Éternels Éclairs


Âge d'or

Quelqu’une des voix
Toujours angélique
- Il s’agit de moi, -
Vertement s’explique :

Ces mille questions
Qui se ramifient
N’amènent, au fond,
Qu’ivresse et folie ;

Reconnais ce tour
Si gai, si facile :
Ce n’est qu’onde, flore,
Et c’est ta famille !

Puis elle chante. Ô
Si gai, si facile,
Et visible à l’œil nu ...
- Je chante avec elle, -

Reconnais ce tour
Si gai, si facile,
Ce n’est qu’onde, flore,
Et c’est ta famille ! ... etc ...

Et puis une voix
- Est-elle angélique ! -
Il s’agit de moi,
Vertement s’explique ;

Et chante à l’instant
En soeur des haleines :
D’un ton Allemand,
Mais ardente et pleine :

Le monde est vicieux ;
Si cela t’étonne !
Vis et laisse au feu
L’obscure infortune.

Ô ! joli château !
Que ta vie est claire !
De quel Age es-tu,
Nature princière
De notre grand frère ! etc ...,

Je chante aussi, moi :
Multiples sœurs ! voix
Pas du tout publiques !
Environnez-moi
De gloire pudique ... etc ...

— Arthur Rimbaud,
Vers nouveaux

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