Éternels Éclairs
Présenté par Stéphen Moysan
Le mendiant - Il porte le ciel et la terre Pour habit d’été.
Dévoré par un chat - L’épouse du criquet Crie son deuil.
J’éternue Et perds de vue L’alouette.
Pluie de printemps - Toute chose Embellit.
Même le bruit de la cascade S’est affaibli - Le chant des cigales.
Les feuilles tombent Sur les feuilles - La pluie tombe sur la pluie.
Matin du premier jour - Dans le poêle Quelques braises de l'an passé.
Fût-ce en mille éclats Elle est toujours là - La lune dans l'eau.
Sans savoir pourquoi J'aime ce monde Où nous venons pour mourir.
Le serpent s’esquiva Mais le regard qu’il me lança Resta dans l’herbe.
On appelle cette fleur Pivoine blanche - Oui, Mais un peu de rouge.
Retombé au sol Le cerf-volant A égaré son âme.
Après le tonnerre - Les nuages de la nuit Ont le teint frais.
Silence d'après midi - Seule une terre calcinée Que labourent les fourmis.
Ma propre voix Je l'avais oubliée - Rhume de printemps.
Les jours lointains Sous un soleil radieux Plus lointains encore.
Son ballon qui éclate - Pour le garçon Le ciel s'est éloigné.
Ma femme - Elle porte notre enfant Pareil à la lune croissante.
Manger du raisin Une grappe après l’autre Comme une grappe de mots.
Point final De l'escargot Au milieu de sa coquille.
Une chenille - Je voudrais survivre Même en rampant par terre.
Une poussée De fièvre déforme La lune.
Bonne Année ! Seule la télévision Me la souhaite.
Quand je me lève. Il titube - Le ciel étoilé.
Cette limonade Sans bulles – Voilà ma vie.
Il n'y a rien Dans mes poches Rien que mes mains.
Du morse dans la nuit - Le vent Envoie un SOS.
Une vieille étagère... Dans l'odeur de pourriture, Un roman d'amour !
Peu à peu mes poumons Se teignent de bleu - Voyage en mer.
Fourmi ! Tu as beau grimper à la rose Le soleil est encore loin.
Aux poignées suspendues du métro Les zombies du mois d'avril Accrochent leurs mains.
Tokyo en mai - Un serpent d'acier En incubation.
Juin coule en pluie - La solitude Suinte des murs.
Dans ce kiosque enneigé La révolution - On pourrait donc l'acheter ?
Dans le volcan éteint Au fond du lac Le long baiser des truites.
Une tortue crie « Un homme Doit savoir se taire ».
Presque une nuit d'automne - Le souvenir De sa main froide.
Le vent du sud - Il farde de rouge Les yeux des vaches.
Lever de lune - Même si on lui tire dessus Son oeil reste ouvert.
Je sors du cinéma - Panoramique Le clair de lune !
Deux cents pas Jusqu'au boulanger - Sept pas jusqu'à la voie lactée.
La danse des hommes Pour apaiser le Dieu du Vent Ressemble à la tempête.
Ténèbre d'insectes - Nulle part Le vent n'arrête de souffler.
Dans l'oeil de l'oiseau migrateur Je deviens Toujours plus petit.
L'hiver s'appronfondit Comme s'appronfondit L'affection d'un père.
Montagnes en sommeil - Chaque arbre s'efforce De devenir un cercueil.
Au bout de sa langue Il cache des paysages - L'étranger.