Éternels Éclairs


Tu me vois bon, charmant et doux

Tu me vois bon, charmant et doux, ô ma beauté ;
Mes défauts ne sont pas tournés de ton côté ;
C'est tout simple. L'amour, étant de la lumière,
Change en temple la grotte, en palais la chaumière,
La ronce en laurier-rose et l'homme en demi-dieu.
Tel que je suis, rêvant beaucoup et valant peu,
Je ne te déplais pas assez pour que ta bouche
Me refuse un baiser, ô ma belle farouche,
Et cela me suffit sous le ciel étoilé.
Comme Pétrarque Laure et comme Horace Églé,
Je t'aime. Sans l'amour l'homme n'existe guère.
Ah ! j'oublie à tes pieds la patrie et la guerre
Et je ne suis plus rien qu'un songeur éperdu.

— Victor Hugo,
Océan vers

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