Un autre monde est possible
Stéphen Moysan

Ami, à force de trop écrire J’ai les mots qui s’usent, Pourtant j’ai tant de pensées Que le silence emporte. Souvent je m’exprime mal Dans le verbiage de mes défauts, Mais toujours avec mon cœur Je cherche à t’atteindre.

Je chante les mystères de la vie Car j’ignore les secrets de la mort Mais je sais que naitre et mourir Est ce qui demande le plus de courage. Oui, je parle de s’éveiller dans les ténèbres Ou de s’endormir dans la lumière Pour apprendre à donner plus qu’on ne peut Et recevoir moins qu’il ne faut.

« Tout corps traîne son ombre, Tout esprit son doute. » Je cherche le midi de ma pensée Dans l’obscurité de la société. Voilà que les riches reçoivent de l’or Et donnent de l’argent En se déclarant généreux, Et nous ne voyons pas qu’ils ont le cœur aveugle.

Muets comme une tombe Ils trainent leur cadavre, Victimes de ne pas être l’assassin Qu’ils rêvent d’être. Ils n’iront pas loin, Les riches les déplument Et conseillent les pauvres De voler de leurs propres ailes.

Voici qu’elle est jugée Comme non essentielle, « Si la culture coûte cher Essayez donc l’ignorance. » Dans le monde de l’écriture Une seule lettre peut tout changer, Je suis pour l’amour au pouvoir Non l’amour du pouvoir.

« La Terre est si belle, Et le monde est si laid ! » Quand la guerre résonne, Le bien ne fait pas de bruit. Bien sûr si ça continue, Faudra que ça cesse, Les hommes n’ont toujours pas compris Qu’il n’y a pas de bonheur dans la haine.

J’ai essayé d’aller en ce lieu : Où l’on s’aime vraiment, Où l’on se parle vraiment, Où l’on se donne vraiment, Où la santé est notre plus grande richesse, Où le temps est la chose la plus importante, Où vivre sans but n’est pas un destin, Comme je ne l’ai pas trouvé, je l’ai écrit.

Durant ce siècle de mensonges, De la destruction de la nature, De l’accroissement des inégalités, Quand le pire peut arriver, Avec l’ambition de la jeunesse Je rêvais de changer le monde, Était-il vraiment plus sage D’arriver à le supporter ?