Colère
Peut-on fermer les yeux quand le monde se perd Entre les fous furieux avides de la guerre Et ceux dont la mémoire a trop vite oublié Le fascisme et l’horreur brimant la liberté. La terre rend les armes et hurle sa colère De souffrir par les hommes qu’elle a engendrés.
Dans notre lit complice Où nos corps sont lovés Se jouant de malice Je viens te retrouver Nos mains en éclaireur Arpentent les collines Et les prairies en fleur Où l’aube se dessine Laisse les volets clos Il est déjà si tard Le soleil est plus beau Au roux de ton regard
Il est des souvenirs si beaux de nostalgie, Des marées tumultueuses assagies par l’hiver, De terribles fracas silencieux d’insomnies, Et puis il y a toi qui me revient d’hier…
Il m’a fallu du temps pour aimer tes silences, Et la mélancolie qui ombre ton absence. Mais depuis toi je sais écouter le printemps, Les arbres en hiver, l’automne flamboyant, Et j’ai même entendu ton regard pétiller, D’avoir volé le ciel quand il brule d’été…
Il suffirait de ton sourire, Juste pour moi, comme un soupir, Pour que je veuille revenir, Me cacher dans tes souvenirs. Il suffirait de ta chaleur, Et du temps reculer les heures, Pour que la froideur de mon cœur, Fonde comme neige au bonheur…
J’ai senti ta présence à l’orée de mes cils Mais ce n’était que l’onde encore gorgée d’émoi, Et de tendres aveux dont l’écho si fragile, Se vêt de nostalgie tant je rêve de toi. Alors je me languis du souffle de ta voix, Comme un dernier sursaut de mon cœur en exil.
Je demande pardon à notre belle terre, Abîmée par nos mains et devenue l’enfer. Nos ours blancs se meurent à chercher un logis, La mer est écrasante, l’eau se raréfie Il est tant de souffrance au nom de tant de guerres, Messieurs qui êtes Grands, que faites-vous ici ?
Je t’ai cherché longtemps avant de retrouver, Les étoiles blessées de ton regard si pur. Alors pour à jamais, avec moi, te garder, Au miroir de mes yeux, j’ai gravé tes fêlures. Et brille alors le feu sur la glace brisée, Tel un sursaut d’amour, un ultime murmure…
La chaleur semble loin, mais l’hiver, bientôt là, Avec ses nuits de givre et ses matins glacés, Se glissera partout, même dans les foyers, Dont le chauffage éteint à rien ne servira. J’appréhende les mois où il faudra choisir, Entre une maison chaude et de quoi se nourrir…
Peut-être un jour ou l’autre on se rencontrera Tout au bord de la mer ou dans un champ de fleurs Il fera beau bien sûr et l’on se sourira Étonnés d’être deux pour un seul bris de cœur. Et peut-être qu’un jour ma bouche s’ouvrira Sous ton baiser léger tendre comme un bonheur.
Quand soleille le ciel d’été Je veux t’aimer sans mot te dire, Et de ta peau me rassasier Avant de goûter ton sourire. Quand l’horizon se fait brumeux Je veux t’aimer sans te toucher, Et offrir l’éclat de mes yeux Aux nuages de tes pensées.
Si je contais le ciel, ebroué de la lune Deviendrais tu cet ange au mitan des nuages, Si je balbutiais les notes du piano Saurais tu en choisir la plus harmonieuse, Et si je te posais comme une fleur coupée Dans ce beau vase bleu ou s’étiole le temps, Me voudrais tu encore…