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Biographie de Rainer Maria Rilke (1875-1926)
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Rainer Maria Rilke
Rainer Maria Rilke
Le Florilège de Poèmes

Rainer Maria Rilke - Le résumé de sa vie

Rainer Maria Rilke : Poète autrichien, né à Prague en 1875, dans une famille qui le destine à la carrière des armes. Il devint ainsi pensionnaire dans une école militaire avant d'être renvoyé en 1891 pour inaptitude physique. Il étudie alors le commerce avant de revenir dans sa ville natale où il exerce comme journaliste et écrit ses premières œuvres. En 1896, il part pour Munich et y rencontre en mai 1897 Lou Andreas-Salomé. Cette même année, il change son prénom René Maria en Rainer Maria. Après quoi sans réelles attaches, il vit en Italie, puis en Russie où il rencontre Tolstoï en 1899. Deux ans plus tard il fait un mariage éphémère avec Clara Westhoff, dont naitra une fille, Ruth. Secrétaire de Rodin à Paris à partir de 1905, il rompt avec ce dernier et erre à nouveau à travers l'Europe et au-delà de 1907 à 1910. Il abandonne peu à peu la prose pour se consacrer à la poésie, plus apte selon lui à restituer les "méandres de l'âme". En 1910, il fait la connaissance de la princesse Marie von Thurn und Taxis, qui sera son mécène jusqu'en 1920 et pour qui il composera les Élégies de Duino. Mobilisé dans l'infanterie lors de la Première Guerre mondiale, il revient rapidement à la vie civile et écrit en Suisse plusieurs recueils de poésies en français avant de décèder d'une leucémie en 1926.

Portrait tracé par un contemporain

« La première fois que je le rencontrai je me souviens combien son apparence me déconcerta. Petit, maigre, chétif, avec un visage osseux et singulièrement étroit, un grand front admirable, un long nez pointu, des moustaches chinoises, un menton presque absent, et ces beaux yeux verts, singuliers, qui illuminaient toute sa physionomie. Il était d’une politesse cérémonieuse et raffinée … Mais cette politesse dissimulait mal une sorte de gêne … La solitude était sa plus grande passion. Il habitait une petite tour en ruine, au-dessus de Sierre, qui domine la vallée du Rhône, dans le Valais.

Ceux qui le côtoyaient savaient combien les Cahiers de Malte Laurids Brigge, ce livre admirable, étaient vraiment sortis de lui. J’ai entendu tomber de sa bouche vingt ou trente récits absolument pareils à ceux que l’on trouve dans son volume … Quand il parlait ainsi, il se soulevait à demi sur sa chaise, comme si un souffle léger l’emportait. Sa main faisait un geste de cadence et toute sa physionomie se modifiait … Son regard s’illuminait tout à coup et transformait cette mélancolie qu’on lui voyait généralement en une véritable exaltation lyrique.

Né à Prague d’une ancienne famille d’origine carinthienne, élevé en Allemagne, écrivain de langue allemande, ayant habité successivement l’Italie, la Russie, l’Espagne, le Danemark, la France, la Suisse, ces derniers temps, écrivain de langue française, il était tout naturellement un Européen et il n’avait aucun effort à faire pour le devenir … Ne demandant rien au monde des faits, il pouvait se concentrer entièrement sur cette vie intérieure, poussée chez lui à un tel degré que, sitôt qu’on l’approchait réellement ou par ses livres, la vôtre en était enrichie. La poésie était chez lui le suprême affleurement de cette vie intérieure.

Une idée capitale, pour Rilke, c’était que chacun devait avoir sa propre mort, une mort en quelque sorte autonome, qui fût à la fois la conclusion logique de la vie et le germe d’un développement nouveau. L’idée principale de sa poésie est résumée dans les lignes suivantes :

« Ainsi la vie n’est que le rêve d’un rêve,
Mais l’état de veille est ailleurs. »

Rien de la matière universelle ne lui était indifférent. Il y avait quelque chose de l’animisme des peuplades les plus primitives chez ce raffiné. Quand on étudiera l’espèce de système philosophique diffus dans son œuvre on y verra la part qu’il y a faite au mysticisme, au panthéisme, au quiétisme. Il en parlait lui-même avec un singulier attachement, et la moindre chose touchée devenait entre ses mains un talisman, une manière de correspondre avec quelque chose d’invisible, l’âme cachée de la matière. »

Extrait d’un texte d’Edmond Jaloux rapporté dans « Hommage à Rainer Maria Rilke », Chronique des lettres françaises, 5e année, no 25, janvier-février 1927, p. 122-123.
Présentée par Stéphen Moysan.

Les Poèmes de A à Z

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