Date lilia
Oh ! si vous rencontrez quelque part sous les cieux
Une femme au front pur, au pas grave, aux doux yeux,
Que suivent quatre enfants dont le dernier chancelle,
Les surveillant bien tous, et, s'il passe auprès d'elle
Quelque aveugle indigent que l'âge appesantit,
Mettant une humble aumône aux mains du plus petit ;
Si, quand la diatribe autour d'un nom s'élance,
Vous voyez une femme écouter en silence,
Et douter, puis vous dire : - Attendons pour juger.
Quel est celui de nous qu'on ne pourrait charger?
On est prompt à ternir les choses les plus belles.
La louange est sans pieds et le blâme a des ailes.
Si, lorsqu'un souvenir, ou peut-être un remords,
Où le hasard vous mène à la cité des morts,
Vous voyez, au détour d'une secrète allée,
Prier sur un tombeau dont la route est foulée,
Seul avec des enfants, un être gracieux
Qui pleure en souriant comme l'on pleure aux cieux ;
Si de ce sein brisé la douleur et l'extase
S'épanchent comme l'eau des fêlures d'un vase ;
Si rien d'humain ne reste à cet ange éploré ;
Si, terni par le deuil, son oeil chaste et sacré,
Bien plus levé là-haut que baissé vers la tombe,
Avec tant de regret sur la terre retombe
Qu'on dirait que son coeur n'a pas encor choisi
Entre sa mère au ciel et ses enfants ici ;
Quand, vers Pâque ou Noël, l'église, aux nuits tombantes,
S'emplit de pas confus et de cires flambantes,
Quand la fumée en flots déborde aux encensoirs
Comme la blanche écume aux lèvres des pressoirs,
Quand au milieu des chants d'hommes, d'enfants, de femmes,
Une âme selon Dieu sort de toutes ces âmes,
Si, loin des feux, des voix, des bruits et des splendeurs,
Dans un repli perdu parmi les profondeurs,
Sur quatre jeunes fronts groupés près du mur sombre,
Vous voyez se pencher un regard voilé d'ombre
Où se mêle, plus doux encor que solennel,
Le rayon virginal au rayon maternel ;
Oh ! qui que vous soyez, bénissez-la. C'est elle !
La soeur, visible aux yeux, de mon âme immortelle !
Mon orgueil, mon espoir, mon abri, mon recours !
Toit de mes jeunes ans qu'espèrent mes vieux jours !
C'est elle ! la vertu sur ma tête penchée ;
La figure d'albâtre en ma maison cachée ;
L'arbre qui, sur la route où je marche à pas lourds,
Verse des fruits souvent et de l'ombre toujours ;
La femme dont ma joie est le bonheur suprême ;
Qui, si nous chancelons, ses enfants ou moi-même,
Sans parole sévère et sans regard moqueur,
Les soutient de la main et me soutient du coeur ;
Celle qui, lorsqu'au mal, pensif, je m'abandonne,
Seule peut me punir et seule me pardonne ;
Qui de mes propres torts me console et m'absout ;
À qui j'ai dit : toujours ! et qui m'a dit : partout !
Elle ! tout dans un mot ! c'est dans ma froide brume
Une fleur de beauté que la bonté parfume !
D'une double nature hymen mystérieux !
La fleur est de la terre et le parfum des cieux !
Les chants du crépuscule
Du même auteur
Les Poèmes de Victor Hugo de A à Z
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- À Alphonse Rabbe
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- À Aug. V.
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- Claire P.
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- Cri de guerre du mufti
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- D'après Albert Dürer
- Danger d'aller dans les bois
- Dans ce jardin antique
- Dans l'alcôve sombre
- Dans l'église de ***
- Dans l'ombre
- Dans la forêt
- Dans le jardin
- Dante écrit deux vers
- Date lilia
- Demain, dès l'aube
- Depuis quatre mille ans
- Depuis six mille ans la guerre
- Deux voix dans le ciel
- Dicté après juillet 1830
- Dicté en présence du glacier du Rhône
- Dieu fait les questions
- Dolor
- Dolorosae
- Du haut de la muraille de Paris
- Éclaircie
- Écoutez. Je suis Jean.
- Écrit après la visite d'un bagne
- Écrit au bas d'un crucifix
- Écrit en 1827
- Écrit en 1846 et en 1855
- Écrit sur la plinthe d'un bas-relief antique
- Écrit sur la première page d'un Pétrarque
- Écrit sur la vitre d'une fenêtre
- Écrit sur le tombeau
- Écrit sur un exemplaire de la "Divina Commedia"
- Églogue
- Elle avait pris ce pli
- Elle est gaie et pensive
- Elle était déchaussée
- Elle était pâle
- En écoutant chanter la princesse
- En écoutant les oiseaux
- En frappant à une porte
- En hiver la terre pleure
- En mai
- En marchant la nuit dans un bois
- En marchant le matin
- En sortant du collège
- Enthousiasme
- Envoi des feuilles d'automne
- Épitaphe
- Épitaphe de Jean Valjean
- Espoir en Dieu
- Est-il jour ?
- Et Jeanne à Mariette a dit
- Être aimé
- Exil
- Explication
- Extase
- J'ai cueilli cette fleur pour toi
- J'aime l'araignée
- J'aime un petit enfant
- Janvier est revenu
- Je la revois, après vingt ans
- Je lisais
- Je n'ai pas de palais épiscopal en ville
- Je ne me mets pas en peine
- Je ne veux condamner personne
- Je ne vois pas pourquoi
- Je payai le pêcheur
- Je prendrai par la main
- Je pressais ton bras qui tremble
- Je racontais un conte
- Je respire où tu palpites
- Je sais bien qu'il est d'usage
- Je suis enragé. J'aime
- Je suis fait d'ombre et de marbre
- Je suis naïf, toi cruelle
- Je t'aime, avec ton oeil candide
- Je travaille
- Jeanne chante ; elle se penche
- Jeanne dort
- Jeanne endormie
- Jeanne était au pain sec
- Jeanne fait son entrée
- Jeanne songeait
- Jeune fille
- Jeune fille, l'amour
- Joies du soir
- Jolies femmes
- Jour de fête
- Jour de fête aux environs de Paris
- L'aurore s'allume
- L'autre
- L'échafaud
- L'enfance
- L'enfant
- L'enfant, voyant l'aïeule
- L'expiation
- L'hirondelle au printemps
- L'ombre
- L'oubli
- L'univers, c'est un livre
- La Chouette
- La Figliola
- La Terre - Hymne
- La blanche Aminte
- La captive
- La chanson de Maglia
- La cicatrice
- La clarté du dehors
- La coccinelle
- La conscience
- La douleur du pacha
- La fête chez Thérèse
- La fiancée du timbalier
- La hache
- La méridienne du lion
- La nature
- La nature est pleine d'amour
- La nichée sous le portail
- La pauvre fleur
- La pente de la rêverie
- La plume de Satan
- La prisonnière passe
- La rose de l'infante
- La sieste
- La sortie
- La source
- La source tombait du rocher
- La statue
- La sultane favorite
- La tombe dit à la rose
- La vie aux champs
- La ville prise
- La vision de Dante
- Laetitia
- Laissez
- Lazzara
- Le Maître d'études
- Le Poëte
- Le Pont
- Le Progrès calme et fort
- Le Revenant
- Le cantique de Bethphagé
- Le champ du potier
- Le couchant flamboyait
- Le crapaud
- Le crucifix
- Le deuil
- Le doigt de la femme
- Le firmament
- Le grand homme vaincu peut perdre en un instant
- Le hibou
- Le manteau impérial
- Le matin
- Le mendiant
- Le poème éploré se lamente
- Le poète bat aux champs
- Le poète dans les révolutions
- Le poète s'en va dans les champs
- Le pot cassé
- Le ravin
- Le rouet d'Omphale
- Le sacre de la femme
- Le sacre de la femme - Ève
- Le satyre
- Le soleil était là
- Le soleil s'est couché
- Le trouble-fête
- Le vieillard
- Les Djinns
- Les Mages
- Les Malheureux
- Les autres
- Les autres en tout sens laissent aller leur vie
- Les enfants lisent
- Les enfants pauvres
- Les femmes sont sur la terre
- Les feuilles d'automne
- Les forts
- Les fusillés
- Les innocents
- Les martyres
- Les oiseaux
- Les pauvres gens
- Les paysans au bord de la mer
- Les siècles sont au peuple
- Les tronçons du serpent
- Lettre
- Lettre à une femme
- Liberté !
- Lise
- Lorsque l'enfant paraît
- Lorsque ma main frémit
- Lueur au couchant
- Lux
- Ô Charles, je te sens près de moi
- Ô Dieux ! si vous avez la France sous vos ailes
- Ô Rus
- Ô gouffre !
- Ô mes lettres d'amour
- Ô soldats de l'an deux !
- Ô souvenirs !
- Ô strophe du poëte
- Ô temps
- Oceano nox
- Oh ! dis !
- Oh ! je fus comme fou
- Oh ! je fus comme fou dans le premier moment
- Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe
- Oh ! par nos vils plaisirs
- Oh ! pour remplir de moi
- Oh ! quand je dors
- Oh ! qui que vous soyez
- On vit, on parle ...
- Où donc est la clarté ?
- Où donc est le bonheur ?
- Oui, je suis le rêveur
- Paris bloqué
- Paris incendié
- Paroles dans l'ombre
- Paroles sur la dune
- Passé
- Pasteurs et troupeaux
- Pendant que le marin
- Pepita
- Petit Paul
- Pleurs dans la nuit
- Ponto
- Pour l'erreur, éclairer, c'est apostasier
- Prélude
- Premier janvier
- Premier mai
- Prenez garde aux choses que vous dites
- Près d'Avranches
- Printemps
- Prologue
- Promenades dans les rochers (I)
- Promenades dans les rochers (II)
- Promenades dans les rochers (III)
- Promenades dans les rochers (IV)
- Puisqu'ici-bas toute âme
- Puisque j'ai mis ma lèvre
- Puisque le juste est dans l'abîme
- Puisque mai tout en fleurs
- Puisque nos heures sont remplies
- Pure innocence
- Saison des semailles
- Sara la baigneuse
- Satan dans la nuit - I
- Satan dans la nuit - II
- Satan pardonné
- Saturne
- Seule au pied de la tour
- Soir
- Soleils couchants
- Sonnez
- Sous les arbres
- Souvenir de la nuit du 4
- Spectacle rassurant
- Spes
- Stella
- Sur la falaise
- Sur le bal de l'Hôtel de Ville
- Sur une barricade
- Suzette et Suzon
- Toi ! sois bénie à jamais !
- Tous les hommes sont l'Homme
- Toute la vie d'un coeur - 1817
- Toute la vie d'un coeur - 1819
- Toute la vie d'un coeur - 1820
- Toute la vie d'un coeur - 1822
- Toute la vie d'un coeur - 1826
- Toute la vie d'un coeur - 1833
- Toute la vie d'un coeur - 1835
- Tristesse d'Olympio
- Trois ans après
- Tu me vois bon, charmant et doux
- Tu peux, comme il te plaît, me faire jeune ou vieux
- Tu rentreras comme Voltaire
- Ultima verba
- Un grand sabre
- Un groupe tout à l'heure
- Un hymne harmonieux
- Un jour au mont Atlas
- Un jour je vis le sang couler
- Un jour, le morne esprit
- Un soir que je regardais le ciel
- Un spectre m’attendait
- Une bombe aux Feuillantines
- Une femme m'a dit ceci
- Une nuit à Bruxelles
- Une nuit qu'on entendait la mer
- Une terre au flanc maigre
- Unité