Nouveau Monde Moi j'emmerde la pluie qui tombe Je les regarde faire leur deuil Et moi non ça ne m'émeut pas Mon cœur est pris par d'autres crimes Il est pris par l'amour de toi Et si deux tours manquent à New York Mon amour toi tu manques à moi Si les amours ne peuvent faire Je crois jamais machine arrière Je m'en vais comme je suis venu Dans un train pour un or perdu Y a pas de news dans l'téléphone Qu'leur commémoration lugubre Puisque ma route est funéraire Puisque sans toi est ma lumière Aux génocides qu'on nous vend A nos consciences les tremblements Tu sais tout ça ne m'émeut guère Et puis le destin de la Terre Elle peut mourir moi je m'en fous Puisqu'elle me fait vivre sans toi Puisque tous les levers du jours Sans toi ne se relèvent pas Les meurtrières, les meurtrières Le soleil s'incline en silence Il me dit que tu manqueras Je sais qu'à l'autre bout du monde Il doit s'incliner devant toi Le soleil s'incline en silence Il me dit que tu manqueras Je sais qu'à l'autre bout du monde Oui qu'il s'incline devant toi Allez je saute j'en peux plus Et que les goélands m'emmènent Où les poètes sont les dieux Où les adieux sont les je t'aime Voir un peu les villes d'en haut Comment ça brille un peu la Terre Me dire que toi là où tu es Tu es une de ces lumières Aux processions du Nouveau Monde Et de leurs yeux la pluie qui tombe Je les regarde faire le deuil Non moi ça ne m'émeut pas Mon cœur est pris par d'autres crimes Il est pris par l'amour de toi Et si deux tours manquent à New York Mon amour toi tu manques à moi 11 septembre au gré des cendres Le monde en pleurs pour le Center Et moi qui pleure pour mon amour Je sauterais bien du haut d'une tour Bien sur la mienne est fille unique Bien sûr qu'elle a le goût du ciel Bien sûr qu'elle a le goût des tragiques Des meurtrières, des meurtrières Je suis venu pour te rejoindre Toi tu n'as pas voulu me voir Pour ce marin sur son navire Il sera vieux le port ce soir Tant pis nos amours échouées Quelle ironie 11 septembre L'amour est juste à accepter

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

Ma magnifique

Elle est embuée dans le bain Elle est l’essence des parfums Elle est la rosée du matin Ma magnifique Faut voir quand elle donne le sein que je redeviens comme un bambin Il y a qu’elle qui fait que j’ai peur de rien Ma magnifique Elle est la beauté des Vinci, des Rembrandt, des Botticelli C’est pas Picasso, pas Dali Ma magnifique Dessous les draps quand elle me dit le chuchotement d’une eau de pluie Qui coule dans ses yeux poésie Des magnifiques Elle a les yeux d’une hirondelle à faire rougir les Gabriel Mon ange à moi, ma tourterelle Ma magnifique Le soleil peut se recoucher, puis toi tu peux te rhabiller Puisque rien ne peut égaler Ma magnifique Elle est pourquoi j’ai pas flingué ma tête il y a longtemps tu sais Pourquoi moi je l’ai statufiée Ma magnifique Tableau d’un instant quand les crues viennent inonder son cœur perdu C’est la Vérité dévêtue Ma magnifique Elle est comme un fruit défendu quand soudain elle se défend plus Elle est l’automne quand il a plu Ma magnifique Elle est de toutes les saisons, elle a le corps de l’horizon Qu’on veut juste remplir son bidon D’un magnifique C’est comme un big bang dans mon cœur Un moine qui mari la bonne sœur C’est comme un Pierrot à Honfleur La magnifique Je crois qu’elle est le saint des saints De toutes les saintes femmes les putains Elle est la vieillesse d’un bon vin Ma magnifique Elle dit des bêtises grosses comme elle Puis elle rougie comme une chandelle Qu’avec elle le superficiel est magnifique Elle est de mes yeux la prunelle A la prune ou la mirabelle Elle est le meilleur fruit du ciel La magnifique Qu’elle soit nature ou bien rimmel qui coule à faire pleurer le ciel De ses yeux oui de tourterelle La magnifique Elle s’envole un peu trop parfois dans les cieux Ou bien dans les draps des rivières pour noyer je crois des atlantiques Puis elle revient, sourire en coin, se faire pardonner le chagrin Que nous deux, ouais, on s’est fait pour rien tout ce tragique De mes sanglots elle fait le vin comme une ivresse vous prend la main Pour de la nuit jusqu’au matin faire des bibliques A en devenir religieux A genoux à prier ses yeux A vous faire croire oui au bon dieu La magnifique Elle a les yeux qui font croyant les siècles de ces tristes gens qui n’ont pour vie que le néant La magnifique De la laideur elle vous en fait, de nos pauvres cœurs à pleurer, de nos tristes humanités, nos pathétiques Elle aime souvent se faire la belle, elle est colombe à tire d’aile Tu sais qu’importe sous quel ciel Ma magnifique Elle a la beauté des dentelles Elle a la couture éternelle Elle a le regard d’un soleil La magnifique Comme un instant fait l’éternel Elle est pourquoi la Terre est belle Elle a dans le regard le ciel Des romantiques De ceux là qui n’ont besoin que de se noyer dans les yeux de l’autre oui pour croire en DieuPour y voir des magnifiques Et moi quand j’arrive au matin Que je la vois dans son train-train C’est tous les jours que je prendrai le train Pour l’Amérique Là dans le ventre du destin A mettre des coups de pieds, des coups de poings A se battre comme un galérien Dans l’Atlantique Un bout d’amour, un bout de rien pour combattre les lendemains Qui font que la vie tous les matins c’est pas magnifique Un jour je lui ferai un gamin Un p’tit amour, un p’tit Damien Pour un infini dans l’écrin De ma magnifique Pour voyager toujours plus loin Pour faire des rires de nos chagrins Pour faire d’un bourgeon un jardin Un magnifique Mais qu’il sera beau notre chérubin Mais qu’il sera beau le petit bambin Qu’on aura même plus besoin de rien Ma magnifique Quand je vois son ventre comme un dessin A faire pâlir tous les Rodin J’arrive même à me dire que l’humain C’est magnifique

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

Matins de pluie

On se retrouve un jour Sur un bord de fenêtre A regarder autour L’horizon des peut-être Dis-moi, tu reviendras ? Par un matin frapper A la porte du temps De nos amours passées Dans le cou tendrement Toi tu m’embrasseras Mon amour est parti Il m'a laissé ici Sur un quai de souffrance Mon amour est parti Par un matin de pluie Moi depuis je suis là, à guetter la fenêtre A me dire oui qu’un jour, il reviendra peut-être Mon amour, mon infini Et si l’infini vire, oui, toujours au néant Ici n'est rien de pire que de voir l’autre absent Que de voir l’autre qui est parti Il reviendra un jour Je le sais mon amour Il reviendra un jour Car revienne toujours Oui, les matins de pluie On repense à la vie A ce qu’on laisse ici On repense aux amours A celui qu’est parti On repense aux matins de pluie A ce qu’on n’a pas vu Des sanglots de l’hiver Aux amitiés perdues Et pis aux êtres chers Aux jours mélancolie On regarde les quais On se souvient des jours Tu disais tu m’aimais Comme on chante l’amour Quand tu faisais sourire Qu’on s’était fait au coin D’une rue en passant Ces choses de l’humain Qui font l’amour si grand Si grand qu’on en fait des empires On regarde le trottoir Les enfants dans le loin Du matin jusqu’au soir Oui qui sautent à pieds joints Dans les matins de pluie Et les amoureux fous Sur les bancs des promesses Et les amoureux fous Ont le regard tristesse Ont le regard des pluies On se promène un jour Sur le bord de l’église On comprend tout à coup Que la vie est promise A des matins de pluie Quand soudain le soleil Et la pluie se marient Que soudain l’arc-en-ciel Aux amoureux sourit Comme un sanglot qui brille Qu’il ne faut pas pleurer Que la vie est ainsi Qu’il faut laisser couler Les jours mélancolie Les jours matins de pluie Que viendra le beau temps Que viendra l’éclaircie Que revient le printemps Comme un mot qu’on se dit Sans un mot, sans un bruit On en fait des voyages On en fait des naufrages On se dit des mots doux On se fait des ombrages Pour protéger de la pluie Dans les torrents perdus Vont les jours et les nuits Perdus dans l’estuaire Dans l’océan des vies Vont nos ruisseaux de pluie Dans les larmes du temps De ce temps qui nous ronge Le destin des amants Tu vois quand on y songe C’est comme un matin de pluie Comme un matin qui vient Vous sortir de vos songes Comme une pluie soudain Qui vient passer l’éponge Sur nos cœurs Sur nos cœurs trop salis Qui vient sauver nos chairs Solitude au cimetière En goutte d'infini Qui vient laver la terre La beauté des matins de pluie Qui vient laver les yeux De nos cœurs amoureux Vont les larmes des dieux Pour éponger un peu Les jours où toi t’es partie On s’ébat sous la pluie Comme un papillon fou On repense au maudit On se met à genoux Pour quelques, pour quelques mots d’amour Pour une fleur tendue Qu’on vous donne à genou Qui fait monter les crues Des perles sur les joues Qui fait perler les pluies On s’embrasse les cœurs On s’enlace, on se pleure Pour qu’un jour L’amour fusse Oui pour que l’amour meurt Par un matin de pluie Qu’on soit amoureux fous Qu’on soit solitaire Sans un mot, sans un bruit Dans le fond du cimetière Sûr qu’un jour on se désunit Qui coule à la fenêtre Je regarde la pluie Au fragile de l’être Moi soudain je me dis Combien de temps depuis ? Depuis qu’on s’est aimé Depuis qu’il est parti Dans le ciel éploré Toi qui m’avais souri Moi j’ai le reard transi Comme un sanglot qui coule Comme un sanglot qui fuit Quand soudain vient la houle Dans nos yeux qui s’enfuient Comme un matin de pluie Quand du ciel à la terre Vont les gouttes de pluie Pleurant dans les cimetières Vont les cours de nos vies Vont les mélancolies Et les enfants qui jouent Et les enfants qui crient Comme un alléluia Vous rappelle à la vie Comme un matin de pluie Sautent à pieds joints dans l’eau Sautent dans l’infini L’infini des sanglots De ce ciel qui vous dit Oui sa mélancolie

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

Mon Européenne

elle est Gauloise au p’tit vin blanc elle est contre gouvernements elle est pas fille des religions elle est pas putain du pognon elle est vent du Nord ou d’Ouest elle est vent du Sud ou de l’Est elle est sans-abri à la rue elle est toujours peine perdue elle est gitane elle est profane elle est quand la gauloise plane elle est toujours fumeuse de joints elle dort dans les gares en chemin elle est solidaire au combat elle est Varsovie Messina elle est pas banquière pour un sou elle est pas bottes au garde à vous elle est sans-abri sans frontière elle est contre totalitaire elle est j’t’emmerde avec ta thune allez vas-y ressers une brune elle est ma gueule de Picasso elle est tous mes potes au pinceau Kusturica Sarajevo elle est pas loin la Gestapo mon Européenne c’est pas la Bruxelles mon Européenne c’est pas Genève c’est pas la thune tu marches ou crèves tu sais moi mon Européenne elle a pas vraiment de frontières son corps c’est la planète entière n’en déplaise au peuple bourgeois tu sais mon Européenne à moi elle est keupon rat sur l’épaule elle est tatouage de la taule elle est accordéon sanglot elle est accorde-moi un tango elle est destin des origines elle est racine gréco-latine elle est contre l’union bancaire elle est mes révolutionnaires elle est pote à Mimi Pinson elle est Roumanie sans pognon elle est guillotine pour les rois elle est plutôt comme toi et moi elle est pas médiatique je crois elle est pas politique bourgeois elle est paysanne au combat elle est partisane quand elle boit elle est ouvrière licenciée non c’est pas la fille du progrès elle est bandonéon métro elle est plutôt Manu Crado elle est nordique nord-africaine elle est un peu baltique aussi elle a des airs de statue grecque elle a des airs des Italies qu’on dirait Paris à Venise qu’on dirait Namur aux Marquises c’est Gauguin qui peint la terre comme un pinceau vous dit mon frère mon Européenne c’est pas Bruxelles mon Européenne c’est pas Genève c’est pas la thune tu marches ou crèves tu sais moi mon Européenne elle est pas Merkel ou Hollande c’est pas la valse des propagandes des discours de haine au bistrot elle est roumaine dans les métros elle a pas un rond fin du mois n’en déplaise au peuple bourgeois elle est pas Mercedes je crois elle est plutôt Grec au combat elle est Suédoise plans à trois elle est mon ardoise quand je bois elle est gréco-latine Germaine elle est Britannique quand elle traîne elle aime les bars elle aime la bière elle aime l’odeur du populaire elle est moitié louve moitié chienne elle est d’où qu’on aille d’où qu’on vienne elle est Barcelona corazon elle est Venise elle est Vérone c’est pas la boursière de London c’est l’enfer des Babylones elle est Cherbourg Saint-Pétersbourg elle est toutes les putains d’Hambourg elle est Russie américaine, tu sais moi ma République haine elle est polka dans les métros elle est Gypsy elle est Django elle est pas ghetto à Calais elle est pas règne du billet elle est Flamenco sous Franco elle a le sourire du prolo elle est p’tit matin au bistrot elle a la gueule Greta Garbo elle est accordéon sanglot elle est accorde-moi un tango elle a la beauté Ukrainienne tu sais moi mon Européenne c’est pas Bruxelles c’est pas Genève c’est pas la thune tu marches ou crèves c’est pas c’qui passe dans les radios c’est pas c’qu’on lit sur tes réseaux elle est Allemande elle est Anglaise elle est Flamande elle est Française elle est Bulgare elle est Slovaque poing levé contre la matraque mon Espagnole mon Italienne en farandole mon Européenne elle est Lettonne elle est Hongroise elle est Wallonne elle est Liégeoise elle est baltique elle est bohème ma Bolchévique ma Norvégienne elle est d’Athènes elle est Danoise elle m’fout la trique ma Suédoise elle est latine anglo-saxone puis souvent c’est vrai qu’elle est conne elle est continent vieille histoire elle est souvent sur des comptoirs elle est Galloise elle est Gauloise elle sait surtout m’laisser l’ardoise elle est révoltée polonaise elle a le sang nord-irlandaise elle est statue gréco-romaine tu la verrais mon Européenne ma Vénus à moi quand j’la traîne plus que tout mon Européenne qu’elle soit Chinoise ou Japonaise elle peut même être Américaine de Saïgon de Tian’anmen tu sais moi mon Européenne elle peut venir de toutes les terres tant qu’elle me chante des missionnaires ouais c’est sûr elle a pas d’frontières elle a le corps d’la Terre entière

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

Mon terroriste

Il est pas beur ou maghrébin Pas pakistanais ni indien Mon terroriste L’est pas sans-papier basané L’est pas non plus nord-irlandais Mon terroriste Il est pas sud-américain L’est pas de Barbès ou de Pantin Mon terroriste Il est plutôt vachement français Du genre courtier costume banquier Mon terroriste Non c’est pas l’ouvrier qui pend Son patron par les pieds pendants Mon terroriste Qu’y’en aura deux mille au chômage Leurs vingt ans d’usine en bagage Mon terroriste L'est pas né dans les HLM Dans l’insalubrité humaine Mon terroriste Y vient plutôt des parisiennes Des insalubrités mondaines Mon terroriste L’est pas gréviste manifestant L’est pas contre le dieu l’argent Mon terroriste L'est pas paysan du Larzac Brûle pas les macdos des bigmacs Mon terroriste J’crois pas qui paie souvent le loyer Y’a pas l’huissier qui vient frapper Chez mon terroriste Si c’est l’Elysée son quartier Puisque la France aime bien voter Pour des terroristes Il est pas solidaire cubain L’est pas anarchiste algérien Le terroriste L’est pas de la réserve des Indiens L’est pas fils du Che argentin Le terroriste Il est plutôt sur les plateaux À faire sa pute pour les blaireaux Mon terroriste J’crois pas qui paie beaucoup d’impôts Y crèche en Suisse ou Monaco Mon terroriste Il est pas du peuple gitan L’est pas roumain le président Des terroristes C’est pas les sans dents sans boulot Les sans-abris pas les clodos Le terroriste Il est pas bouddhiste au Népal Non y s’balade pas en sandales Mon terroriste Avec son sourire de cercueil Non crois-moi qu’il a pas la gueule D’un terroriste Non c’est pas mes bars de blédards C’est pas d’ceux-là dans les mitards Mon terroriste Oh non mon ami tu peux croire Oui qu’il a jamais vu d’parloir Le terroriste Y bosse plutôt dans les médias Roi de la propagandancia Le terroriste Y taille des pipes à la finance J’crois qu’il est plutôt roi de la France Le terroriste À chaque gamin qu’on fait sur terre Chaque respiration mon frère Leur terrorisme Moi j’le sens comme une cartouchière Chaque fin de mois dans mon salaire Le terrorisme C’est pas l’attentat dans l’métro C’est l’attentat dans ton cerveau Leur terrorisme Nos humanités mises à mort La pornocratie à tous bords Qui m’terrorise Alors à quand dis-moi mon frère Nous monterons pour tuer les pères Du terrorisme Pour leur apprendre des bonnes manières Puisqu’en argent sont les cuillères Du terrorisme Puisqu’après tout, on est tous frères Pour leur apprendre un peu la terre Des humanismes La guillotine au ministère Puisqu’il paraît faut faire la guerre Au terrorisme La guillotine au ministère Puisqu’il paraît faut faire la guerre Au terrorisme

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

On meurt de toi

Si nous nous sommes disparus Comme un marin qui prend les nues Pour l’océan Et qui s’enfonce au fond de l’eau L’amour emporté par les flots Les flots du temps Nous aurions pu nous unir mieux Comme on dit s’unir devant Dieu La mascarade Non moi ne m’a jamais tenté Oui que la sincère amitié Des camarades Au diable les rêveurs qui Ne tenant pas debout se lient Des bagues aux doigts Et si la mienne était poème Et si la mienne était en bois Elle était pour toi Elle était pour toi Puisqu’ici tout s’évanouit Nos rires dans la mélancolie Tout prend le large Beauté ne gardons que l’instant Avant que les mauvais printemps Ne sonnent la charge Là où tu t’échoueras bientôt Là où on s’est échoué trop Où il fait froid Tu verras bien des éclaircies Tu les prendras pour l’infini qui fera gonfler ton ventre Au diable les rêveurs qui Ne tenant pas debout se passent La mort aux doigts Pauvres de leur cupidité sont ceux qui s’échinent à garder L’autre pour soi Au diable les rêveurs qui Ne tenant pas debout se lient Les cœurs en croix Au diable leur stupidité Car même à deux nous ne sommes faits Ouais que de soi, sûr que de soi Là où tu es d’autres pays, Dans d’autres hommes, dans d’autres lits Prends garde au vent Qui parfois fait gonfler les voiles Mais qui soudain quand ça lui prend S’enrhume un peu Pour nous laisser seuls au milieu Quand pour rentrer ne reste que L’océan à la nage Quand le voilier devient radeau Quand le manque devient le trop Quand la vie a fait rage Mon amour j’ai pas su tenir Les promesses du devenir Un avec toi J’ai plus que moi-même à qui dire Qu’il est triste mon triste empire Qu’il est triste sans toi Quel océan vers quel abîme Dis-moi où mène ce chemin Où tu n’es pas Car si l’on ne meurt pas d’amour Je peux te dire qu il est certain Qu’on meurt de toi Qu’on meurt de toi

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

Rois demain

Quand tu prendras la mer Elle sera sémaphore Quand tu verras la terre Elle deviendra le port Quand t’auras plus le ciel Elle sera ton étoile Comme un point de lumière Vient éclairer la toile De peintures en dessins On dessine nos vies On s’ébat dans l'essaim Dans l'essaim on s’écrie On crie tout notre amour A ceux qui n’entendent pas A chanter sur les toits Sur qu’on cherche sa voie Elle fera couler ruisseau Quand t’auras plus les armes Quand tes yeux n’auront plus Oui, qu’à sonner l’alarme Quand l’horizon devant Ne sera que la plaine Elle deviendra colline Elle deviendra la cime Quand tu chercheras trop Oui, à quoi tout ça rime Quand t’auras tout vendu Ton âme et ta sublime Elle te fera les gestes Qui font les poésies Et puis qui sait dedans Oui ce qui fait la vie Qu’importe les chemins Que nous prendrons ensemble Qu’importe sous quels cieux Seront nos mains qui tremblent Et puis si la vieillesse Vient frapper à la porte C’est qu’on aura vaincu Ce temps qui nous escorte Je serai avec toi Combattant impossible Je t’apprendrai à voir Ce qu’on garde invisible Et s’il faut que chaque jour Je devienne soleil Pour éteindre la nuit Pour éclairer ton ciel Oui nous serons rois demain Mon amour toi et moi J’irai chercher de l’or Pour chacun de tes doigts Et quand les océans Te monteront aux cils J’irai au fond des mers Du noir de tes pupilles Et s’il faut que chaque jour Je devienne soleil Pour éteindre les nuits Pour éclairer ton ciel Nous serons rois demain Mon amour toi et moi J’irai trouver de l’or Pour chacun de tes doigts Et quand les océans Viendront noyer nos terres Nous suivrons les printemps Nous suivrons la lumière Oui quand les océans Viendront noyer la terre Nous serons le printemps Nous serons la lumière

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson

Tous les gamins du monde

Tous les gamins du monde charbon sur du papier Dessineront toujours ton visage ô Liberté ! Nos crayons comme un poing levé contre des balles Pour montrer à l’obscurité qui tient la flamme Resserre les rangs puis taille la mine à ton crayon Dis petit prince dis redessine-moi l’horizon Des libertés qui font la vie de nos bistrots Des sourires que nous tirent tous nos potes aux pinceaux Tous les gamins du monde charbon sur du papier Dessineront toujours ton visage ô Liberté Ici oui mon ami que c’est pas l’ignorance Jamais qui sera le drapeau de notre France A l’encre du crayon à l’encre de ma plume A l’encre de nos yeux au combat sous l’enclume Menacés mais libres toujours et contre tout Que rien jamais ne mettra ma France à genoux Tous les gamins du monde charbon sur du papier Dessineront toujours ton visage Liberté À ceux qui plieront jamais sous la tyrannie Que nous sommes tous les enfants du même pays Ça n’est pas mon pays ce soir qu’on assassine C’est l’histoire de l’Homme c’est Pierrot c’est Colombine C’est Michel-Ange puis c’est Lascaux puis c’est Paris C’est la lumière n’en déplaise à la tyrannie C’est un peu de nous qui est parti avec nos frères Et si vient l’obscur nous nous avons la lumière Puis il n’est rien de plus fort que le don de soi Que la main tendue vers celui qui vous combat Je suis la France puis nous sommes les enfants du libre Ici ça fait longtemps qu’on brûle plus les livres Des violences enfants de nos sociétés malades De nos arts pris sous les terreurs des fusillades À Cabu à Tignous à Charb à Wolinski À tous les autres et puis aux fils de mon pays À nos enfants misère qui savent même plus lire Il est temps mon pays oui de redevenir Allez la Terre allez la France allez mes frères De tous les horizons de toutes les frontières Que jamais ne plient nos genoux devant la haine Puisque toujours la force se nourrit de la peine Ton pays chante ton prénom pour que là-haut Pour que Cabu boive un canon avec Mano Si nous chantons puis si nous chanterons encore La liberté aux mémoires de nos amis morts Autant que dessineront tous les gamins du monde Ton nom sur les arbres et puis parfois des jocondes Aux pinceaux qui font les Vinci les Wolinski Puis tous nos frères qui font les cultures des pays Ami c’est pas fini ami il reste à boire Dans nos sanglots qui viennent faire pleurer nos buvards Retourner à la mine à la mine du crayon Contre leurs champs de mine en tous genres mort aux cons C’est pas la prière des bons dieux que nous chantons C’est celle de nos enfants libres sous leurs crayons Un trait pour mettre un peu de couleurs à nos cœurs Pour dessiner des jours prochains des jours meilleurs Et si c’est un crayon oui contre la mitraille Alors que le papier soit le champ de bataille Que nos plumes à jamais gardent toujours leur libre Qu’il est plus important d’être debout que de vivre Ils peuvent assassiner nos corps mais pas nos âmes Le souffle du néant n’éteindra pas la flamme Tous les gamins du monde charbon sur du papier Dessineront toujours ton visage ô Liberté Tous les gamins du monde charbon sur du papier Dessineront toujours ton visage ô Liberté Ici toi mon ami que c’est pas l’ignorance Jamais qui sera le drapeau de notre France

— Damien Saez (né en 1977)
Chanson
}