Éternels Éclairs


Jésuitisme

Le Chagrin qui me tue est ironique, et joint
Le sarcasme au supplice, et ne torture point
Franchement, mais picote avec un faux sourire
Et transforme en spectacle amusant mon martyre,
Et sur la bière où gît mon Rêve mi-pourri
Beugle un De Profundis sur l’air du Tradéri.
C’est un Tartuffe qui, tout en mettant des roses
Pompons sur les autels des Madones moroses,
Tout en faisant chanter à des enfants de chœur
Ces cantiques d’eau tiède où se baigne le cœur,
Tout en amidonnant ces guimpes amoureuses
Qui serpentent au cœur sacré des Bienheureuses,
Tout en disant à voix basse son chapelet,
Tout en passant la main sur son petit collet,
Tout en parlant avec componction de l’âme,
N’en médite pas moins ma ruine, - l’infâme !

— Paul Verlaine,
Poèmes saturniens

Du même auteur

Les Poèmes de Paul Verlaine de A à Z

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