Biographie de Antonin Artaud (1896-1948)
Antonin Artaud - Le résumé de sa vie
Antonin Artaud, de son vrai nom Antoine Marie Joseph Artaud, est un poète, romancier, acteur,
dessinateur et théoricien du théâtre français, né en 1896. Inventeur du concept du
« théâtre de la cruauté » exprimé dans Le Théâtre et son double (1938), Artaud aura tenté
de transformer de fond en comble ces différents genres littéraires. Par la poésie,
la mise en scène, la drogue, les pèlerinages, le dessin et la radio, chacune de ces activités
a été un outil entre ses mains, « un moyen pour atteindre un peu de la réalité qui le fuit. »
Souffrant de maux de tête chroniques depuis son adolescence, qu'il combattra par de constantes
injections de médications diverses, la présence de la douleur influera sur ses relations
comme sur sa création. Il sera interné en asile près de neuf années durant, subissant
de fréquentes séries d'électrochocs. Déçu par le théâtre qui ne lui propose que de petits rôles,
Artaud espère du cinéma une carrière d'une autre envergure qu ne viendra pas. Atteint d'un cancer
diagnostiqué trop tard, Antonin Artaud meurt le matin du 4 mars 1948.
Antonin Artaud : Sa jeunesse
Antonin Artaud : Né le 4 Septembre 1896, a une enfance banale. Issu d’une famille aisée,
il vit protégé, choyé et aimé par les siens. Son père, un capitaine au long cours était français.
Sa mère était originaire d’Izmir (Turquie). Artaud reçoit une éducation religieuse chez les pères maristes.
Il est passionné par le grec, le latin et l’histoire ancienne. Enfant, il est atteint d'une maladie,
la méningite, qui constitue un sérieux handicap. Tout au long de sa vie, il doit cohabiter avec ses crises.
Antonin Artaud et les Surréalistes
En 1920, Antonin Artaud, se portant mieux, s’installe à Paris. Il veut devenir à la fois poète, comédien
et dessinateur. De ce fait, il envoie son premier recueil de poésie TricTrac du Ciel (publié en 1923)
à Jacques Rivière, directeur de la Nouvelle Revue Française (NRF). Ce dernier refuse le manuscrit.
De ce refus, résulte une correspondance mémorable entre les deux hommes. Rivière publie les lettres
dans la NRF puis suivent L’Ombilic des Limbes (Paris, 1925), Le Pèse-Nerfs (Paris, 1925),
Fragments d’un Journal d’Enfer (Marseille, 1927).
Les débuts de la période parisienne marquent également pour Antonin Artaud sa rencontre avec le mouvement
des surréalistes, dont il devient même le directeur à la Centrale du bureau des recherches. Cette période
est très prolifique. Il écrit des scénarii de films ainsi que des poèmes en prose. Plusieurs de ses textes
sont publiés dans La révolution surréaliste, l’organe du groupe surréaliste. Le 10 décembre 1926,
une adhésion au parti communiste est envisagée. Antonin Artaud claque la porte, tournant le dos
à la révolution politique.
Antonin Artaud : Les débuts au théâtre
Ses débuts sont discrets dans le monde du théâtre. Avant de fonder définitivement sa compagnie, il fait
quelques escales sur des scènes réputés où il cotoie des auteurs et des directeurs de théâtre. En effet,
il collabore avec quelques grands noms dont Lugné-Poe, le directeur du Théâtre
de l'Œuvre (1920), puis Charles Dullin le Théâtre de l'Atelier ou Georges et Ludmilla Pitoëff à la Comédie
des Champs-Élysées . Ces expériences lui sont bénéfiques.
En 1923, il s’associe à Roger Vitracet Robert Aron pour fonder le Théâtre Alfred Jarry, où se jouent
entre autres Les Mystères de l'amour de Vitrac, Ventre brûlé ou la Mère folle d'Artaud et en guise
de dernière représentation Victor ou les enfants au pouvoir (1928). Cette expérience inachevée est
une déception pour Antonin Artaud. Finalement, il se réconcilie avec les surréalistes.
Antonin Artaud : Le théâtre de la cruauté
Dès les années 1920, Antonin Artaud annonce les prémices de ce qui devient par la suite le concept
du Théâtre de la cruauté. Affichant sa volonté de révolutionner la littérature, il balaye toute idée
d’une éventuelle soumission au texte ou à l’auteur dans la mise en scène. Sa pensée prend concrètement
forme, en 1932, dans les deux manifestes du Théâtre de la Cruauté. Plus tard, en 1938, sont publiées
des conférences rassemblées dans un ouvrage Le Théâtre et son double.
La mise en application de sa théorie est un échec. La pièce Les Cenci n'est jouée qu’une dizaine
de fois. Antonin Artaud considére le cinéma comme un lot de consolation suite à ses diverses expériences
infructueuses et décevantes. C'est son cousin Louis Nalpas, directeur artistique
de la Société des Cinéromans, qui l’introduit dans le milieu. Grâce à lui, il joue ainsi dans Surcouf,
le roi des corsaires de Luitz-Morat (1925) et dans un court-métrage Fait divers (1925),
de Claude Autant-Lara. Il fait, surtout, la connaissance d'Abel Gance. L’entente entre les deux hommes
est excellente. Le réalisateur lui promet même le rôle de Marat dans Napoléon (1927). La même année,
il interpréte le personnage du moine dans La passion de Jeanne d'Arc de Dreyer et participe
au très controversé film-documentaire de Léon Poirier Verdun, Visions d'Histoire.
Parallèlement, Antonin Artaud écrit des scénarii. Un seul est adapté à l’écran par Germaine Du lac La
Coquille et le clergyman. La réalisation déçoit énormément l’auteur. Cependant, il tourne encore
quelques films jusqu’en 1935.
Antonin Artaud : Des hôpitaux à la mort
Avec le temps, la maladie a raison de lui, condamnant son esprit et ravageant son corps. L’existence
d’Antonin Artaud est ponctuée par des séjours en hôpitaux psychiatriques. En 1936, il rentre transformé
de son voyage au Mexique. Il était parti à la découverte de la tribu des Tarahumaras, il en revient fou.
Il est interné plus de neuf ans dans différents établissements.
Il en sort, en 1946 et s’installe à Paris dans une clinique spécialisée. En 1947, il se distingue
par une représentation au Théâtre du Vieux-Colombier. Antonin Artaud, ombre de lui-même, est magistral
et malgré les dégâts physiques, envoute le public. La même année, il enregistre pour la radio avec
la participation de Maria Casarès, Paule Thévenin et Roger Blin Pour en finir avec le Jugement de dieu.
Le programme est censuré pour propos outrageux. Il sera publié après sa mort en avril 1948.
Le 4 mars 1948, Antonin Artaud décède. Peu avant sa mort, il rédige en un mois son livre testament
Van Gogh le suicidé de la société (1947) dans lequel, à l’instar du peintre, il revendique
son statut d’aliéné et rejette toute forme de conformisme.
A la littérature française, Antonin Artaud laisse un patrimoine non négligeable. Aujourd’hui,
ses théories longtemps décriées concernant le théâtre sont considérées comme les bases du théâtre
européen contemporain. Sa poésie est encensée chaque année. Un prix porte même son nom :
le prix Antonin Artaud, remis à l’occasion des Journées de la Poésie de Rodez, ville de son
dernier internement.
Biographie Première.
Présentée par Stéphen Moysan.