Éternels Éclairs

Florilège de la revue Florilège

Revue Florilège

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Suite à sa découverte des eternels-eclairs.fr, Stéphen Blanchard, qui oeuvre pour la poésie depuis 1974, m'a contacté pour me demander si cela m'intéresserait d'écrire pour Florilège. Nous avons d'abord échangé, et son engagement, sa gentillesse, son envoi de revues et la découverte de la qualité de celles-ci, m'ont convaincu de participer à cette aventure. Après lecture, et émerveillement, je me suis même abonné. Merci à lui.

Attention des droits d'auteurs, que nous ne possèdons pas, protègent la majorité des oeuvres ici présentes.

Clair Obscur

Qui déplore qu’il y ait des ombres Devra se résoudre à l’obscurité Car toute lumière en projette Il n’est de vie comblée Qu’en pleine conscience d’être mortel Et de ne pas tenter de le dénier Il n’est d’amour qui vaille Qu’à savoir reconnaitre en l’autre L’ennemi qui pourrait mortellement détruire Il n’est de vérité recevable Qu’à condition de garder à tout moment La perspective de la pouvoir réfuter Il n’est de pouvoir réel Sans reconnaissance lucide De tout ce qu’il ne peut pas Il n’est de beauté Sans quelque faute de goût Pour la mettre en valeur Savoir accueillir le négatif Concéder en toute chose la part du diable

— Julius Nicoladec
Revue Florilège (juin 2021)

Echanger

Echanger avec l’autre Un regard, un sourire Un mot doux, une note Un silence, un soupir Se dévoiler, parler Appréhender la voix De l’ami, l’étranger Pour que la chaleur soit Qui sommes-nous au fond Sans le feu du langage Quelle est notre raison Perdus dans ce voyage Nos paroles nous lient Tissent l’ultime rêve D’une liqueur de vie Brûlante sur nos lèvres.

— Lyse Bonneville
Revue Florilège (septembre 2020)

Ecrire au kilomètre

Sur le ruban D’une vieille machine à écrire Des lettres se fixent Le clavier crépite Les touchent martèlent le ruban Et impriment leurs mots Sur le feuillet Qui fait le gros dos sur un rouleau compresseur L’écrivain était alors Un chantre éclairé du verbe L’ordinateur moderne N'en avait pas encore fait Un simple dactylographe au kilomètre Jadis Les mots s’imprimaient Lentement sur le papier Aujourd’hui Le poète pianote sur son clavier Et ses vers défilent Comme sur une autoroute A la queue leu leu Un panneau indique Qu’un bouchon s’est constitué A quelques encablures de carrosseries Ralentissement prévu A huit cents mètres Un poète se trouve En panne de sens

— Laurent Bayart
Revue Florilège (septembre 2018)

Envahisseuse

Je suis la musique, Je passe sous les portes, Dans les trous de serrures, A travers parois, cloisons, remparts, espace, Je suis l’envahisseuse, L’habitante invisible de l’air, Je vous pénètre par l’oreille, la peau, les muscles, Alors, vous vous découvrez une belle âme, Etendue jusqu’aux confins de l’indicible…

— Victoria Thérame
Revue Florilège

Harmonie du soir

Le jour s’abandonne Et s’achève Parmi les pourpres épuisés D’un soleil en partance. L’heure s’harmonise En un léger malaise, Exil du couchant Dans l’ennui du crépuscule. J’aime, en cette fin octobre, Ce moment où la lumière se meurt Quand la tombée du jour Se mue en nuit précoce, Pour te retrouver Au gré de mon imagination Dans ces fragments de rêves Encore à venir.

— Jocelyn Carre
Revue Florilège (septembre 2020)

Il n’est pas temps. Il n’est pas temps d’abandonner l’avenir au passé, de s’arrêter au bord du chemin. Il n’est pas temps de mordre les pianos ni d’installer des aquariums au creux des falaises. Regarder en riant de l’autre côté des miroirs comme des enfants joueurs, il le faut, car il est venu ce temps-là. Il est venu en silence. Ramper, c’est fini. Nous l’avons assez fait. Trop. Il n’est plus temps de se bander les yeux pour ne pas voir l’obscurité. Elle est là. C’est le temps sombre. Alors nous disons qu’il est temps de lumière. Reconnaître la mort tapie dans les anfractuosités de la vie, lui dire qu’il n’est pas temps de lui ouvrir la porte, qu’elle aille visiter le pays des éléphants siffleurs. Il n’est pas temps de se dandiner dans les flaques de la résignation. C’est bon pour les pulvérisateurs de tristesse. Ceux qui se croient. Il n’est plus temps de misère solitude. Il est temps de s’envoler ensemble. De s’asseoir en riant dans un fauteuil de nuages. Il est temps de boire l’eau fraîche qui coule de la conversation des égaux. De pleuvoir sur l’été d’une pluie douce et chaude. De faire bien commun de tout ce qui a dignité. Joyeusement, faisons-le.

— Michèle Thion
Revue Florilège (mars 2019)

Île autre tentacule continental remords de terre qui s’isole et s’insule branchies d’une saintonge ultramarine dernière clavicule avant les grandes folies équinoxiales où s’enroulent les chevelures d’écume aux prairies océanes ton corps de silice frotté à l’écorce du silence que tissent et détissent les sirènes des marées

— Stéphane Amiot
Revue Florilège (mars 2019)

J’ai tant de chose à dire Mais je ne sais pourquoi Quand j’essaie d’écrire Mon stylo reste coi. Pourtant bouillonne en moi Un univers entier De fureurs et d’émois Qu’il me faut expurger. J’ai trouvé un ami Qui a su m’écouter Sans avoir de mépris Pour toutes ces pensées. C’est un bout de papier Qui a bu mon murmure Et s’est pris d’amitié Pour toutes mes ratures.

— Maurice des Ulis
Revue Florilège (décembre 2018)

La Dalle

Quand j’ai eu faim de poésie J’ai croqué une anthologie Je me suis abreuvé de rimes J’ai avalé des vers en toute liberté Je me suis saoulé d’alexandrins J’ai léché mes hémistiches Dégluti mes ratures Digéré les césures Tout cela avait le fond amer Le goût mauvais D’un poème raté.

— Claude Dussert
Revue Florilège (juin 2019)

Le grand voyage

Je vais bientôt m’en aller Pour un lieu plein de charme Juste au bout du chemin A l’abri du vacarme. Là, je me baignerai Dans la clarté sidérale Dans la voie lactée Et son océan d’étoiles. Mon monde finira A la descente de ma sève Là où il n’y aura de limite Ni à ma folie, ni à mes rêves.

— Mohamed Mleiel
Revue Florilège (décembre 2020)

Matin frais d’automne Forêt ensoleillée Nul vent Et pourtant pluie de feuilles dorées tombant lentement

— Alain Clastres
Revue Florilège (mars 2019)

Le papillon

Un papillon à ma fenêtre Est arrivé de grand matin, Il semblait bien me reconnaitre : Je lui ai tendu la main. Il s’y est posé gentiment, Je crus sentir une caresse Qu’il voulait prolonger longtemps. Il portait ses plus beaux habits, Avec paillettes multicolores, Et puis d’un coup il est parti Mais ma main le ressent encore. Virevolte, joli papillon, Montre tes ors de fleur en fleur, Je pourrai creuser mon sillon Avec ton image dans le cœur.

— Charles Pellegrinelli
Revue Florilège (septembre 2020)

Porte à ton cœur la conscience ravinée du monde. Sois noble avec le hasard Dur avec le dédain Soulève la poussière du ciel L’heure vient cousue d’ors et de promesses.

— Robert Chanal
Revue Florilège (mars 2018)

Posons sur notre temps

Le présent n’est qu’instant face au temps qui défile, Il nous fait mesurer notre fragilité. Aujourd'hui n’est qu’un leurre illusoire, immobile. Posons sur notre temps des yeux d’éternité. Le passé lancinant crépite sous la braise Et force le huis clos de notre intimité. Souvent les souvenirs en prennent à leur aise. Posons sur notre temps des yeux d’éternité. L’avenir bondissant pareil à l’étincelle Jaillit devant nos yeux en brûlante clarté. Il baigne d’horizon le fond de la prunelle. Posons sur notre temps des yeux d’éternité. Oublions le présent figé dans son espace. Cultivons la mémoire et sa fidélité. Plongeons dans l’avenir un regard plein d’audace. Posons sur notre temps des yeux d’éternité.

— Yves Fred Boisset
Revue Florilège (mars 2018)

Son âme est dispersée

Son âme est dispersée parmi les arbres parmi les fleurs éclatée dans les pierres diluée dans la transparence de l’air et les reflets de l’eau la moindre branche qui se casse la moindre fleur que l’on arrache lui causent des douleurs étranges douleurs quand les sources se troublent douleurs et joies mêlées quand se déchirent les nuages pour lui rendre l’azur après la pluie sa mémoire est enclose dans les pierres qui se brisent sous le gel et le feu rien ne lui appartient en propre il sait le vieil indien qu’un jour tout lui sera restitué.

— Gérard Mottet
Revue Florilège (septembre 2020)

Stéphen Blanchard, directeur de la publication de la revue Florilège.

A une passante

La rue au fil des jours autour de moi vibrait, Bruyante et triste et sombre, au ciel gris nostalgique, Lorsque je l’aperçus, élégante et tragique, Dans un vêtement noir que le vent pénétrait. J’admirais sa démarche à l’allure gracile Qui faisait naître en moi comme un élan du cœur, Découvrant sur son front un bel accroche-cœur Qu’une brise soudaine agitait, indocile. Mon émoi me surprit ! Mon regard aimanté Epousait pas à pas son profil tourmenté, Jusqu’à voir disparaître une ombre fugitive. Hésitant à la suivre, en voyeur délirant, Je ne pus oublier son visage attirant, Tant ce portrait furtif à jamais me captive.

— Stéphen Blanchard
Revue Florilège (juin 2021)
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