Éternels Éclairs

Estampe d'Hokusai Des anciens au XXIème siècle

Le mendiant -
Il porte le ciel et la terre
Pour habit d’été.

— Takarai Kikaku,
1661-1707

Dévoré par un chat -
L’épouse du criquet
Crie son deuil.

— Takarai Kikaku,
1661-1707

J’éternue
Et perds de vue
L’alouette.

— Yokoi Yayu,
1701-1783

Pluie de printemps -
Toute chose
Embellit.

— Chiyo-Ni,
1703-1775

Même le bruit de la cascade
S’est affaibli -
Le chant des cigales.

— Chiyo-Ni,
1703-1775

Les feuilles tombent
Sur les feuilles -
La pluie tombe sur la pluie.

— Katô Gyôdai,
1732-1792

Matin du premier jour -
Dans le poêle
Quelques braises de l'an passé.

— Katô Gyôdai,
1732-1792

Fût-ce en mille éclats
Elle est toujours là -
La lune dans l'eau.

— Ueda Chôshû,
1852-1932

Sans savoir pourquoi
J'aime ce monde
Où nous venons pour mourir.

— Natsume Sôseki,
1867-1907

Le serpent s’esquiva
Mais le regard qu’il me lança
Resta dans l’herbe.

— Takahama Kyoshi,
1874-1959

On appelle cette fleur
Pivoine blanche - Oui,
Mais un peu de rouge.

— Takahama Kyoshi,
1874-1959

Retombé au sol
Le cerf-volant
A égaré son âme.

— Kubota Kuhonta,
1881-1926

Après le tonnerre -
Les nuages de la nuit
Ont le teint frais.

— Hara Sekitei,
1889-1951

Silence d'après midi -
Seule une terre calcinée
Que labourent les fourmis.

— Hara Sekitei,
1889-1951

Ma propre voix
Je l'avais oubliée -
Rhume de printemps.

— Shuoshi Mizuhara,
1892-1981

Les jours lointains
Sous un soleil radieux
Plus lointains encore.

— Shuoshi Mizuhara,
1892-1981

Son ballon qui éclate -
Pour le garçon
Le ciel s'est éloigné.

— Suzuki Shin'ichi,
1898-1998

Ma femme -
Elle porte notre enfant
Pareil à la lune croissante.

— Nakamura Kusatao,
1901-1983

Manger du raisin
Une grappe après l’autre
Comme une grappe de mots.

— Nakamura Kusatao,
1901-1983

Point final
De l'escargot
Au milieu de sa coquille.

— Seishi Yamaguchi,
1901-1994

Une chenille -
Je voudrais survivre
Même en rampant par terre.

— Sumitaku Kenshin,
1961-1987

Une poussée
De fièvre déforme
La lune.

— Sumitaku Kenshin,
1961-1987

Bonne Année !
Seule la télévision
Me la souhaite.

— Sumitaku Kenshin,
1961-1987

Quand je me lève.
Il titube -
Le ciel étoilé.

— Sumitaku Kenshin,
1961-1987

Cette limonade
Sans bulles –
Voilà ma vie.

— Sumitaku Kenshin,
1961-1987

Il n'y a rien
Dans mes poches
Rien que mes mains.

— Sumitaku Kenshin,
1961-1987

Du morse dans la nuit -
Le vent
Envoie un SOS.

— Sumitaku Kenshin,
1961-1987

Une vieille étagère...
Dans l'odeur de pourriture,
Un roman d'amour !

— Tsunako Hirose,
NC

Peu à peu mes poumons
Se teignent de bleu -
Voyage en mer.

— Shinohara Hôsaku,
NC

Fourmi !
Tu as beau grimper à la rose
Le soleil est encore loin.

— Shinohara Hôsaku,
NC

Esquisse d'Hiroshige Les Contemporains

Aux poignées suspendues du métro
Les zombies du mois d'avril
Accrochent leurs mains.

— Hoshinaga Fumio,
Contemporain

Tokyo en mai -
Un serpent d'acier
En incubation.

— Hoshinaga Fumio,
Contemporain

Juin coule en pluie -
La solitude
Suinte des murs.

— Hoshinaga Fumio,
Contemporain

Dans ce kiosque enneigé
La révolution -
On pourrait donc l'acheter ?

— Hoshinaga Fumio,
Contemporain

Dans le volcan éteint
Au fond du lac
Le long baiser des truites.

— Maruyama Kaidô,
Contemporain

Une tortue crie
« Un homme
Doit savoir se taire ».

— Tanaka Hiroaki,
Contemporain

Presque une nuit d'automne -
Le souvenir
De sa main froide.

— Kinoshita Yûji,
Contemporain

Le vent du sud -
Il farde de rouge
Les yeux des vaches.

— Mayuzumi Shû,
Contemporain

Lever de lune -
Même si on lui tire dessus
Son oeil reste ouvert.

— Kimura Toshio,
Contemporain

Je sors du cinéma -
Panoramique
Le clair de lune !

— Imai Sei,
Contemporain

Deux cents pas
Jusqu'au boulanger -
Sept pas jusqu'à la voie lactée.

— Origasa Bishû,
Contemporain

La danse des hommes
Pour apaiser le Dieu du Vent
Ressemble à la tempête.

— Arima Akito,
Contemporain

Ténèbre d'insectes -
Nulle part
Le vent n'arrête de souffler.

— Takahashi Masô,
Contemporain

Dans l'oeil de l'oiseau migrateur
Je deviens
Toujours plus petit.

— Ueda Gosengoku,
Contemporain

L'hiver s'appronfondit
Comme s'appronfondit
L'affection d'un père.

— Iida Ryûta,
Contemporain

Montagnes en sommeil -
Chaque arbre s'efforce
De devenir un cercueil.

— Nakahara Michio,
Contemporain

Au bout de sa langue
Il cache des paysages -
L'étranger.

— Horimoto Gin,
Contemporain
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