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Biographie de Michel-Ange (1475-1564)

Michel Ange
Michel Ange
Les Tableaux

Michel-Ange - Le résumé de sa vie

Michelangelo naît en Toscane, dans une petite ville nommée Caprese le 6 mars 1475. Il est accueilli à l'âge de 14 ans au palais de Laurent de Médicis, grand protecteur des arts et des lettres de Florence. C'est le début d'un apprentissage artistique effectué de manière quasi autodidacte. A cette occasion, il rencontre les futurs papes, commanditaires de ses plus grandes oeuvres. Bousculant les principes traditionnels de l'art, il est rapidement consacré et surnommé "le Divin". On lui doit la Pietà de la basilique Saint Pierre au Vatican, les sculptures de David et de Moïse, une fresque narrant la Création sur la voûte de la chapelle Sixtine, ainsi que le célèbre Jugement dernier sur le mur de l'autel de cette même chapelle. Cette dernière oeuvre a suscité à l'époque de vives polémiques : la nudité joyeuse des personnages choquait. Achevée en 1541, elle a été retouchée en 1564 afin de rhabiller ces protagonistes sacrés. Seuls Raphaël et Léonard de Vinci, ses contemporains, ont pu rivaliser avec ce génie de la Renaissance.


Michel-Ange - La biographie détaillée

Michel-Ange : Enfance à l'atelier de Ghirlandajo

Michel-Ange Buonarroti : Sculpteur, peintre, architecte et poète florentin, né à Caprese le 6 mars 1475, mort à Rome le 17 févr. 1564. Cet homme, qui fut une des plus puissantes intelligences du monde et qui devait vivre presque un siècle, naquit au château de Caprese, dans le diocèse d'Arezzo, province du Casentin, le dimanche 6 mars 1475, de Lodovico di Leonardo Buonarroti Simoni et de Francesca Ruccellai. De son vivant même, des généalogistes faisaient descendre les Simoni des comtes de Canossa, mais cette assertion d'une noblesse inutile à Michel-Ange paraît aujourd'hui tout à fait injustifiée. Son père, né en 1444 et mort seulement en 1534 – sa mère mourut en 1497 – était à ce moment podestat de Caprese et Chiusi; les six mois de sa fonction expirés, Lodovico vint à Settignano où il possédait une petite propriété et là son fils fut mis en nourrice chez un tailleur de pierres. La famille de Michel-Ange était nombreuse : on avait placé ses frères dans le commerce des soieries ; lui par faveur fut envoyé à Florence à l'école d'un certain grammairien, Francesco da Urbino. L'enfant pourtant n'avait de goût que pour le dessin, mais, quand il osait dessiner, son père et ses oncles le battaient, ne voyant dans l'art que métier d'artisan indigne d'eux. Cependant il s'était lié d'amitié avec Granacei qui suivait les leçons de Ghirlandajo et, quand l'opposition de son père et de ses oncles fut vaincue, ce fut dans l'atelier de Ghirlandajo qu'entra Michel-Ange, le 1 avr. 1488 : il y entrait pour trois ans et le maître, contrairement à tous les usages, s'engageait à payer pour ce temps 24 florins d'or à l'élève. Il y apprit l'art du dessin le plus rapidement du monde et ayant trouvé une estampe du maître graveur de Colmar, Martin Schœn, Saint Antoine battu par les démons, il la copia et de lui-même il la mit en couleur. L'influence de Ghirlandajo fut du reste très petite sur Michel-Ange ; déjà il étudiait les fresques de San Spirito et y trouvait un maître autrement puissant et proche de la nature, Masaccio. Tandis qu'il le copiait, par son habileté il attirait ses premiers envieux avant d'avoir produit sa première oeuvre : Ghirlandajo lui-même s'en troublait, et d'un coup de poing le jaloux et violent Torrigiani lui faisait au nez une cassure qui devait pour la vie marquer son dur visage d'un accent plus sauvage encore. Michel-Ange étudiait aussi Donatello et Jacopo della Quercia et à leur étude il avivait sa toute jeune intelligence, mais c'était des anciens que la plus grande révélation de l'art devait lui venir.

Michel-Ange : Laurent de Médicis et Florence

Laurent de Médicis venait de fonder dans son palais une école de sculpture dont il avait confié la direction à un élève de Donatello, Bertoldo ; il demanda des élèves à Ghirlandajo, et le peintre lui envoya Granacei et Michel-Ange. Michel-Ange entra à l'école du Magnifique en 1489 sans avoir terminé son apprentissage de peintre ; il pénétra dans les jardins de Saint-Marc et, lui qui allait créer un art nouveau à l'encontre de l'art antique, il fut si surpris d'admiration devant les statues grecques collectionnées par les Médicis, qu'il se promit aussitôt d'être un sculpteur ; il copia d'abord un Masque de Faune, et Laurent, dès qu'il le vit, en fut satisfait à tel point qu'il reçut l'artiste familièrement à sa table et lui fit donner 5 ducats par mois. Là Michel-Ange connut Politien, et sur ses conseils il sculpta en bas-relief le Combat des Centaures et des Lapithesqu'on appelle le Combat des Géants, à la casa Buonarroti, à Florence, où il se trouve ainsi qu'une Madone qu'il fit vers le même temps. Mais Laurent le Magnifique mourut bien vite, en 1492, et Michel-Ange s'éloigna des Médicis. Il retourna chez son père où il composa une figure d'Hercule qui appartint aux Strozzi jusqu'en 1529, elle fut achetée alors par Gian Battista della Palla pour le compte de François Ier et est aujourd'hui disparue. A la même époque, il put faire de longues études d'anatomie à l'hôpital de San Spirite avec l'autorisation bienveillante du prieur qu'il remercia en lui sculptant un Crucifix en bois qu'on croit disparu aussi. Rappelé en 1494 par l'indolent et incapable Pierre de Médicis, Michel-Ange chercha pour lui des pierres gravées et fit une statue de neige pour son plaisir ; puis dans une surexcitation nerveuse où le portait l'excès de travail, il se laissa impressionner par un chanteur qui avait vu en songe Laurent de Médicis lui prédire la chute de sa famille, ou simplement peut-être prévit-il une chute que rendait imminente l'impopularité du fils Médicis et, lassé d'ailleurs de sa protection, il partit pour Venise, mais n'y trouvant rien à faire, il revint à Bologne où il fut reçu et protégé par Francesco Aldobrandi, qui lui fit confier l'achèvement de la châsse de saint Dominique commencée par Nicolas de Pise, et dans laquelle il exécuta la statue de San Petronino et la statuette d'un Ange tenant un candélabre. Puis en 1495, de retour à Florence, d'où Pierre a été chassé le 8 nov. 1494, il sculpte pour un Médicis de la branche républicaine, Lorenzo di Pier Francesco, un petit Saint Jean-Baptiste que l'on croit retrouver au musée de Berlin ; il sculpte aussi le Cupidon endormi, qui peut être celui de l'Académie des beaux-arts de Mantoue, et sur le conseil de Lorenzo di Pier Francesco il le laisse passer pour un antique : le cardinal San Giorgio l'achète comme tel, puis détrompé il se prend d'admiration pour Michel-Ange et lui fait demander de venir à Rome.

Michel-Ange de 1495 à 1505

Les dix années qui passent de 1495 à 1505 marquent la période heureuse et tranquille de la vie de Michel-Ange, et pendant ce temps toute la sérénité de sa vie se reflète dans son œuvre. À vingt ans, il a la possession de son art. Il est célèbre déjà et, sorti des tracasseries de l'école, ni les hommes ni les choses ne lui sont encore fâcheux. Le 25 juin 1496, Michel-Ange arrive à Rome, dans cette Rome éternelle qu'il allait grandir en l'emplissant de sa pensée ; il y resta jusqu'en 1501. On sait peu de chose sur son premier séjour à Rome : le cardinal San Giorgio qui l'avait fait venir ne s'occupa pas de lui, mais il fut protégé par Jacopo Galli, pour lequel il fit en 1497 le Cupidon agenouillé du musée de Kensington et le Bacchus ivre du Musée national de Florence. Vers le même temps il sculpta l'Adonis mourant qui est aussi au Musée national et il fit en 1498, pour le cardinal Jean de Villiers, abbé de Saint-Denis et ambassadeur de Charles VIII auprès d'Alexandre VI, la Pietà de Saint-Pierre de Rome : la Pietà, qui est le seul ouvrage signé de Michel-Ange, lui fut payée 450 ducats d'or. En 1504, le cardinal Piccolomini, qui allait être pape un instant sous le nom de Pie III, lui commanda quinze statues pour la bibliothèque du Dôme de Sienne : il n'y en eut sans doute que quatre exécutées, et la seule qui existe encore aujourd'hui avait été commencée par Torrigiano. La même année, rappelé par des affaires de famille, Michel-Ange revient à Florence. L'Œuvre de la cathédrale possédait un bloc de marbre énorme qui, ébauché en 1468 par Bartolommeo di Pietro, avait déplu à la Seigneurie ; Léonard consulté avait déclaré qu'on n'en pouvait plus rien faire. Michel-Ange, tenté par cet impossible, obtint dès son retour, au mois d'août 1501, la concession du bloc, et, comme il s'y était engagé, en deux ans il en fit sortir le David qui fut placé longtemps sur la Signoria devant le Palais-Vieux et qui est maintenant à l'Académie des beaux-arts ; dans la commission chargée de recevoir le David – qui fut payé 400 ducats – se trouvaient Léonard de Vinci, Filippino Lippi, Ghirlandajo, Pérugin et Botticelli : en le voyant, toute la ville de Florence fut dans l'enthousiasme. Les Florentins voulant dans ce temps-là ménager la bienveillance du maréchal de Gié, le gonfalonier Soderini commanda pour lui à Michel-Ange un David en bronze, mais Michel-Ange, très occupé, ne le termina qu'en 1508 et, le maréchal ayant été disgracié, les Florentins l'envoyèrent au trésorier Robertet, de la bienveillance de qui ils avaient besoin pour lors : ce David a été perdu. Le 25 avr. 1503, les fabriciens de la cathédrale chargèrent Michel-Ange d'exécuter les statues des douze apôtres, mais après avoir ébauché le Saint Matthieu qui est à l'Académie de Florence, il abandonna ce travail. Vers la même époque, il composait deux bas-reliefs circulaires la Vierge avec l'Enfant Jésus et Saint Jean-Baptiste, commandée par Bartolommeo Pitti, qui se trouve à Florence au Musée national, et la Vierge et l'Enfant Jésus commandée par Taddeo Taddei, qui est à l'Académie des beaux-arts de Londres ; il composait aussi la Madone de Bruges, commandée par des marchands flamands, les Moscheroni, qui fut placée en 1506 à Notre-Dame de Bruges, et s'y trouve toujours, et la Tête de femme du musée de Kensington. C'est encore vers ce même temps, où d'ailleurs, passionné de Dante, il semble s'être donné beaucoup à la poésie, qu'il commença à peindre et qu'il fit pour Agnolo Doni la Vierge de la tribune, appelée la Madonna de Doni et sans doute la Vierge de Manchester, mais son génie se plaisait mal à ces tableaux de chevalet pour lui trop étroits. En la même année 1503, les magistrats de Florence, voulant faire orner la salle du conseil du Palais-Vieux, en confièrent un côté à Léonard de Vinci et l'autre à Michel-Ange. Malheureusement, cette décoration, qui eût pu être l'œuvre d'art du monde la plus belle, ne fut pas exécutée ; les cartons seuls en furent faits, et celui de Léonard perdu et celui de Michel-Ange détruit dans les troubles de 1512 : Vasari prétend que ce fut Bandinelli qui le découpa. Il représentait des épisodes de la Guerre de Pise ; une gravure de quelques figures, très connues sous le nom des Grimpeurs, en avait été faite par Marc-Antoine et par Agostino Veneziano et il existe une copie en grisaille du carton, au château de HokIham en Angleterre, qui serait de San Gallo et qui a été gravé par Schiavonetti. Le carton de la Guerre de Pise, commencé au mois d'oct. 1504, fut terminé au mois d'août 1503 ; exposé en 1506, il excita une immense admiration et Raphaël vint l'étudier.

Michel-Ange et le Pape Jules II

Le 1er nov. 1503, après la mort de Pie III, le cardinal Julien della Rovere devenait le pape Jules II. Cet homme puissant séduisit Michel-Ange qui, attiré par lui, revint à Rome en 1505. Il semblait que quelque chose de grand dût naître à la rencontre de ces deux intelligences, et Michel-Ange fut ému de joie quand au mois d'avril de cette année Jules Il lui commanda son monumental tombeau. Il vit l'œuvre colossale à faire sans prévoir aussitôt les innombrables misères dont allait être l'occasion pour lui ce tombeau qui ne devait se terminer qu'en 1545, si différent de ce qu'il l'avait entrevu d'abord avec les quarante-deux figures dont il devait le composer, sans prévoir les quarante années qu'allait durer pour lui la tragœdia della sepultura. Il partit de suite pour Carrare où d'abord il passa huit mois à chercher des marbres et à en dégrossir plusieurs afin de diminuer les frais de transport ; et quand les marbres arrivèrent à Rome, ils remplirent la moitié de la place Saint-Pierre. Michel-Ange se mit au travail, mais bientôt Jules II et luit se fâchèrent. L'artiste s'enfuit de Rome, arriva à Florence au mois de juil. 1506 et là il songea un instant à accepter les offres du Grand Seigneur qui lui demandait de construire un pont de Constantinople à Péra.

Mais Jules II réclamait Michel-Ange au gonfalonier Soderini et, à force de pourparlers, Buonarroti consentit à se rendre à Bologne, où se trouvait le pape venant faire la guerre aux Bolonais révoltés qui, abandonnés par Louis XII et mal défendus par Bentivoglio, s'étaient à la fin soumis à lui. Le pape lui commanda sa statue en bronze pour la ville de Bologne ; Michel-Ange dut faire deux fontes de cette figure qui avait 3m50 de haut : il fit la seconde le 10 nov. 1507. La statue fut inaugurée le 21 févr. 1508 ; elle lui fut payée 1.000 ducats, mais, d'après une lettre de Michel-Ange conservée au British Museum, il n'en resta que 4 1/2 pour lui. À la révolution de 1511, les Bentivoglio rentrant à Bologne, la statue fut brisée et les morceaux vendus au duc Alphonse de Ferrare qui en fondit un canon qu'il appela la Julienne : la tête conservée seule au Palais ducal a disparu depuis. Au mois de mars 1508, Michel-Ange est à Florence où Soderini lui commande, pour faire pendant à son David, l'Hercule et Caces que Bandinelli exécutera ; au mois de mai, il est à Rome. II y reprend son œuvre du tombeau, mais Jules II, à qui Bramante a persuadé que cela portait malheur, l'arrêta, et, tandis que Bramante reconstruit Saint-Pierre et que Raphaël peint les Stanze le pape charge Michel-Ange de décorer la voûte de la chapelle Sixtine.

Michel-Ange : La Chapelle Sixtine

Ce ne fut pas, comme on l'a dit, sur l'insistance de Bramante espérant perdre Michel-Ange dans une œuvre impossible, mais de lui seul que Jules II prit sa décision. Michel-Ange, qui n'avait pas peint à la fresque depuis ses premières années d'étude chez Ghirlandajo, hésita d'abord, puis le 10 mai 1508 il se mit à l'œuvre. Bramante lui ayant construit un échafaudage qui lui convenait mal, il le fit démolir et s'en construisit un en inventant un système pour les besoins de son travail ; puis, après avoir d'abord essayé de se faire aider, il renvoya tout le monde, broyant lui-même ses couleurs, vivant seul, presque oublieux de son existence matérielle, se faisant une vie impénétrable dans la solitude de la Sixtine. La première partie de la voûte terminée fut montrée au public le 1er nov. 1509 au milieu d'un enthousiasme de la foule qui donna l'idée à Bramante de proposer Raphaël au pape pour continuer l'œuvre ; mais Jules II ne l'entendit pas, et Michel-Ange s'étant remis au travail termina en 1512 la décoration de la voûte. Cette œuvre prodigieuse, une des plus puissantes et une des plus belles de l'esprit humain, et dont Raphaël lui-même allait s'inspirer dans ses Sibylles de la Pace, se compose de neuf compartiments – quatre grands prenant toute la largeur du plafond et cinq petits encadrés chacun par quatre figures – qui représentent les actes de la Genèse : Dieu le Père porté par les anges, la Création de la lumière, la Création de l'homme, la Création de la femme, la Tentation d'Adam et d'Eve, leur Expulsion du Paradis, le Sacrifice de Noé, le Déluge et l'ivresse de Noé ; dans les pendentifs sont peints sept prophètes : Zacharie, Jérémie, Joël, Daniel, Isaïe, Ezéchiel et Jonas, et cinq Sibylles la Lybique, la Persique et celles de Delphes, d'Ery, de thrée et de Cumes ; aux quatre angles : David vainqueur de Goliath, le Seront d'airain, la Punition d'Aman et Judith venant de couper la tête à Holopherne ; dans les huit tympans : la Généalogie du Sauveur. Michel-Ange, les yeux fatigués, dut se reposer pendant deux ans.

Michel-Ange et le Pape Léon X

En 1542, Jules II avait ordonné que l'œuvre de son tombeau fût reprise ; le tombeau, déjà diminué de magnificence, devait comprendre encore un sarcophage monumental et une enceinte de marbre à deux étages avec de nombreuses figures. Jules II mourut en 1513 et, aux termes d'un nouveau traité passé avec ses exécuteurs testamentaires, le tombeau dut être terminé en sept ans et Michel-Ange dut recevoir 16.500 ducats d'or ; en 1546, neuf ans furent accordés : c'est vers ce temps sans doute que Michel-Ange travailla au Moïse. Cependant Léon X avait succédé à Jules II et, interrompant d'autorité le tombeau de son prédécesseur, il avait prié Michel-Ange de se faire architecte, le chargeant de terminer à Florence l'église des Médicis, en faisant une façade au San Lorenzo qu'avait commencé Brunelleschi. Michel-Ange partit en 1515 chercher des marbres à Carrare ; mais Léon X le rappela bientôt, ayant appris qu'il existait des carrières de marbre dans la montagne de Santa Pietra sur le territoire de Florence ; Michel-Ange partit pour la montagne de Santa Pietra et là, au milieu de carrières inexploitées, il passa cinq ans, de 1516 à 1521, à extraire avec les plus grandes difficultés des marbres inutiles, car la façade ne se fit pas. Léon X, qui sentait si bien la nature de Raphaël, ne comprit pas Michel-Ange : il ne craignit pas de lasser son génie à lui demander et lui redemander sans cesse des plans pour sa façade de San Lorenzo, jamais satisfait, et insouciamment il épuisa sa vigueur dans le lamentable exil de Santa Pietra ; mais heureusement il devait, avant de mourir en pleine jeunesse, lui commander au mois de mars 1520 les tombeaux des Médicis. Pendant les rares séjours qu'il fit alors à Rouie, Michel-Ange avait commencé à exécuter le Christ à la Croix qui est à l'église de la Minerve, mais, découragé de voir son temps émietté par les capricieuses exigences de Léon X, il l'abandonna, le faisant terminer par Federigo Frizzi. Le Christ à la Croix fut mis en place en 1521 et eut un grand retentissement : François I écrivit à Michel-Ange pour lui demander quelques ouvrages. Léon X mourut le 15 mars 1521 et le pape Adrien VI – un Hollandais austère – qui lui succéda ne s'occupa pas de Buonarroti qui put travailler en 1522 et en 1523 au tombeau de Jules II ; mais le 19 nov. 1523 un nouveau Médicis, Clément VII, fut élu pape, et Michel-Ange dut se remettre aux tombeaux de San Lorenzo.

Michel-Ange et le Pape Clément VII

Cependant les troupes allemandes et espagnoles de Charles-Quint ayant saccagé Rome, Clément VII fut fait prisonnier et Florence soulevée contre les Médicis les chassa une seconde fois au mois de mai 1527. Mais le pape et l'empereur se réconcilièrent et Michel-Ange, resté jusqu'alors éloigné de la politique par attachement à la mémoire de Laurent de Médicis de qui la famille ambitieuse exaspérait sa conscience, sentant la patrie en danger, se déclara contre Clément VII. Le 6 avr. 1529, il est nommé par la Seigneurie commissaire général des fortifications et il entoure la colline de San Miniato de bastions qui existent encore et qui devaient faire un jour l'étude et l'admiration de Vauban. À la fin d'avril il va à Livourne, au mois de juin à Pise où il prépare les travaux de défense de l'Arno, Pendant les six mois qui précèdent le siège, il surveille tout, vivant presque constamment à San Miniato d'où il ne descend dans Florence, dit Vasari, que pour travailler secrètement aux tombeaux des Médicis : tels étaient et l'inquiétude et les besoins de son âme. Puis tout à coup, s'étant rendu à la Seigneurie pour y dénoncer au milieu des divisions de la ville le condottiere Malatesta comme un défenseur, dangereux et voyant sa personne injuriée par le gonfalonier Carduccio et ses avis méprisés, il quitte Florence à la fin de septembre, pris d'un vertige d'esprit, et s'enfuit avec tout ce qu'il possède à Venise où il est reçu triomphalement, mais où il ne reste que quatorze jours, car, si la Seigneurie l'a déclaré rebelle, plus puissante qu'elle la ville de Florence le réclame et, au mois de novembre, traversant l'armée ennemie, Michel-Ange revient aussitôt à son poste de défense : assiégée par Clément VII, Florence résista jusqu'au 12 août 1530 où elle lui fut livrée par la trahison de Malatesta. Pour se sauver de la mort, Michel-Ange dut alors se cacher, mais Clément VII lui pardonna très vite, et il put continuer les tombeaux des Médicis, mais par bref du 21 nov. 1531, le pape, pour ménager sa santé fatiguée, lui interdisait de faire aucun travail en dehors de son couvre de San Lorenzo sous peine d'excommunication. La chapelle des Médicis, commencée en 1520, fut terminée en 1533. Cette chapelle séparée de l'église San Lorenzo, petite, carrée, d'un style froid et sobre, qui contient dans ses murs les chefs-d'œuvre de la statuaire moderne, fut faite à travers les plus grandes tristesses de la vie de Michel-Ange, ce que ses beautés reflètent au fond est l'autel ; sur les deux côtés, les tombeaux de Julien, le frère de Léon X, et de Laurent, le petit-fils du Magnifique et le père de Catherine de Médicis ; Julien, en triomphateur romain, et Laurent, Il Pensieroso, sont assis au-dessus de leurs tombeaux, tandis que les figures du Jour et de la Nuit, de l'Aurore et du Crépuscule, étendues sur les sarcophages, sont couchées à leurs pieds ; en face de l'autel est La Vierge avec l'Enfant Jésus, dont il existe une maquette en bronze au Louvre à la collection Thiers : près d'elle deux figures de saints exécutées par des élèves de Michel-Ange, Raffaelo da Montelupo et Fra Giovanagnolo ; et presque tout cela est resté inachevé dans sa vigoureuse splendeur. Dans les deux ou trois années qui suivirent le siège de Florence, Michel-Ange peignit les Parques du palais Pitti et la Léda qui, commandée par le duc Alphonse de Ferrare et vendue à François Ier est aujourd'hui à la National Gallery, en partie repeinte, et il sculpta l'Apollon portant la main à son carquois du Musée national de Florence. Puis en 1532 il revient à Rome et Clément VII lui demande de peindre les deux extrémités de la chapelle Sixtine ; il devait y représenter la Chute des anges rebelles et le Jugement dernier. Presque aussitôt il se mit à l'étude des cartons ; mais Clément VII étant mort en 1534, Michel-Ange songeait à renoncer à ce travail pour reprendre le tombeau de Jules II, quand le pape Paul III s'y opposa et le nomma par bref en 1535 architecte, peintre et sculpteur du Vatican. Le Jugement dernier fut seul exécuté et terminé en 1541 après un travail ininterrompu de près de huit ans : cette fresque terrible et colossale – de 17 m. de haut et de 13m de large – décorait le fond de la chapelle Sixtine avec ses onze parties ou ses onze scènes dont huit se passaient au ciel et trois sur la terre : Les Squelettes sortant de leurs tombeaux, La Caverne du Purgatoire et La Barque ailée de Caron ; elle souleva des admirations et des discussions bruyantes.

Le tombeau de Jules Il allait être terminé. Comme Léon X, Clément VII ; occupé de la gloire des Médicis, l'avait interrompu. Mais, sur les réclamations du duc d'Urbin, neveu de Jules II, Michel-Ange passa en 1531 un nouveau contrat, s'engageant à faire six figures de sa main pour le monument diminué qui ne devait plus être placé maintenant qu'à Saint-Pierre aux Liens. Puis, par un dernier traité du 20 août 1542, Montelupo devait achever les statues de Lia et de Rachel et faire les autres figures d'après les dessins de Michel-Ange. Le tombeau fut fini et placé à Saint-Pierre aux Liens après 1545 : Michel-Ange avait terminé lui-même la Lia et la Rachel ou la Vie active et la Vie contemplative qui sont aux côtés de ce prodigieux Moïse qui apparaît comme une chose extrahumaine dans son symbole même de l'humanité ; la Vierge, le Prophète et la Sibylle étaient de Montelupo et la figure couchée de Jules II de Maso del Bosco, mais ne semblaient que des accessoires sans intérêt de la figure sublime qui ne laisse rien voir autour d'elle. Ainsi finit la Tragœdia della sepultura, les deux admirables Prisonniers du Louvre, qui primitivement avaient du faire partie du monument, avaient été donnés par Michel-Ange à son ami Roberto Strozzi qui en fit hommage à François Ier, puis offerts par François 1er, au connétable de Montmorency pour son château d'Ecouen, ils appartinrent plus tard à Richelieu qui, après avoir fait décapiter Henri de Montmorency et confisqué ses biens, les envova à son château de Poitou ; le dernier maréchal de Richelieu les plaça dans son hôtel du Roule ; enfin, en 1793, Alexandre Lenoir les ayant trouvés dans une écurie les acheta pour le compte de la nation et ils sont aujourd'hui une des plus hautes gloires du Louvre ; les quatre Prisonniers qui avaient été ébauchés seulement sont à Florence au jardin Boboli et le Génie de la Victoire, destiné aussi au tombeau, est à Florence au Musée national.

Michel-Ange et la marquise Vittoria Colonna

Ce fut vers 1538, pendant qu'il était absorbé par son Jugement dernier, que Michel-Ange rencontra la marquise de Pescaïre, cette exquise Vittoria Colonna, créature toute supérieure, qui fut pour lui l'objet d'une tendresse infiniment respectueuse et douce où il reposa son âme lassée. Veuve à trente-cinq ans du marquis de Pescaire mort en 1525 des suites d'une blessure reçue à Pavie et qu'elle avait aimé passionnément, Vittoria, pleine de son souvenir, avait vécu d'abord à Naples et à Ischia, puis elle était partie pour Ferrare dont le climat fut dangereux pour elle et d'où elle revenait quand elle rencontra Michel-Ange à Rome. Depuis lors, qu'elle fuit à Rome ou qu'elle s'éloignât jusqu'à Viterbe, elle vécut dans une constante intimité d'intelligence et de cœur avec ce grand homme ; d'une haute culture intellectuelle et d'une profonde érudition qu'elle savait faire aimable, elle était poète, elle aussi, et souvent l'un pour l'autre ils mettaient en vers leurs pensées : c'est l'époque, avec celle du David, où Michel-Ange écrivit le plus de vers ; mais les vers de ses trente ans, composés dans un temps où il n'avait pas souffert encore, étaient surtout un exercice littéraire où se délassait son intelligence, tandis que ceux de ses soixante, qui sont les meilleurs, larges, puissants, écrits sur des idées, vers philosophiques ou religieux, sont une expression de sa pensée et de sa vie. La mort de Vittoria Colonna en 1547 fut pour Michel-Ange la suprême douleur. Il existe un portrait d'elle dessiné par lui et peint sans doute par Bronzino dans la collection de M. Campanari, à Londres.

Michel-Ange : Architecte de Saint-Pierre

En 1542, Paul III, qui avait fait construire au Vatican la chapelle Pauline, voulut la faire décorer par Michel-Ange, qu'il affectionnait et dont la gloire était immense ; Michel-Ange supplia le pape de le laisser terminer d'abord le tombeau de Jules II ; mais, malgré ses prières, il dut commencer dès lors ses fresques de la Conversion de saint Paul et du Crucifiement de saint Pierre qui sont ses dernières œuvres peintes, tourmentées mais encore belles – et très effacées aujourd'hui – et qui furent finies seulement vers 1549, au moment de la mort du pape. Cependant Michel-Ange qui, à la mort de Clément VII en 1534, s'était complètement détaché des Médicis et qui depuis avait sculpté son admirable buste de Brutus, recevait les offres les plus séduisantes du grand-duc Cosme désireux de ramener sa gloire à Florence et de voir terminée par lui la sacristie de San Lorenzo, et, comme il les refusait en s'excusant de ne pouvoir quitter Rome, en 1558 le grand-duc vint l'y voir. Michel-Ange pourtant désirait revenir à Florence avant de mourir, mais ses travaux toujours renouvelés devaient jusqu'à son extrême vieillesse le garder à Rome. À soixante-douze ans, il est chargé d'une oeuvre énorme qui, plus que toute autre peut-être, allait lui attirer des contrariétés et des ennemis : San Gallo étant mort, Paul III nomme Michel-Ange architecte de Saint-Pierre, le 1er janv. 1547, avec la faculté pour lui d'en modifier le plan à son gré. Michel-Ange accepta la charge en en refusant le traitement et en commençant par mettre fin à tous les trafics qui s'agitaient autour de cette colossale entreprise : le plan primitif de Saint-Pierre, celui de Bramante, était une croix grecque ; Raphaël en avait fait une croix latine ; Baldassare Peruzzi avait repris le plan de Bramante et San Gallo celui de Raphaël en le compliquant ; Michel-Ange simplifia tout et revint à la croix grecque. Le 10 nov. 1549, Paul III mourut et les sangallistes s'efforcèrent d'éloigner Michel-Ange de Saint-Pierre, mais le nouveau pape Jules III sut le maintenir dans sa charge et le défendre contre ses ennemis. Vers cette époque, Michel-Ange construit aussi les palais et la terrasse du Capitole et il compose la belle et fameuse corniche du palais Farnèse ; il travaille en outre à une Déposition de Croix qui fut, avec une petite Pietà indiquée par Vasari, sa dernière oeuvre sculptée et qui est aujourd'hui au dôme de Florence, derrière le maître-autel : vieux de quatre-vingts ans déjà, il en taillait le marbre pour être placé sur son tombeau, mais, après des années de travail, mécontent, il commençait à le briser quand son élève Calcagni le sauva en lui demandant la permission de le reprendre et de le terminer. En 1556, Marcel III, ami des sangallistes, succède à Jules III, mais il meurt au bout de vingt et un jours, et son successeur Paul IV, qui fait habiller des figures du Jugement dernier par Daniel de Volterre, d'où son surnom de Culottier (braghettone), laisse à Michel-Ange la direction des travaux de Saint-Pierre. Michel-Ange, après avoir renforcé les piliers du dôme qui ont définitivement 17m. d'épaisseur, donne en 1558, à quatre-vingt-trois ans, le modèle en relief de la coupole de Saint-Pierre ; tourmenté encore par ses ennemis qui osent lui reprocher sa vieillesse après une telle œuvre, il travaille toujours. Il ne devait pas voir sa coupole terminée, mais assez avancée cependant pour qu'il pût espérer qu'on ne la changeât pas. Pie IV, sous le pontificat duquel il allait mourir, devait en effet le défendre jusqu'au bout contre les menées des sangallistes. Depuis longtemps tous les maîtres de la Renaissance étaient morts ; seul le plus grand, Michel-Ange, avait survécu, grand jusqu'à la fin. Ses derniers ouvrages furent l'église San Giovanni de Fiorentini à Rome, la porte Pia de Rome et la transformation d'une salle des Thermes de Dioclétien en l'église Santa Maria degli Angeli. Michel-Ange souffrait de la pierre ; le lundi 14 févr. se trouvant fatigué, il ne put monter à cheval comme il en avait l'habitude ; puis se sentant plus malade, il demanda à Daniel de Volterre d'écrire à son neveu Leonardo de venir auprès de lui et il dicta à Daniel de Volterre et à Tomaso de Cavalieri ce bref testament : « Je donne mon âme à Dieu, mon corps à la terre et mes biens à mes plus proches parents », en priant qu'on lui parlât de la Passion tandis qu'il serait près de mourir ; et il mourut – dans la maison qu'il habitait au pied du Capitole, via delle tre pile – le vendredi 17 févr. 1564. L'émotion fut grande à Rome et l'on s'apprêta à l'enterrer en grande pompe à Saint-Pierre, mais Michel-Ange avait demandé à reposer à Florence, et Leonardo dut, pour ne pas soulever les Romains, emmener son corps à la dérobée, à Florence des funérailles magnifiques, retardées jusqu'au 14 juil. lui furent faites à San Lorenzo et son mausolée fut élevé à Santa Croce sur les dessins de Vasari par Giovanni dell' Opera, Cioli et Lorenzi.

Michel-Ange : Regard sur l'Oeuvre

À regarder l'œuvre colossal de Michel-Ange, sculpteur, peintre, et architecte enfin, mais seulement à l'heure tardive où il se sent en possession définitive de l'art, l'auteur des Tombeaux des Médicis, de la Chapelle Sixtine et du Dôme de Saint-Pierre apparaît hautement comme le plus grand créateur d'art des temps modernes. Ayant reçu de la beauté antique une révélation de l'art, il donne à cet art une forme nouvelle et à la suite de la formule plastique des anciens il trouve la formule humaine des modernes. Parmi les hésitations de la sculpture de son temps, à côté des jolies incertitudes d'un Benedetto da Majano, Michel-Ange, sûr de lui-même, produit son œuvre jour à jour en suivant le développement de sa vie et le déroulement de la passion humaine, parti de la jeunesse du David et du charme de l'Adonis mourant pour arriver aux sensations extrêmes du Moïse et des Prophètesde la Sixtine ; d'une maîtrise d'ailleurs qui devait être sans élèves, trop personnelle pour être un enseignement et qui ne devait produire en leurs excès impuissants que des Montelupo et des Volterre. La sûreté de sa conception devait lui donner une assurance d'exécution sans égale, lui permettre de peindre la Sixtine presque sans modèles, même ces figures nues comme Luca Signorelli venait d'en peindre à Orvieto, plus en le précédant qu'en ne l'inspirant, lui permettre aussi de sculpter le marbre même avec une extrême liberté, se plaisant au travail direct du marbre, étant à lui-même son propre praticien ; la vision déterminée non de ce qui était, mais de ce qu'il voulait faire, autorisait d'ailleurs son génie à oser manquer à la nature et l'entraînait à ces défauts d'exactitude matérielle fréquents dans son oeuvre, comme la tête trop petite de la Madone dans la Pietà de Saint-Pierre. D'un tempérament sec et nerveux, trapu et de taille moyenne, la tête osseuse rendue plus dure encore par le coup de poing de Torrigiani, Michel-Ange était très robuste, d'une grande simplicité et d'une indomptable énergie, tout à son travail, mangeant peu, dormant peu et se couchant souvent tout habillé ; il disait à Condivi : « Quoique riche, j'ai toujours vécu en pauvre ». La solitude qu'il aimait l'avait rendu réfléchi et sombre malgré ses immenses succès, sombre parfois jusqu'à la souffrance et même jusqu'à l'injustice, comme il le témoigna accidentellement pour Pérugin et pour Léonard de Vinci ; il était au reste indépendant jusqu'à la raideur, comme il le prouve en réclamant 140 ducats pour son tableau à Agnolo Doni qui refusait de lui en payer 70, – et jusqu'à l'ironie, comme il le prouve à Soderini qui critiquait le nez du David, en faisant semblant devant lui de le retoucher et en demandant alors son avis au gonfalonier qui lui répondit : « Admirable ! vous lui avez donné la vie ». Il recherchait la tranquillité, fuyant pour son art les inutiles agitations, gardant sa vie en dehors de la vie des autres, ne laissant jamais voir son travail ; très bon cependant, donnant des dessins à ses élèves pour leurs compositions, aimant avec affection son vieux serviteur et broyeur de couleurs Urbino. Telle qu'elle se présente ainsi, la vie de Michel-Ange nous est un type extraordinairement intense de la vie de l'artiste : ayant trouvé la gloire à vingt ans, il travaille à travers toutes les difficultés qui lui viennent des choses et toutes les peines qui lui viennent des hommes dans la sublime vision de son art, arrêté et contrarié par l'existence au milieu des splendides beautés qu'il entrevoit, mais plus fort que les événements qui passent ; chaste toute sa vie, regardant seulement à soixante ans, après les grandes luttes et les longs travaux, un premier sourire de femme ; et, Vittoria morte, tout seul, vieux, ayant encore, malgré sa magnifique gloire et son inatteignable génie, des ennemis et des envieux, et jusqu'au dernier jour restant debout dans sa puissance physique.

— Étienne Bricon

Biographie extraite de La grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Présentée par Stéphen Moysan.

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