Biographie de Victor Hugo (1802-1885)
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Victor Hugo - Le résumé de sa vie
Victor Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, est
un poète lyrique, engagé ou épique selon les recueils ; romancier du peuple qui rencontre
un grand succès avec Notre-Dame de Paris (1831), et plus encore avec Les Misérables (1862) ;
il s’illustre au théâtre avec Hernani (1830) ; et est également une personnalité politique et
un intellectuel qui a compté dans l’Histoire du XIX ème siècle.
Son œuvre multiple a fortement contribué à renouveller les genres et comprend également des discours
politiques sur la peine de mort, l’école ou l’Europe, des récits de voyages, et une abondante correspondance.
Ses multiples prises de position le condamneront à l’exil pendant les vingt ans du Second Empire. Ses choix,
à la fois moraux et politiques, durant la deuxième partie de sa vie, et son œuvre hors du commun ont
fait de lui un personnage emblématique que la Troisième République a honoré à sa mort par des
funérailles nationales qui ont accompagné le transfert de sa dépouille au Panthéon de Paris, le 31 mai 1885.
Victor Hugo : L'enfance
Victor Hugo : Poète français, né à Besançon le 26 fév 1802, et mort à Paris le 22 mai 1885.
C'était le plus jeune des fils du général Hugo, qui n'était que capitaine, lorsqu'il
épousa Sophie Trébuchet, fille d'un armateur de Nantes. Trois enfants naquirent
de ce mariage : Abel, Eugène et Victor. La famille de notre poète séjourna
quelques mois à Besançon.
Enfant, Victor Hugo, était faible et souffreteux ;
les soins affectueux de sa mère triomphèrent à la longue de cet état maladif et,
jusque dans l'extrême vieillesse, le poète jouit d'une santé que ne troublèrent
les préoccupations d'aucun ordre. De Besançon, la famille Hugo se rendit
successivement à Marseille, en Corse et à L'île d'Elbe, suivant son chef
dans chacun de ses déplacements. Mais lorsque celui-ci fut envoyé à Gênes,
en 1805, Mme Hugo le quitta pour revenir avec ses enfants à Paris, où
elle séjourna deux ans, rue de Clichy, envoyant le jeune Victor et ses frères
à l'école de la rue du Mont-Blanc. Dans l'intervalle, la situation de son mari
avait changé ; nommé colonel du Royal-Corse et gouverneur de la province d'Avellino,
il semblait définitivement fixé en Italie. Il rappela près de lui sa femme et ses enfants.
Il avait compté sans les événements. Le colonel Hugo était fort apprécié, on le sait,
de Joseph Bonaparte, et quand ce prince devint roi d'Espagne, il l'invita à l'y suivre.
La famille dut se séparer à nouveau. Mme Hugo revint à Paris et alla occuper
l'ancien couvent des Feuillantines qui devait laisser dans l'esprit de Victor Hugo
les touchants souvenirs immortalisés dans Les Rayons et les Ombres et les Contemplations.
C'est là que les fils du général Hugo commencèrent leurs études, sous la direction d'un ancien
prêtre de l'Oratoire, M. de La Rivière, qui s'était marié pendant la Révolution et avait ouvert
une école dans la rue Saint-Jacques. En même temps, ils recevaient les conseils du parrain
du poète, le général Lahorie, proscrit à la suite de la conjuration de Moreau et réfugié chez
Mme Hugo. C'était un homme fort instruit, qui initiait les enfants aux langues anciennes.
Jetait-il en même temps en eux, comme V. Hugo l'a raconté plus tard
les germes d'un ardent « républicanisme » ? Il est permis d'en douter.
Lahorie avait pris part au 18 brumaire, et la conjuration de Malet, dans laquelle il trempa
et qui le fit fusiller en 1812, n'était pas précisément d'inspiration libérale.
En 1811, le colonel Hugo, devenu aide de camp du roi d'Espagne, général,
premier majordome du palais et gouverneur des provinces d'Avila, de Ségovie et de Soria,
rappela une fois encore sa famille près de lui. V. Hugo, qui, tout enfant, avait déjà
visité Rome et Naples, eut ainsi l'occasion de parcourir l'Espagne ; ces deux voyages, et surtout,
le second, devaient marquer son esprit d'une empreinte ineffaçable.
Il fut placé, avec ses frères, au collège des Nobles, de Madrid, et ce ne fut pas sans que
les trois jeunes Français y eussent plus d'une fois à souffrir de la brutale jalousie
de leurs condisciples espagnols. En 1812, la situation des Français en Espagne parut trop incertaine
au général Hugo pour qu'il conservât près de lui sa famille. Ne retenant que son fils aîné,
Abel, il renvoya sa femme et ses deux autres enfants aux Feuillantines. V. Hugo reprit
ses études à l'école du « père La Rivière » comme l'appelaient les enfants. Sa mère, libre esprit,
sinon « voltairienne absolue », pensait que « les livres n'ont jamais fait de mal »
et elle le laissait, ainsi que son frère, dévorer indistinctement, et jusqu'aux plus licencieux,
tous les volumes de la bibliothèque d'un bouquiniste du voisinage ; l'enfant y puisa
une première instruction superficielle, confuse, mais extrêmement variée déjà.
Le général Hugo, revenu à Paris en 1845, se sépara de sa femme quelque temps après.
« Les dissidences domestiques entre Mme Hugo et le général s'étaient envenimées,
raconte Sainte-Beuve ; celui-ci usa de ses droits de père et reprit d'autorité ses deux fils.
Comme il les destinait à l'École polytechnique, il les plaça dans la pension Cordier
et Decotte, rue Sainte-Marguerite ; ils y restèrent jusqu'en 1818, et suivirent de là
les cours de philosophie, de physique et de mathématiques au collège Louis-le-Grand.
Les deux enfants montraient de véritables aptitudes pour les sciences ; V. Hugo obtint même,
en 1818, un cinquième accessit de physique au concours général, et ceci permet de nous expliquer
peut-être certaines prétentions à la rigueur scientifique dont le poète devait se targuer plus tard
dans quelques-unes de ses œuvres. Cependant, et dès ces premières années, la vocation
poétique de l'enfant commençait à se manifester. À l'âge de quatorze ans, il ébauche une
tragédie, Irtamène, et en commence une autre, Athélie ou les Scandinaves.
Vers le même temps, il écrit un grand drame, Inès de Castro, et traduit en vers
quelques fragments de Virgile, son poète favori. En 1817, il envoie au concours
de l'Académie française un poème sur les Avantages de l'étude. Sainte-Beuve
a raconté qu'il commit l'imprudence d'y indiquer son âge et que la pièce parut dénoter
un esprit si mûr qu'on crut à une mystification ; aussi n'aurait-il eu qu'une mention,
au lieu du prix qu'il devait obtenir. La vérité est que cette poésie fut classée la neuvième,
qu'on connaissait parfaitement l'âge du poète et que la mention lui fut surtout accordée
à ce titre. Une autre poésie sur les Avantages de l'Enseignement mutuel lui valut
encore, en 1819, une mention de l'Académie. Il fut plus heureux aux Jeux floraux, où
on lui décerna deux prix, en 1819, pour ses odes sur les Vierges de Verdun et
le Rétablissement de la statue de Henri IV. - En 1820, son ode, Moïse sur
le Nil, lui valut même le titre de maître des Jeux floraux. Au reste, il avait été sacré
poète par le grand public, dès 1819, pour une satire d'inspiration ultra-royaliste,
Le Télégraphe, qui fit tapage. Le jeune poète, sans renoncer encore à la formule
classique, frappait déjà par le tour très personnel de son inspiration et la remarquable
vigueur de sa langue. A. Soumet parle des « prodigieuses espérances » qu'il donnait
dès lors aux amis des lettres. À la fin de 1819, il fonda, avec ses deux frères,
Le Conservateur littéraire, sorte de supplément littéraire au journal catholique
et royaliste Le Conservateur, dirigé par Chateaubriand. V. Hugo admirait fort
en effet l'auteur des Martyrs, qui le payait en leçons d'expérience et même
en félicitations, s'il n'allait pas jusqu'à l'appeler, comme on l'a prétendu, « l'enfant sublime ».
V. Hugo rédigeait presque à lui seul Le Conservateur littéraire, se chargeant,
sous divers pseudonymes, des besognes les plus variées ; il y dépensait une vie extraordinaire,
mêlait l'histoire à la critique, et le roman à la poésie. Il ne songeait encore à rien réformer ;
s'il avait des éloges pour Les Méditations de Lamartine, publiées en 1820,
il en trouvait d'aussi sincères pour les poésies didactiques de l'abbé Delille et préférait
tout naïvement la tragédie de Corneille et de Racine aux drames de Shakespeare et
de Schiller. L'une des odes qu'il publia dans cette revue (Ode sur la mort du duc
de Berry) lui valut de Louis XVIII une gratification de 500 fr. Le Conservateur
littéraire cessa de paraître quelque temps plus tard (en mars 1821), pour se fondre
avec les Annales de la littérature et des arts, où V. Hugo ne collabora pas.
Victor Hugo : Les débuts du Poète
Au mois de juin 1821 mourait la mère du poète. Cette mort fit un grand vide
en lui. Il l'aimait beaucoup et avait vécu près d'elle depuis qu'il avait quitté la pension Cordier,
en 1818. Il voulut se créer un intérieur et songea à se marier. Son affection s'était portée
depuis longtemps sur Mlle Adèle Foucher, qu'il avait connue enfant ; mais, lorsqu'il demanda
sa main, on trouva sa position trop précaire ; il n'avait pas de fortune ; il n'avait même plus
l'appui de son père avec lequel il avait brisé toutes relations du jour où il eut épousé
la comtesse de Salcano.
Le jeune homme ne se découragea cependant pas et se remit avec ardeur au travail.
Il eut bientôt la matière d'un volume de vers qu'il publia en juin 1822 sous le titre
d'Odes et poésies diverses. Le livre fut fort goûté du roi, qui accorda à l'auteur,
sur sa cassette particulière, une pension de 1,000 fr. Cette libéralité permit au poète
de vaincre les dernières objections de M. Foucher, et le mariage tant désiré put enfin
avoir lieu. Il n'apporta aucune entrave à l'activité de V. Hugo, qui donna une seconde édition
de ses Odes au mois de déc. 1822, et publia, sous l'anonyme, en févr. 1823,
Han d'Islande ; c'était son premier roman, si l'on tient compte que Bug-Jargal
fut donné seulement à l'état de nouvelle dans Le Conservateur littéraire. L'œuvre
a singulièrement vieilli aujourd'hui et n'intéresse plus guère que pour l'histoire des idées.
Walter Scott, dont l'auteur s'inspirait, l'eût difficilement avouée, croyons-nous.
« L'imagination de l'horrible et du monstrueux, dit l'un des derniers et des plus judicieux
critiques de V. Hugo, M. Ch. Renouvier, la recherche des sentiments violents et des situations
terribles y sont poussées à un point bien éloigné de la mesure du romancier anglais, ce qui
en affaiblit l'émotion ; le dialogue y manque de naturel et les personnages principaux sont
des êtres factices ... Au contraire, la langue, sans atteindre encore de grandes beautés, est
juste dans ses images, claire et correcte dans la phrase, et étrangère à la recherche des fausses
grâces, au style romanesque, commun et de mauvais goût, autant qu'aux formes pompeuses
de Chateaubriand. »
L'année même où parut Han d'Islande, une nouvelle pension de 2,000 fr.
sur les fonds du ministère de l'intérieur fut accordée à V. Hugo ; enfin, au mois
de juil. 1823, il fondait avec quelques autres jeunes gens La Muse française.
Ce journal devint l'organe du premier groupe romantique, si joliment décrit par Sainte-Beuve.
« Bientôt il se forma, dans les boudoirs aristocratiques, une petite société d'élite, une espèce
d'hôtel de Rambouillet, adorant l'art à huis clos, cherchant dans la poésie un privilège de plus,
rêvant une chevalerie dorée, un joli moyen âge de châtelaines, de pages et de marraines,
un christianisme de chapelle et d'ermites. » Autour de V. Hugo se groupaient A. Soumet,
J. de Rességuier, A. de Vigny, Chênedollé, Em. Deschamps, Delphine Gay et Charles Nodier,
chez qui les jeunes poètes se réunissaient, à l'Arsenal, dont Nodier était le bibliothécaire.
À vrai dire, celui-ci seul se montrait, dès cette époque, nettement révolutionnaire ; mais
il s'en fallait de beaucoup que tous les rédacteurs de La Muse Française partageassent
ses idées ; les uns et les autres n'osaient arborer bien ouvertement la bannière romantique.
V. Hugo lui-même parait avoir joué à ce moment plutôt le rôle de conciliateur entre les deux
écoles. Dans la préface de son second volume d'Odes (1824), il écrit « Il y a
maintenant des partis dans la littérature comme dans l'État ... Les deux camps semblent plus
impatients de combattre que de traiter ... Quelques voix importantes, néanmoins, se sont
élevées, depuis quelque temps, parmi les clameurs des deux armées. Des conciliateurs
se sont présentés avec de sages paroles entre les deux fronts d'attaque. Ils seront peut-être
les premiers immolés, mais qu'importe ! C'est dans leurs rangs que l'auteur de ce livre veut
être placé, dut-il y être confondu. » Il ne reproche guère à la littérature de Louis XIV que
d'être « plutôt l'expression d'une société idolâtre et démocratique que d'une société monarchique
et chrétienne ». Pour la versification et le style, il est extrêmement modéré
dans ses réformes. « S'il est utile et parfois nécessaire, écrit-il, de rajeunir quelques tournures
usées, de renouveler quelques vieilles expressions, et peut-être d'essayer encore d'embellir
notre versification pour la plénitude du mètre et la pureté de la rime, on ne saurait trop répéter
que là doit s'arrêter l'esprit de perfectionnement. Toute innovation contraire à la nature
de notre prosodie et au génie de notre langue doit être signalée comme un attentat
aux premiers principes du goût. »
Victor Hugo : Le Cénacle et la célébrité
La Muse française vécut jusqu'au mois de juin 1824. Elle avait publié l'Ode
à mon père, inspirée à Victor Hugo par sa réconciliation avec le général Hugo,
en sept. 1823. En 1825, V. Hugo fut, en même temps que Lamartine, nommé chevalier
de la Légion d'honneur ; puis il assista à la cérémonie du sacre de Charles X, qu'il chanta
dans une ode. Il était alors en très bons termes avec Lamartine ; dans un voyage qu'il fit
en Suisse avec Charles Nodier, il s'arrêta chez l'auteur des Méditations, à Saint-Point.
Ce voyage n'a laissé de traces que dans Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie
et dans le Charles Nodier de Mme Mennessier-Nodier. À son retour en France,
V. Hugo remania, en lui donnant des proportions beaucoup plus considérables,
Bug-Jargal, écrit, comme on sait, en 1818. L'œuvre parut en 1826 avec un nouveau
volume de vers Odes et Ballades. C'est de la publication de ce recueil et des articles que lui consacra Sainte-Beuve dans le Globe, que datent les relations du poète et
du critique, relations qui devaient aboutir à une étroite amitié. Peu de temps après, en effet,
nous retrouvons Sainte-Beuve au nombre des jeunes poètes qui, groupés autour de V. Hugo,
fondaient le Cénacle et rompaient définitivement avec la formule classique pour adopter une « formule nouvelle » répondant mieux aux « aspirations » et aux « nécessités » de l'époque.
« On devisait tous les soirs ensemble, nous dit Sainte-Beuve ; on relisait les vers qu'on avait
composés. Le vrai Moyen âge était étudié, senti, dans son architecture, dans ses chroniques
dans sa vivacité pittoresque ; il y avait un sculpteur, un peintre parmi ces poètes, et Hugo,
qui de ciselure et de couleur rivalisait avec tous les deux. » Enfin parut Cromwell (1827).
Cette fois, c'était la vraie déclaration de guerre. Dans une sorte de préface-manifeste,
le poète commençait par établir que le drame est la forme poétique la plus propre
aux temps modernes. Il conservait l'unité d'action, mais repoussait les unités de temps
et de lieu qui entravent la liberté du poète, exigeait qu'il se conformât strictement
à la vérité historique dans les mœurs et les caractères, revendiquait enfin pour lui
le droit de fondre ensemble le beau et le laid, le grotesque et le sublime,
« comme dans la vie ». Le manifeste s'achevait dans une charge à fond de train
contre la monotonie, les périphrases et la fausse élégance des poètes classiques.
Restait l'application. On ne trouva pas qu'elle fût suffisante et féconde, au moins
dans ce premier drame de Cromwell, rempli de beaux vers à la vérité,
sonores et drus, mais d'une charpente maladroite, lourde, impossible enfin
à représenter. V. Hugo chercha sa revanche d'une façon détournée en faisant
jouer à l'Odéon, sous le nom de son beau-frère, Paul Foucher, un drame tiré
du Château de Kenilsworth, de Walter Scott, Amy Robsart (1828) ;
mais la pièce tomba lamentablement ; les sifflets et les éclats de rire se succédèrent
sans interruption ; il fallut la retirer de l'affiche. La vraie revanche, le poète la prit
en attendant mieux sur un autre terrain. Il donna d'abord une édition définitive
de ses Odes et Ballades (1828), puis les Orientales (1829).
Ce fut une révélation. Les couleurs et les sons faisaient leur entrée dans la poésie ;
le rythme, singulièrement varié et savant, ajoutait à la jeunesse des images.
C'est dans les Orientales, en effet, que commencent à paraître, avec
les enjambements et les rejets intérieurs, ces coupes ternaires de l'alexandrin,
qui, sans exclure absolument la coupe binaire des vers classiques, deviendront
plus tard si fréquentes dans les poèmes de V. Hugo. On a depuis reproché
aux Orientales de sacrifier trop souvent l'idée à la forme, et cependant
n'y trouve-t-on pas, à l'occasion de la libération des Grecs, la plus vive expression
du sentiment patriotique et de l'amour de l'indépendance ? « On a fait observer encore,
dit M. Renouvier, que l'Orient de Victor Hugo était un faux Orient ... Cependant
la lumière des paysages de l'Espagne et de l'Italie méridionale avait ébloui le poète enfant ;
c'est à celle-là que d'ordinaire on pense quand on parle du ciel de l'Orient ; il en a illuminé
ses vers autant que cela peut se dire par métaphore. » Un éloquent plaidoyer en prose
contre la peine de mort, le Dernier Jour d'un condamné, suivit de près la publication
des Orientales. C'était la première expression et comme le premier jet d'une thèse
qui fut toujours chère au poète et sur laquelle il devait revenir plus d'une fois. En 1829,
enfin, Hugo reprit la lutte corps à corps avec « le Moloch de la littérature dramatique ».
Sa pièce nouvelle s'appelait Marion Delorme ; mais la représentation en fut interdite
par la censure à cause du rôle que l'auteur y faisait jouer à Louis XIII. Heureusement
Hernani était prêt. On mit la pièce à la scène (1830), malgré l'opposition
des classiques qui essayèrent d'agir sur Charles X et n'obtinrent que cette spirituelle
réponse : « En fait de tragédie, j'ai seulement ma place au parterre. » La première
représentation ne fut qu'un long orage. Cinq cents romantiques, revêtus des costumes
les plus extravagants, y compris le pourpoint cerise de Théophile Gautier, occupèrent
la salle avant l'heure, déterminés à soutenir le drame de leurs applaudissements, et,
au besoin, d'arguments plus énergiques. De fait, on finit par en venir aux mains, surtout
quand, après quelques représentations, les amis du poète se firent moins nombreux et
que le camp des classiques eut recruté de nouvelles troupes : « Les trois premières
représentations, écrivait Sainte-Beuve au lendemain de la septième, soutenues
par les amis et le public romantique, se sont très bien passées ; la quatrième a été
orageuse, quoique la victoire soit restée aux bravos, la cinquième mi-bien mi-mal :
les cabaleurs assez contenus, le public indifférent, assez ricaneur, mais se laissant
prendre à la fin ... Nous sommes tous sur les dents ; car il n'y a guère de troupes
fraîches pour chaque nouvelle bataille et il faut toujours donner, comme dans la campagne
de 1814. En somme, la question romantique est portée par le seul fait d'Hernani
de cent lieues en avant, et toutes les théories des contradicteurs sont bouleversées. »
Peu à peu, en effet, le public se fit à Hernani, qui eut dans la seule année 1830
quarante-cinq représentations. Le romantisme triomphait donc, grâce à « cette œuvre
si brillante et si jeune, pleine de vers splendides et de merveilleux couplets, qui respire
un souffle héroïque et dans laquelle l'amour s'élève au lyrisme le plus pur ». Ce lyrisme,
commun à toutes les pièces de V. Hugo, a été critiqué, non sans raison, comme
anti-dramatique. C'est le poète qui parle toujours par la bouche de ses héros quels qu'ils soient,
et leur personnalité n'est à peu près marquée que par leur costume et leur nom. Autre reproche,
que nous signalons une fois pour toutes, car il s'adresse également à tous les drames de notre poète :
l'abus de l'antithèse dans le style, l'action et la conception des caractères. Il avait
dépeint dans Cromwell, il le dit lui-même, un Tibère-Dandin ;
dans Marion Delorme, une courtisane à qui l'amour « refait une virginité » ;
dans Hernani, c'est un brigand qui est le type de l'honneur, etc. Mais, surtout
dans l'action de ses drames, la juxtaposition continuelle du beau et du laid, du grotesque
et du sublime, était trop systématique pour répondre aux nécessités de cette « vérité historique »
et même de cette « vie réelle », dont se réclamait l'auteur de la préface de Cromwell.
Le bruit fait autour d'Hernani redoubla la célébrité du poète, et chacune de ses
nouvelles œuvres apparut dès lors comme un événement littéraire. On lut avidement
Notre-Dame de Paris (1831) , roman bien supérieur aux deux premiers. Non
qu'il soit tout à fait exempt des défauts que l'on blâmait déjà dans Han d'Islande
et dans Bug-Jargal, mais la couleur y est autrement puissante et si le Moyen âge qu'y décrit
l'auteur demeure un peu « bien conventionnel » çà et là, certaines scènes ont une vie intense,
un pathétique profond et sombre et le décor lui-même laisse dans l'esprit une ineffaçable
impression de chose vue.
Victor Hugo : La construction d'une oeuvre gigantesque
C'est vers cette époque que V. Hugo songea à prendre avec Alexandre Dumas la direction
de la Comédie-Française ; c'eût été entre les mains des deux romantiques un merveilleux
instrument de propagande. Mais leurs offres ne furent pas acceptées et V. Hugo donna
à la Porte-Saint-Martin son drame de Marion Delorme que la révolution de Juillet
permettait de remettre à la scène. Cette pièce, jouée le 11 août 1831, obtint un réel succès,
encore qu'elle soit loin de valoir Hernani. Au même temps, le poète réunissait
en volume ses nouveaux vers et leur donnait pour titre les Feuilles d'automne.
Ce sont, suivant son expression, « des vers de la famille, du foyer domestique, de la vie
privée ». Une sensibilité humaine et douce, une tendresse ineffable pour l'enfance,
la sincérité de l'accent surtout font de cette œuvre l'une des plus touchantes de V. Hugo ;
ce serait peut-être le plus parfait de ses recueils, si l'on ne pouvait y reprendre çà et là,
avec Nisard, « des expériences sur cette langue qui ne lui est jamais rebelle et qu'il façonne
à toutes ses fantaisies ; des images qui se choquent entre elles et produisent d'autres images ;
des couleurs qui se décomposent en mille nuances, un cliquetis qu'on verrait et qu'on
entendrait tout ensemble ; où il y aurait des éclairs pour les yeux et des bruits pour l'oreille ;
quelque chose enfin qui ne se peut point définir et n'a point de réalité, ce qui est un défaut
capital dans l'art ». Critique exagérée et hostile sans doute, mais où il y a à prendre cependant
et dont partie conviendrait à l'œuvre entière de V. Hugo. Mais que de beautés aussi, que
de pièces souverainement nobles et pures et touchantes pour la faire oublier !
Le poète revint au théâtre avec Le Roi s'amuse. Représentée en 1832, la pièce fut
l'occasion d'un tel tumulte qu'on l'interdit aussitôt. V. Hugo traduisit bien les sociétaires
du Théâtre-Français devant le tribunal de commerce pour les contraindre à jouer
quand même, mais il perdit sa cause. Au reste, on peut estimer que sa gloire n'en souffrit
guère, puisque, joué pour la seconde fois, en 1882, devant un public qui n'apportait plus
au théâtre qu'un absolu parti pris d'admiration, Le Roi s'amuse n'eut aucun succès :
on l'écouta dans un religieux ennui. Lucrèce Borgia, drame en prose, composé
en quelques semaines et représenté le 2 févr. 1833, fut la vraie revanche de l'auteur ;
le public lui fit l'accueil le plus enthousiaste. Et, en effet, si l'on peut élever quelques doutes
sur l'idée morale que prétend servir Hugo, il faut reconnaître « le style puissant et magnifique
et les péripéties émouvantes d'un drame pour ainsi dire matériellement splendide et qui mérite
dans tous les cas de vivre par sa langue » (Ch. Renouvier). Les répétitions de Lucrèce
Borgia furent l'origine de la liaison si longue, dénouée seulement par la mort, et que
sa durée même avait fini par légitimer à demi aux yeux du public, entre V. Hugo et
l'une des actrices de la Porte Saint-Martin, Mme Drouet, chargée du rôle de la princesse Negroni.
Ces relations ne furent un secret pour personne, pas même pour Mme Hugo,
qui en fut vivement attristée. Néanmoins et si nous les rappelons ici, c'est qu'elles ne furent
pas sans marquer sur les oeuvres lyriques postérieures et qu'elles en donnent bien souvent
la clef.
Les succès dramatiques comme celui de Lucrèce Borgia sont assez rares
dans la carrière de V. Hugo. Marie Tudor fut froidement accueillie en nov. 1833 ;
Angelo, tyran de Padoue, joué en 1835, fut abandonné du public, après quelques
représentations qui purent faire croire d'abord à un succès. La raison, un critique l'a donnée
assez crûment : c'est « que ces deux drames sont un tableau de passions irrépressibles, déployées
en luttes insensées et gouvernées par l'accident ; les personnages trop constamment
échauffés refroidissent, par contraste, les spectateurs, et la terreur et la pitié sont détruites
par la pose qu'affecte l'auteur et la trop visible recherche ».
Entre Marie Tudor et Angelo prennent place l'Étude sur Mirabeau
et Claude Gueux (1834). Le premier de ces ouvrages, dans la manière grandiloque
de l'auteur, n'a qu'une médiocre valeur historique. « Il (V. Hugo) s'est vu, miré et copié
lui-même en quelque sorte, dans cette figure toute marquetée et couturée comme
dans un miroir à mille facettes », dit Sainte-Beuve, et Nisard n'en juge pas autrement :
« Au moyen de légères altérations historiques dont l'amour-propre ne se fait pas faute,
M. Victor Hugo a en quelque sorte décalqué sur sa propre vie la vie de Mirabeau. »
Quant à Claude Gueux, c'est le récit émouvant, mais fort altéré, d'un fait divers
de la vie réelle, à qui l'auteur demandait un nouvel argument en faveur de sa thèse
contre la peine de mort.
Les Chants du crépuscule (1835), les Voix intérieures (1837), les Rayons
et les Ombres (1840), marquèrent chez le poète une conversion tout inattendue. La foi
religieuse a disparu de son coeur, la fidélité conjugale l'a suivie d'assez près ; les premières
convictions royalistes du poète ont cédé la place à un libéralisme vague, teinté de
bonapartisme. Tant de croyances perdues ne sont pas cependant sans avoir laissé de traces dans ses nouvelles oeuvres. V. Hugo le reconnaît lui-même dans la préface des Chants
du crépuscule : « Dans ce livre, écrit-il, il y a tous les contraires : le doute et le dogme,
le jour et la nuit, le coin sombre et le point lumineux, comme dans tout ce que nous voyons,
comme dans tout ce que nous pensons en ce siècle ; comme dans nos théories politiques, comme dans nos opinions religieuses, comme dans notre existence domestique ; comme
dans l'histoire qu'on nous fait, comme dans la vie que nous nous faisons. » C'est assez
pour qu'on s'explique le jugement de Sainte-Beuve : « Dans toutes ces pièces récentes,
louables de pensée, grandioses de forme, sur le bal de l'Hôtel de Ville, sur les galas
du budget, dans ces pièces à Dieu sur les révolutions qui commencent, dans ces conseils
à une royauté d'être aumônière comme au temps de saint Louis, dans ce mélange souvent
entrechoqué de réminiscences monarchiques, de phraséologie chrétienne et de vœux
saint-simoniens, il n'est pas malaisé de découvrir, à travers l'éclatant vernis qui les colore,
quelque chose d'artificiel, de voulu, d'acquis. »
En juil. 1837, V. Hugo, fort bien en cour et particulièrement lié avec le duc et la duchesse d'Orléans, fut nommé par Louis-Philippe officier de la Légion d'honneur ; quand parurent
Les Voix intérieures, le roi lui manifesta de nouveau sa sympathie par l'envoi
d'un tableau représentant le couronnement d'Inès de Castro. Au reste, la gloire du poète passait, dès cette époque, toutes celles de ses contemporains : on se portait en foule le soir,
devant ses appartements de la place Royale, pour le voir apparaître aux fenêtres, entouré
de ses disciples et admirateurs. Un nouveau groupe s'était formé, en effet, vers 1836,
autour de Victor Hugo ; on n'y retrouvait plus les noms du Cénacle de 1826. Les anciens
amis du poète, Sainte-Beuve en tête, s'étaient presque tous séparés de lui, éloignés peut-être
par cet « égoïsme féroce » dont parle Heine et ce besoin d'admiration sans réserve qu'il garda
jusqu'au dernier jour. À leur place on voyait Théophile Gautier, Petrus Borel, Bouchardy,
Esquiros et des artistes, des peintres, des sculpteurs, des architectes. Ce ne fut pas la faute
du nouveau Cénacle, qui affichait un mépris un peu enfantin pour l'Académie, si V. Hugo
y sollicita un fauteuil en 1836 ; il fut refusé et trois autres tentatives, l'une la même année,
une autre en 1839, la troisième en 1840, ne furent pas plus heureuses; il finit par être élu
en 1841; il remplaçait Népomucène Lemercier.
Il n'avait cependant pas renoncé encore au théâtre. Il donna Ruy Blas à la Renaissance
en 1838. L'action n'y est pas très heureuse, mais « de nombreuses beautés, des vers superbes
et quelque chose de très vivant, brillant et amusant dans le dialogue » (Renouvier), valurent
au nouveau drame des applaudissements enthousiastes. Il n'en fut pas de même
des Burgraves qui lui succédèrent (1843). Ce furent les adieux du poète à la scène :
la pièce tomba. Une réaction du goût s'était faite dans le public : la mode était à Ponsard,
à Rachel et aux néo-classiques. Le poète se retira sous sa tente.
Peu de temps avant Les Burgraves, il avait publié Le Rhin (1842), qui
renferme trois parties : un récit de voyages (Lettres à un ami), d'une érudition
magnifique et lourde ; une légende (Le Beau Pécopin) et une Conclusion
quelque peu inattendue, où, pour résoudre le problème de l'équilibre européen, l'auteur
propose tout simplement un partage de l'Europe entre la Prusse et la France. Entendait-il
préluder par là au rôle politique qu'il allait jouer bientôt ? Quoi qu'il en soit, et peu de temps
après l'épouvantable accident de Villequier qui lui ravit sa fille Léopoldine et son gendre
Charles Vacquerie, mariés depuis quelques mois, V. Hugo entra dans « l'arène des partis ».
Il possédait toujours la sympathie du roi Louis-Philippe, qu'il conciliait fort bien d'ailleurs
avec l'estime des bonapartistes (il avait réuni à part, en 1840, ses Odes sur Napoléon,
qui faisaient, en effet, « une véritable épopée napoléonienne » comme l'annonçaient
ses éditeurs) : le roi le fit nommer pair de France (1845). Il apparaît à la Chambre des pairs
orateur fastueux et théâtral, sans action aucune, du reste, sur son auditoire. Qu'il parlât
sur les dessins et modèles de fabrique, sur la question polonaise, en faveur du retour
de la famille Bonaparte ou pour glorifier le « pape libéral » (Pie IX), c'était en poète,
rarement en homme politique.
Victor Hugo : Le politique
À la révolution de 1848, la pairie fut supprimée et
il se présenta à l'Assemblée constituante sur la liste réactionnaire du Constitutionel.
Il fut élu, vota tantôt avec les réactionnaires, tantôt avec les républicains, mais siégea
à droite. À la fin de juil. 1848, il fonda l'Événement avec ses deux fils,
Charles et François, P. Meurice, A. Vacquerie, Th. Gauthier, Méry, Théod. de Banville,
Gérard de Nerval, A. Vitu, etc. L'un de ses collaborateurs, Alphonse Karr, nous apprend
que « Victor Hugo n'écrivait pas ostensiblement dans ce journal, mais qu'il l'inspirait
et le dirigeait, tout en laissant sur beaucoup de points la bride sur le cou à ses jeunes
associés ». Quoi qu'il en soit, le journal n'était réactionnaire à cette date.
On en a la preuve dans ce fait qu'il soutint énergiquement, en 1848, la candidature
de Louis Bonaparte à la présidence, candidature combattue par Lamartine et le parti
républicain tout entier. Nommé à l'Assemblée législative le 13 mai 1849, V. Hugo siégea
encore à droite. « C'est seulement en 1849 que je suis devenu républicain, écrit-il plus tard.
La liberté m'est apparue, vaincue. Après le 13 juin, quand j'ai vu la République à terre,
son droit m'a frappé et touché d'autant plus qu'elle était agonisante ; c'est alors que je suis allé
à elle. Je me suis rangé du côté du plus faible ... » La conversion était un peu brusque.
V. Hugo l'a expliquée en disant qu'il était indigné de voir, après le 13 juin, « Rome terrassée
au nom de la France » et « le triomphe de toutes les coalitions ennemies du progrès ». Mais
il semble bien aujourd'hui que la scission entre le poète et la droite eut une cause moins désintéressée
et plus humaine : son discours du 9 juil. sur la prévoyance et l'assistance publique lui avait attiré,
par une objection maladroitement présentée, l'hostilité des membres
de son parti. Il ne le leur pardonna pas et se sépara définitivement d'eux le 19 oct.
en se prononçant contre le pape au profit du peuple romain. C'était passer d'un extrême
à l'autre. De fait, V. Hugo prit rang aussitôt parmi les membres de l'extrême gauche, parla
contre le projet de loi de la liberté d'enseignement, traquenard clérical caché, sous un beau
nom, contre la loi sur la réforme électorale, contre la révision de la constitution, etc.
Dans ce dernier discours, le plus fameux de tous ceux qu'il ait prononcés (juil. 1851),
et en même temps qu'il s'élevait avec une véhémence inouïe contre Louis-Bonaparte,
dont il combattait la réélection à la présidence, il fit un long exposé des théories socialistes
dont il allait devenir désormais le défenseur et l'apôtre. Survient le Deux Décembre. V. Hugo
prend une part active à la résistance au coup d'État, rédige proclamations sur proclamations,
appels au peuple sur appels au peuple. Le peuple resta impassible. Toutefois, le poète
ne quitta Paris que le jour où l'insurrection n'eut plus aucune chance de succès (11 déc. 1851).
Victor Hugo : L'Exil
Il gagna Bruxelles et, un mois plus tard, il se vit porté sur la liste des 66 représentants exilés
par décret. C'est à Bruxelles qu'il écrivit Napoléon le Petit (1852) et l'Histoire
d'un crime, qui ne fut publiée qu'en 1877. « Dans ces écrits ardents, pleins de vie,
la perfection du style est adéquate à la force et à la noblesse des pensées. » Le fond de vérité
est plus contestable. En août 1852, il se rendit à Jersey où sa famille vint le rejoindre.
Il y composa Les Châtiments, l'œuvre la plus extraordinaire, la plus profonde et sentie
peut-être de ce poète et qui restera comme le modèle de ce que la haine peut dicter au génie.
Bien pâles, à côté d'une telle œuvre, les exercices d'un Juvénal ! Vers la fin de 1855,
le gouvernement anglais le força de quitter Jersey, à la suite d'une protestation rédigée
par lui contre l'expulsion de trois autres proscrits. Il se retira à Guernesey, à Hauteville House.
Sa gloire ne fit que grandir dans l'exil. De là s'envolèrent Les Contemplations (1856),
où le poète avait recueilli ses poésies antérieures à 1843. L'inspiration y est plus calme,
souvent touchante et profonde, et le contraste qu'elle faisait avec la violence des œuvres
précédentes n'était pas pour déplaire sans doute au poète. C'est dans ce recueil que se trouvent,
entre autres pièces d'une admirable beauté, les vers sur la mort de sa fille, Léopoldine Hugo.
La première partie de la Légende des siècles est datée aussi de Guernesey (1859).
C'est une série de petites épopées, embrassant tout le cycle légendaire du genre humain ;
c'est, à coup sûr, l'œuvre la plus parfaite et comme l'expression même de la géniale maturité
du poète. On y a relevé justement la persistance de ce sentiment de haine, désormais si
profond en lui, contre le despotisme sous toutes ses formes. Fidèle à ce sentiment, le poète
refusait le bénéfice de l'amnistie, l'année même où paraissait la Légende des siècles.
Ce prodigieux travailleur se vengeait des tristesses du présent en préparant la publication
de nouveaux chefs-d'œuvre, dont la riche variété restera toujours un étonnement. C'est
ainsi qu'il publie successivement : Les Misérables (1862), roman social, d'intrigue
assez banale et à la façon des romans-feuilletons d'Eugène Sue, mais que relèvent une langue
puissante et des épisodes d'une farouche grandeur ; Littérature et philosophie mêlées
(1864) ; William Shakespeare (1864), qui ne devait être primitivement qu'une préface
à la traduction de son fils, François-Victor, et que le poète, emporté par son admiration pour
le grand dramaturge anglais, a transformé en une longue étude, faite d'enthousiasme et
de verve ; Les Travailleurs de la mer (1866), idylle et drame, la jolie figure
de Déruchette en opposition avec le sombre Gilliat, travaillant seul dans des Roches-Douvres
de fantaisie à une œuvre cyclopéenne et impossible ; puis les Chansons des rues et des bois
(1865), où le poète « s'amuse » vraiment, sans qu'il faille trop prendre au sérieux
son érotisme, d'ailleurs enjoué et gracieux, piquant tout au moins çà et là ; enfin
L'Homme qui rit (1869), couvre plus étrange encore, s'il se peut, exagérée, « énorme »,
sublime à tout prendre par parties.
Victor Hugo : Les années 1870
L'homme politique n'était point mort cependant. En 1870, V. Hugo protesta contre le second
plébiscite par un pamphlet intitulé : Non. Vint la guerre, Sedan ; le poète rentra à Paris
quelques jours après la révolution du 4 septembre. Il y revenait seul ; Mme Hugo était morte
à Bruxelles le 28 août 1868. Il demeura à Paris pendant le siège, montant sa garde et
employant le produit de la vente d'une édition des Châtiments à fondre des canons
et à doter des ambulances. Le 8 févr. 1871, il rentra dans la vie publique et fut élu député
de la Seine à l'Assemblée de Bordeaux. Il y prononça un discours contre la paix et prit
une autre fois la parole pour proposer le retour de l'Assemblée à Paris. Mais il donna
sa démission au commencement de mars, en manière de réplique au tumulte qui interrompit
son troisième discours où il avait pris la défense de Garibaldi. La mort de son fils Charles
le contraignit, du reste, à regagner Paris, où il ramena la triste dépouille, et d'où il repartit
pour Bruxelles afin d'y régler diverses affaires de famille. Il était dans cette ville pendant
qu'éclata la Commune ; mais il suivait les événements et protesta contre le décret sur
les otages et le renversement de la colonne Vendôme. En retour et quand la Commune fut
vaincue, il s'éleva contre les représailles exercées sur les insurgés et offrit même un refuge
à certains d'entre eux dans sa maison de Bruxelles ; cet acte d'humanité provoqua une émeute
à Bruxelles ; la « société » belge organisa une manifestation sous les fenêtres de V. Hugo,
et le gouvernement l'expulsa. Il se rendit à Londres, et de là regagna Paris. Le 16 mai 1872,
il fonda, avec François Hugo, P. Meurice et A. Vacquerie, une feuille démocratique à 5 cent.,
Le Peuple souverain. Proposé pour la députation par le parti radical la même année,
il échoua et n'occupa de nouvelles fonctions politiques qu'en 1875, époque où il fut nommé
délégué sénatorial de la Seine. Élu sénateur l'année suivante, il siégea à l'extrême gauche et
ne prononça qu'un discours en faveur des condamnés de la Commune.
Il avait publié depuis son retour à Paris : Actes et paroles (1872), sorte de dossier
très curieux et très habilement, disposé, où l'auteur, cherchant à expliquer ses opinions
successives en religion et en politique, reproduit les discours de tout genre qu'il avait
eu l'occasion de prononcer ; L'Année terrible (1872), poème sur la guerre
franco-allemande, considéré généralement comme inférieur à ses précédentes productions,
et Quatre-vingt-treize (1873), récit romanesque et sublime des plus terribles
phases de la Révolution.
S'il eut au Sénat un rôle politique effacé, son activité littéraire fut loin de se ralentir à partir
de 1876. En 1877 parut la seconde série de la Légende des siècles, digne de la première, et
L'Art d'être grand-père, où il revenait à l'expression des sentiments
les plus touchants de sa maturité. L'histoire d'un crime, récit du coup d'État
du Deux Décembre, publié à la veille des élections, en 1877, eut un immense retentissement.
Puis l'infatigable vieillard livra au public, d'année en année, une suite d'œuvres variées, dont
quelques-unes existaient depuis longtemps à l'état de manuscrits et qui sont de valeur très
diverse : le Discours pour Voltaire (1878) ; Le Domaine public payant (1878) ;
Le Pape, poème (1878), La Pitié suprême, Poésies (1879) ; L'Âne,
poème (1880) ; Religion et Religions, poésies (1880) ; Les Quatre Vents de l'esprit,
poésies (1881); Torquemada, drame non représenté (1882) ;
une troisième série de la Légende des siècles (1883) ; L'Archipel de la Manche
(1883).
Victor Hugo : De 1880 à la fin de sa vie
Choisi de nouveau comme délégué sénatorial par le conseil municipal de Paris en 1881
et réélu sénateur le 8 janv. 1882, objet d'une manifestation grandiose où la France entière
prit part à son quatre-vingtième anniversaire Victor Hugo était en possession de la gloire
politique et littéraire la plus éclatante qu'on eût jamais vue, lorsqu'il mourut, après
une agonie de huit jours, le vendredi 22 mai 1885. Le magnifique cortège qui accompagna,
par une suprême antithèse, le char des pauvres où il avait voulu qu'on emportât sa dépouille,
ce concours de tout un peuple et des représentants des deux mondes ont bien prouvé
l'universelle admiration dont était l'objet celui que E. Augier avait appelé « Le Père ».
C'est qu'en effet il avait eu sur la littérature d'une grande moitié de ce siècle une domination
Extraordinaire ; en politique, il avait été, suivant le mot de Charles de Mazade, « L'âme
vibrante à tous les souffles, l'écho retentissant de tous les bruits, des enthousiasmes et
des colères de son temps ». Et assurément, l'éloge ne va pas sans restrictions ; on le peut
blâmer d'avoir trop obéi aux mouvements de l'opinion, à des influences intéressées peut-être,
d'avoir eu trop de convictions successives pour qu'on puisse assurer que la dernière était bien
l'aboutissant logique des précédentes ; l'orateur, le romancier, le poète même ne sont pas
chez lui sans défauts, et nous avons, au cours de cette biographie, impartialement signalé
ces défaillances avec les maîtres de la critique contemporaine. Son œuvre n'en demeure pas
moins la plus haute, la plus merveilleuse peut-être de ce siècle et de bien d'autres. Vinet
le dit avec raison : « La dixième partie de son trésor lyrique suffirait pour faire vivre son nom
aussi longtemps que notre langue et notre littérature. Pour la grandeur des idées et des images,
pour l'élan, pour la verve soutenue, pour l'invention, pour l'ensemble du moins de toutes
ces choses, il n'a personne au-dessus de lui parmi ses contemporains. Il ne lui manque que
ce qui manque à tous, et ce qui fait l'honneur des grands âges littéraires, la mesure
dans la force, l'économie dans la richesse. » Ajoutons qu'à la mort de ce puissant génie,
nous ne connaissions encore qu'une partie de son œuvre. Il laissait une quantité considérable
de manuscrits, datant de toutes les époques de sa vie ; MM. Paul Meurice et Auguste
Vacquerie, qui avaient la tâche de les publier, ont déjà fait paraître : Le Théâtre en liberté
(1884) ; La Fin de Satan (1886), seconde partie (incomplète) :
d'une trilogie dont la première partie est la Légende des siècles, et la troisième
le poème de Dieu, qui vient d'être publié aussi ; Choses vues (1887) ;
Toute la lyre (1888-93) ; Océan (1894) ; En Voyage : les Alpes,
les Pyrénées, France et Belgique ; les Jumeaux ; Amy Robsart, deux drames de jeunesse.
Et ce n'est pas tout. Jules Tellier, qui avait commencé le dépouillement des manuscrits
du grand poète et que la mort interrompit lui-même si déplorablement au début de sa tâche,
nous a donné, dans un curieux article des Annales politiques et littéraires
(30 sept. 1888), une nomenclature de tout ce qui reste encore à publier. En prose, c'est
un Essai d'explication, qui serait l'exposé des doctrines philosophiques esquissées
dans Les Contemplations, et une volumineuse Correspondance, qui,
hélas, ne pourra être livrée au public qu'au bout de longues années, tant par
la volonté de l'auteur qu'à cause des personnalités en jeu ; pour les œuvres de théâtre,
trois comédies Cent mille Francs de rentes, Peut-être frère de Gavroche,
Maglia, et quelques autres pièces qui semblent indiquer « que le grand poète a conçu
vers la fin de sa vie l'idée d'un théâtre qui eût été quelque chose de tout à fait libre. Plus
d'action, plus de drame proprement dit ; rien qu'une succession de scènes sans lien apparent,
mais se passant au même lieu. » En poésie : des satires contre le second Empire,
Les Années funestes ; des poèmes satiriques ou philosophiques que V. Hugo avait
réunis lui-même sous ces deux titres : Les Colères justes et les Profondeurs ;
enfin un nombre infini de poésies diverses. « Il y en a des dizaines et des centaines,
écrivait Jules Tellier, et des centaines encore. C'est une inondation, un déluge. On a eu
beau publier Toute la lyre (700 pages de vers appartenant à toutes les époques
de la vie du poète), il y a encore des quantités de pièces inédites de toutes les époques.
De 1820 à 1878, Victor Hugo a écrit des vers continûment, infatigablement. Il ne s'est
reposé un peu (et non point complètement) que dans ses dernières années. Sa fécondité
était quelque chose de prodigieux. »
Ch. Le Goffic et Ed. Thieulin. Biographie de La grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts.
Présentée par Stéphen Moysan.
Les Poèmes de A à Z
- À Alexandre D.
- À Alphonse Rabbe
- À André Chénier
- À Aug. V.
- À Canaris
- À Canaris (2)
- À Granville, en 1836
- À Jeanne
- À Jules J.
- À Louis B
- À M. le d. d'O.
- À Madame D G de G
- À Mademoiselle J.
- À Mademoiselle Louise B
- À Mlle Fanny de P
- À M. Froment Meurice
- À Paul M.
- À Petite Jeanne
- À Vianden
- À Villequier
- À Virgile
- À celle qui est restée en France
- À celle qui est voilée
- À ceux qu'on foule aux pieds
- À ceux qui sont petits
- À des âmes envolées
- À des oiseaux envolés
- À dona Rosita Rosa
- À l'Arc de triomphe
- À l'enfant malade pendant le siège
- À la Colonne
- À la France
- À la belle impérieuse
- À la fenêtre, pendant la nuit
- À la mère de l'enfant mort
- À l’homme qui a livré une femme
- À ma fille
- À ma fille Adèle
- À propos d'Horace
- À propos de dona Rosa
- À qui donc sommes-nous ?
- À qui la faute
- À quoi songeaient les deux cavaliers
- À un homme partant pour la chasse
- À un poète
- À un poète aveugle
- À une femme
- À une jeune fille
- À vous qui êtes là
- Abîme L'Homme
- Abîme La Voie Lactée
- Adieux de l'hôtesse arabe
- Ah ! c'est un rêve !
- Aimons toujours !
- Air de la princesse d'Orange
- Âme ! être, c'est aimer
- Amis, un dernier mot !
- Amour
- Amour secret
- Anacréon, poëte aux ondes érotiques
- Apparition
- Après l'hiver
- Attente
- Au bois
- Au bord de la mer
- Au fils d'un poëte
- Au peuple
- Au poète qui m'envoie une plume d'aigle
- Au point du jour
- Aucune aile ici-bas
- Autre chanson
- Autre guitare
- Aux Feuillantines
- Aux anges qui nous voient
- Aux arbres
- Aux champs
- Aux morts du 4 décembre
- Aux proscrits
- C'est à coups de canon
- C'est la nuit
- C'était la première soirée
- Cadaver
- Canaris
- Ce qu'on entend sur la montagne
- Ce que c’est que la mort
- Ce que dit la bouche d'ombre (I)
- Ce que dit la bouche d'ombre (II)
- Ce qui n'a pas encore de nom
- Ce qui se passait aux Feuillantines
- Ce siècle avait deux ans
- Ce siècle est grand et fort
- Cent mille hommes
- Cérigo
- Certes, elle n'était pas femme
- Ceux qui vivent
- Chanson, L'Âme en fleur
- Chanson, Proscrit regarde les roses
- Chanson d'autrefois
- Chanson de Gavroche
- Chanson de grand-père
- Chanson de pirates
- Chanson des oiseaux
- Chanson du bol de punch
- Chanson pour faire danser
- Chant sur le berceau
- Charles Vacquerie
- Chose vue un jour de printemps
- Choses du soir
- Clair de lune
- Claire
- Claire P.
- Commencement d'une illusion
- Conclusion
- Conseil
- Crépuscule
- Cri de guerre du mufti
- Croire, mais pas en nous
- D'après Albert Dürer
- Danger d'aller dans les bois
- Dans ce jardin antique
- Dans l'alcôve sombre
- Dans l'église de ***
- Dans l'ombre
- Dans la forêt
- Dans le jardin
- Dante écrit deux vers
- Date lilia
- Demain, dès l'aube
- Depuis quatre mille ans
- Depuis six mille ans la guerre
- Deux voix dans le ciel
- Dicté après juillet 1830
- Dicté en présence du glacier du Rhône
- Dieu fait les questions
- Dolor
- Dolorosae
- Du haut de la muraille de Paris
- Éclaircie
- Écoutez. Je suis Jean.
- Écrit après la visite d'un bagne
- Écrit au bas d'un crucifix
- Écrit en 1827
- Écrit en 1846 et en 1855
- Écrit sur la plinthe d'un bas-relief antique
- Écrit sur la première page d'un Pétrarque
- Écrit sur la vitre d'une fenêtre
- Écrit sur le tombeau
- Écrit sur un exemplaire de la "Divina Commedia"
- Églogue
- Elle avait pris ce pli
- Elle est gaie et pensive
- Elle était déchaussée
- Elle était pâle
- En écoutant chanter la princesse
- En écoutant les oiseaux
- En frappant à une porte
- En hiver la terre pleure
- En mai
- En marchant la nuit dans un bois
- En marchant le matin
- En sortant du collège
- Enthousiasme
- Envoi des feuilles d'automne
- Épitaphe
- Épitaphe de Jean Valjean
- Espoir en Dieu
- Est-il jour ?
- Et Jeanne à Mariette a dit
- Être aimé
- Exil
- Explication
- Extase
- J'ai cueilli cette fleur pour toi
- J'aime l'araignée
- J'aime un petit enfant
- Janvier est revenu
- Je la revois, après vingt ans
- Je lisais
- Je n'ai pas de palais épiscopal en ville
- Je ne me mets pas en peine
- Je ne veux condamner personne
- Je ne vois pas pourquoi
- Je payai le pêcheur
- Je prendrai par la main
- Je pressais ton bras qui tremble
- Je racontais un conte
- Je respire où tu palpites
- Je sais bien qu'il est d'usage
- Je suis enragé. J'aime
- Je suis fait d'ombre et de marbre
- Je suis naïf, toi cruelle
- Je t'aime, avec ton oeil candide
- Je travaille
- Jeanne chante ; elle se penche
- Jeanne dort
- Jeanne endormie
- Jeanne était au pain sec
- Jeanne fait son entrée
- Jeanne songeait
- Jeune fille
- Jeune fille, l'amour
- Joies du soir
- Jolies femmes
- Jour de fête
- Jour de fête aux environs de Paris
- L'aurore s'allume
- L'autre
- L'échafaud
- L'enfance
- L'enfant
- L'enfant, voyant l'aïeule
- L'expiation
- L'hirondelle au printemps
- L'ombre
- L'oubli
- L'univers, c'est un livre
- La Chouette
- La Figliola
- La Terre - Hymne
- La blanche Aminte
- La captive
- La chanson de Maglia
- La cicatrice
- La clarté du dehors
- La coccinelle
- La conscience
- La douleur du pacha
- La fête chez Thérèse
- La fiancée du timbalier
- La hache
- La méridienne du lion
- La nature
- La nature est pleine d'amour
- La nichée sous le portail
- La pauvre fleur
- La pente de la rêverie
- La plume de Satan
- La prisonnière passe
- La rose de l'infante
- La sieste
- La sortie
- La source
- La source tombait du rocher
- La statue
- La sultane favorite
- La tombe dit à la rose
- La vie aux champs
- La ville prise
- La vision de Dante
- Laetitia
- Laissez
- Lazzara
- Le Maître d'études
- Le Poëte
- Le Pont
- Le Progrès calme et fort
- Le Revenant
- Le cantique de Bethphagé
- Le champ du potier
- Le couchant flamboyait
- Le crapaud
- Le crucifix
- Le deuil
- Le doigt de la femme
- Le firmament
- Le grand homme vaincu peut perdre en un instant
- Le hibou
- Le manteau impérial
- Le matin
- Le mendiant
- Le poème éploré se lamente
- Le poète bat aux champs
- Le poète dans les révolutions
- Le poète s'en va dans les champs
- Le pot cassé
- Le ravin
- Le rouet d'Omphale
- Le sacre de la femme
- Le sacre de la femme - Ève
- Le satyre
- Le soleil était là
- Le soleil s'est couché
- Le trouble-fête
- Le vieillard
- Les Djinns
- Les Mages
- Les Malheureux
- Les autres
- Les autres en tout sens laissent aller leur vie
- Les enfants lisent
- Les enfants pauvres
- Les femmes sont sur la terre
- Les feuilles d'automne
- Les forts
- Les fusillés
- Les innocents
- Les martyres
- Les oiseaux
- Les pauvres gens
- Les paysans au bord de la mer
- Les siècles sont au peuple
- Les tronçons du serpent
- Lettre
- Lettre à une femme
- Liberté !
- Lise
- Lorsque l'enfant paraît
- Lorsque ma main frémit
- Lueur au couchant
- Lux
- Ô Charles, je te sens près de moi
- Ô Dieux ! si vous avez la France sous vos ailes
- Ô Rus
- Ô gouffre !
- Ô mes lettres d'amour
- Ô soldats de l'an deux !
- Ô souvenirs !
- Ô strophe du poëte
- Ô temps
- Oceano nox
- Oh ! dis !
- Oh ! je fus comme fou
- Oh ! je fus comme fou dans le premier moment
- Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe
- Oh ! par nos vils plaisirs
- Oh ! pour remplir de moi
- Oh ! quand je dors
- Oh ! qui que vous soyez
- On vit, on parle ...
- Où donc est la clarté ?
- Où donc est le bonheur ?
- Oui, je suis le rêveur
- Paris bloqué
- Paris incendié
- Paroles dans l'ombre
- Paroles sur la dune
- Passé
- Pasteurs et troupeaux
- Pendant que le marin
- Pepita
- Petit Paul
- Pleurs dans la nuit
- Ponto
- Pour l'erreur, éclairer, c'est apostasier
- Prélude
- Premier janvier
- Premier mai
- Prenez garde aux choses que vous dites
- Près d'Avranches
- Printemps
- Prologue
- Promenades dans les rochers (I)
- Promenades dans les rochers (II)
- Promenades dans les rochers (III)
- Promenades dans les rochers (IV)
- Puisqu'ici-bas toute âme
- Puisque j'ai mis ma lèvre
- Puisque le juste est dans l'abîme
- Puisque mai tout en fleurs
- Puisque nos heures sont remplies
- Pure innocence
- Saison des semailles
- Sara la baigneuse
- Satan dans la nuit - I
- Satan dans la nuit - II
- Satan pardonné
- Saturne
- Seule au pied de la tour
- Soir
- Soleils couchants
- Sonnez
- Sous les arbres
- Souvenir de la nuit du 4
- Spectacle rassurant
- Spes
- Stella
- Sur la falaise
- Sur le bal de l'Hôtel de Ville
- Sur une barricade
- Suzette et Suzon
- Toi ! sois bénie à jamais !
- Tous les hommes sont l'Homme
- Toute la vie d'un coeur - 1817
- Toute la vie d'un coeur - 1819
- Toute la vie d'un coeur - 1820
- Toute la vie d'un coeur - 1822
- Toute la vie d'un coeur - 1826
- Toute la vie d'un coeur - 1833
- Toute la vie d'un coeur - 1835
- Tristesse d'Olympio
- Trois ans après
- Tu me vois bon, charmant et doux
- Tu peux, comme il te plaît, me faire jeune ou vieux
- Tu rentreras comme Voltaire
- Ultima verba
- Un grand sabre
- Un groupe tout à l'heure
- Un hymne harmonieux
- Un jour au mont Atlas
- Un jour je vis le sang couler
- Un jour, le morne esprit
- Un soir que je regardais le ciel
- Un spectre m’attendait
- Une bombe aux Feuillantines
- Une femme m'a dit ceci
- Une nuit à Bruxelles
- Une nuit qu'on entendait la mer
- Une terre au flanc maigre
- Unité