Quand je vais par la rue, où tant de peuple abonde
Quand je vais par la rue, où tant de peuple abonde,
De prêtres, de prélats, et de moines aussi,
De banquiers, d’artisans, et n’y voyant, ainsi
Qu’on voit dedans Paris, la femme vagabonde :
Pyrrhe, après le dégât de l’universelle onde,
Ses pierres (dis-je alors) ne sema point ici :
Et semble proprement, à voir ce peuple-ci,
Que Dieu n’y ait formé que la moitié du monde.
Car la dame romaine en gravité marchant,
Comme la conseillère ou femme du marchand
Ne s’y promène point, et n’y voit-on que celles
Qui se sont de la cour l’honnête nom donné :
Dont je crains quelquefois qu’en France retourné,
Autant que j’en verrai ne me ressemblent telles.
Ursin, quand j’oy nommer de ces vieux noms romains,
De ces beaux noms connus de l’Inde jusqu’au More,
Non les grands seulement, mais les moindres encore,
Voire ceux-là qui ont les ampoules aux mains :
Il me fâche d’ouïr appeler ces vilains
De ces noms tant fameux, que tout le monde honore:
Et sans le nom chrétien, le seul nom que j’adore,
Voudrais que de tels noms on appelât nos saints.
Le mien surtout me fâche, et me fâche un Guillaume,
Et mille autres sots noms communs en ce royaume,
Voyant tant de faquins indignement jouir
De ces beaux noms de Rome et de ceux de la Grèce :
Mais par sur tout, Ursin, il me fâche d’ouïr
Nommer une Thaïs du nom d’une Lucrèce.
Les Regrets
Du même auteur
Les Poèmes de Joachim du Bellay de A à Z

- Ce brave qui se croit, pour un jaque de maille
- Ce n’est l’ambition, ni le soin d’acquérir
- Ce n’est le fleuve Thusque au superbe rivage
- Ce rusé Calabrais tout vice, quel qu’il soit
- Cent fois plus qu’à louer on se plaît à médire
- Cependant que Magny suit son grand Avanson
- Cependant que la Cour mes ouvrages lisait
- Cependant que tu dis ta Cassandre divine
- C’est ores, mon Vineus, mon cher Vineus, c’est ore
- C’était ores, c’était qu’à moi je devais vivre
- Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront
- Comme le champ semé en verdure foisonne
- Comme le marinier, que le cruel orage
- Comte, qui ne fis onc compte de la grandeur

- J’aime la liberté, et languis en service
- Je hais du Florentin l’usurière avarice
- Je hais plus que la mort un jeune casanier
- Je me ferai savant en la philosophie
- Je ne commis jamais fraude ni maléfice
- Je ne découvre ici les mystères sacrés
- Je ne te conterai de Bologne et Venise
- Je ne veux feuilleter les exemplaires Grecs
- Je ne veux point fouiller au sein de la nature
- Je n’écris point d’amour, n’étant point amoureux

- Nature est aux bâtards volontiers favorable
- Ne lira-t-on jamais que ce dieu rigoureux ?
- Ne pense, Robertet, que cette Rome-ci
- Ne pense pas, Bouju, que les nymphes latines
- Ne t’ébahis, Ronsard, la moitié de mon âme
- Ne t’émerveille point que chacun il méprise
- N’étant, comme je suis, encore exercité
- N’étant de mes ennuis la fortune assouvie
- Nous ne faisons la cour aux filles de Mémoire
- Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome

- Quand je te dis adieu, pour m’en venir ici
- Quand je vais par la rue, où tant de peuple abonde
- Que ferai-je, Morel ? Dis-moi, si tu l’entends
- Quel est celui qui veut faire croire de soi
- Qu’heureux tu es, Baïf, heureux, et plus qu’heureux
- Qui est ami du coeur est ami de la bourse
- Quiconque, mon Bailleul, fait longuement séjour

- Si Pirithois ne fût aux enfers descendu
- Si après quarante ans de fidèle service
- Si celui qui s’apprête à faire un long voyage
- Si je monte au Palais, je n’y trouve qu’orgueil
- Si l’importunité d’un créditeur me fâche
- Si notre vie est moins qu’une journée
- Si onques de pitié ton âme fut atteinte
- Si par peine et sueur et par fidélité
- Si pour avoir passé sans crime sa jeunesse
- Si tu ne sais, Morel, ce que je fais ici
- Sortons, Dilliers, sortons, faisons place à l’envie