Éternels Éclairs

Parme

L’air doux n’est troublé d’aucun bruit,
Il est midi, Parme est tranquille ;
Je ne rencontre dans la ville
Qu’un abbé que son ombre suit.

Sa redingote fait soutane
Et lui tombe jusqu’aux talons.
Il porte un feutre aux bords très longs,
Culotte courte et grande canne.

Cet abbé chemine en priant,
Et, seul au milieu de la rue,
Tout noir, il fait sa tache crue
Sur le ciel tendre et souriant.

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

Fra Beato Angelico

Avant le lever du soleil,
Quand aux yeux il n’apporte encore
Qu’un pressentiment de l’aurore,
Et qu’il blanchit plus qu’il ne dore
Les champs émus d’un lent réveil,

Au jour qui commence de croître,
La vitre luit sous les barreaux,
Et lés colonnettes du cloître
Sentent l’ombre des passereaux ;

Le laurier, la rose trémière,
Qui fleurissent autour du puits,
Se redressent vers la lumière
En distillant les pleurs des nuits,
Et le jardin fait sa prière.

C’est l’heure où, bénissant le jour
Dont sa paupière se colore,
Fra Beato sent le retour
Des paradis avec l’aurore.

Et voici qu’un long trait de feu,
Violet, jaune, rouge et bleu,
Par la grille de la cellule
Vient nacrer la pâleur du mur,
Comme une vive libellule
Qui se pose sur un lis pur.

Et le moine ouvrant les prunelles,
Avec ce rayon pour pinceau,
Fait les anges brillants et frêles
Qui forment de leurs fines ailes
Sur la Vierge un splendide arceau.

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

Le Jour et la Nuit

Au-dessus du tombeau trône un guerrier nu-tête
Qui dresse un front de roi sur un buste d’athlète.
Tuniques et manteaux jusqu’aux hanches tombés
Laissent voir la poitrine aux grands muscles bombés,
Virils témoins d’un âge où la force est bien mûre,
Et, sous le beau travail d’une opulente armure,
Les épaules, malgré le fardeau de l’airain,
Gardent l’aplomb tranquille et le contour serein.
Mais, un pied, retiré, l’autre en avant du siège,
Toujours prêt à surgir comme un dieu qui protège,
Et sans quitter le sceptre en paix sur ses genoux,
Tournant la tête, il parle à de plus forts que nous.

Plus bas, sur le versant d’une corniche étroite,
Un géant, c’est le Jour, couché, la tête droite
Et de face, le front brutal et soucieux,
Remonte son épaule au niveau de ses yeux.
Il s’accoude en arrière et par devant ramène
L’autre bras ; et telle est sa pose surhumaine
Qu’il montre en même temps son ventre aux plis profonds
Et son dos formidable où se croisent des monts ;
Et, sur son genou droit posant son talon gauche,
Il lève des yeux d’ombre où le réveil s’ébauche.

À côté, cette femme effrayante qui dort,
Et se dompte à l’oubli par un si grand effort
Qu’on s’étonne, en voyant sa torpeur, qu’elle puisse
De son coude obstiné rejoindre ainsi sa cuisse,
C’est la Nuit. Elle songe entre hier et demain,
Le visage dans l’ombre incliné sur la main,
Abritant un hibou sous sa jambe ployée
Et l’épaule au rocher près d’un masque appuyée.
Vainement à son frère elle tourne le dos,
Le souvenir du Jour obsède son repos.
- Ah ! maître, quand tu mis l’horreur dans cette pierre,
Tu savais que c’est peu de fermer la paupière,
Tu le savais : rêver, c’est encore souffrir,
Et nul ne dort si bien qu’il n’ait plus à mourir.

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

Devant un groupe antique

Bienheureuse la destinée
D’un enfant grec du monde ancien !
Fruit d’un amoureux hyménée,
Il est gai d’une joie innée,
Et deux beaux sangs ont fait le sien.

C’est Pan, bénévole et farouche,
Qui forme son coeur et sa voix :
Il lui met la flûte à la bouche,
L’enfant souffle, le faune touche,
Et la leçon rit dans les bois.

Aux jeux qui font l’homme robuste
Ses muscles tendres durciront ;
Il sera fort, il sera juste :
Le gymnase élargit son buste,
Le Portique ennoblit son front.

Orateur de la République,
Contre les Perses odieux
Il parlera le verbe attique,
Il ira, soldat héroïque,
Mourir pour sa ville et ses Dieux !

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

Panneau

Dès l’aube, au vallon de Tempe,
Eros jouait avec Zéphire ;
Le meilleur de ses traits -le pire !
De son carquois d’or est tombé ;

Ce trait en eût l’aile brisée ;
Mais plus terrible, aux fleurs pareil,
Il luit comme telles au soleil,
La pointe en l’air dans la rosée.

Ah ! nymphes, je gazon trempé
Engendre des fièvres mortelles !
Gardez-vous de danser, mes belles,
Pieds nus, au vallon de Tempe.

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

Ponte Sisto

Il est au bord du Tibre un chaos de bâtisses
Plus noires au soleil que les cyprès la nuit,
Et qui, plongeant leur pied dans l’eau jaune qui fuit,
Y trempent constamment leur frange d’immondices.
Une gargouille en sort, et, le long du gros mur,
A creusé dans la pierre une verte traînée ;
En bas, au long roulis d’une barque enchaînée,
Branle un anneau rouillé qui mord le ciment dur.
Mais, à vingt pieds de l’onde, une étroite terrasse,
Dans l’amas inégal des sinistres taudis,
Forme sous une treille un profond paradis
Où le lierre au berceau des tonnelles s’enlace ;
La vigne aventureuse y prend son vif essor ;
Toujours il y sourit l’adorable mélange
Des pâleurs du citron aux rougeurs de l’orange ;
Et, si mes yeux ont bien percé ce fouillis d’or,
Des colombes sans bruit s’y becquetaient à l’aise,
Tandis qu’à l’autre rive, au-dessus des maisons,
Tristement se dressait, vide en toutes saisons,
La loge sans amours du grand palais Farnèse.

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

Le Colisée

La lune, merveilleuse et claire, grandissait,
Et, pendant que d’une ombre oblique s’emplissait,
Du fond jusques au bord, le colossal cratère,
Sereine elle montait, transfigurant la terre
Et mêlant à cette ombre une vapeur d’azur.
Minuit, le Colisée, un firmament très pur !

Nous montâmes, guidés au rouge éclair des torches,
Tâtant d’un pied peu sûr l’effondrement des porches,
Et regardant sans voir dans les coins des piliers.
Par le dédale étroit des roides escaliers,
Nous, gagnâmes enfin la plus haute terrasse.
De là, vers l’horizon vaste et noir, l’oeil embrasse
Tout ce pays qui change, au déclin du soleil,
La couleur de son deuil sans changer de sommeil
Tout en bas, comme un point dans l’arène déserte,
Un soldat ombrageux crie à la moindre alerte.

Ah ! d’où vient que là-haut, malgré l’heure et le ciel
Et cette enceinte immense au profil éternel
Et l’effort surhumain que sa taille proclame,
Je n’ai rien éprouvé qui m’ait subjugué l’âme ?
Mais, libre, je sentais palpiter mes chansons :
Tel, éclos pour jouir des meilleures saisons,
Dans un air épuré, de son aile indocile
L’oiseau bat la carcasse énorme d’un fossile.
Ces hommes étaient forts ! que m’importe après tout ?
Quand même ils auraient pu faire tenir debout
Un viaduc allant de Rome à Babylone,
À triple étage, orné d’une triple colonne,
Pouvant du genre humain soutenir tout le poids,
Et qu’ils l’eussent roulé sur lui-même cent fois,
Aussi facilement, et sans reprendre haleine,
Qu’autour de sa quenouille une enfant tord ta laine,
Et qu’ils eussent dressé mille dieux alentour,
Je ne saluerais pas la force sans l’amour !

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

L’Escalier de l’Ara Coeli

On a bâti là, plus réel
Que l’échelle du patriarche,
Un escalier dont chaque marche
Est vraiment un pas vers le ciel.

Dans la nature tout entière
L’architecte prit à son gré
Pour cet édifice sacré
La plus glorieuse matière :

Il prit des marbres sans rivaux,
Fragments de ces pierres illustres
Que la pioche aveugle des rustres
Brisait pour faire de la chaux,

Et qui toutes étincelèrent
Au front des temples abattus,
Ou que les Gracques et Brutus
Au Forum de leur pied foulèrent !

Il les prit et les entassa,
Rejeton hardi de la race
Qui, regardant les dieux en face,
Roulait Pélion sur Ossa.

Et malgré les hordes très sales
De mendiants et de fiévreux
Se cherchant leur vermine entre eux
Sur ces assises colossales,

Bien qu’il s’y traîne des dévots
Dont une poupée est l’idole,
On y voit, comme au Capitole,
Monter les ombres des héros !

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

La Voie Appienne

Au temps rude et stoïque où l’on savait mourir
Sans plus rien regretter et sans plus rien attendre
Où l’on brûlait les morts, ne gardant que leur cendre,
Afin que rien d’humain n’eût l’affront de pourrir ;

Avant que pour jamais la nuit des catacombes
Eût posé sur le monde un crêpe humide et noir,
Et que la foi,-mêlant la terreur à l’espoir,
Eût mis l’éternité douteuse au fond des tombes,

Les tombes n’étaient point d’un abord odieux :
Les Romains qui sortaient par la porte Capène
Sur la voie Appia marchaient, voyant à peine
Ces antiques témoins qui les suivaient des jeux.

Un chaud soleil dorait les dalles de basalte,
Et dans cette campagne au grand sourire clair,
Ces monuments pieux et sereins n’avaient l’air
Que d’inviter la vie à quelque heureuse halte !

Ils ne promettaient pas un royaume infini,
Mais un abri solide au vieux nom de famille ;
Celui que Métellus a bâti pour sa fille
Servit de forteresse à des Caétani.

Et maintenant, maigre les injures sans nombre,
Les coups du nouveau peuple et de son nouveau dieu,
La ruine est encore assez haute en ce lieu
Pour couvrir une armée en marche de son ombre ;

Et le long du chemin, rangés sur les deux bords,
Gisent des bustes blancs aux prunelles funèbres
Où lé sable et la pioche ont mis plus de ténèbres
Que la corruption dans les yeux des vrais morts.

Dans les champs d’alentour qu’agrandit leur détresse
Errent le pâtre antique et l’antique troupeau,
Et parfois, sur le ciel, au-dessus d’un tombeau,
À la louve pareil, un grand chien noir se dresse.

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

La Pescheria

À Rome, le mardi, se rendent au marché,
Pour vendre leur poisson dans le Tibre péché,
Les grands paysans bruns et les filles trapues.
Ils ont fait leur abri de deux voûtes rompues,
Dont l’une dans sa chute a longtemps hésité,
Et par un vieil instinct de sa caducité
Reste, comme un dormeur qui sans tomber chancelle,
Le poisson tout humide et palpitant ruisselle
Sur de longs blocs de pierre alignés en étal,
Débris de quelque ancien dallage impérial ;
Le sol gras est jonché d’écaillés et d’ouïes,
Et ces infectes chairs à l’air épanouies
Sous les yeux des chalands croupissent par monceaux.
Il fait sombre en plein jour sous ces tristes arceaux,
Un réverbère y dort d’un air mélancolique,
Tous les coins y sont noirs de l’ordure publique
On voit au fond la rue étroite et claire fuir ;
Et mainte ménagère, à la bourse de cuir,
Parmi la marchandise éparse et dégoûtante
Fouille, et débat le prix du morceau qui la tente.

Cependant au soleil, dans la brique enchâssés,
Tout blancs encore après dix-huit cents ans passés,
Trois chapiteaux, honneur d’un ciseau de Corinthe,
Des gloires de ce lieu gardent la pure empreinte !

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

Torses antiques

Le long des corridors aux murailles de pierre,
Les marbres déterres et dégages du lierre
Offrent leur grand désastre à la pitié des yeux.
Peuple autrefois sacré de héros et de dieux,
Ils tombèrent, gardant leur attitude auguste.
La chute a fait rouler la tête loin du buste,
Mais il semble que l’âme, ayant quitté le chef,
Palpite encore autour du plus vague relief,
Ou que plutôt l’artiste,- inculquant sa pensée,
L’avait dans tout le corps noblement dispensée :
- De l’épaule à la hanche et du pouce à l’orteil
Apollon tend son arc et lance du soleil.
- Au tourment qui roidit ce nerveux pentélique,
Je sens durer l’effort d’une lutte athlétique.
- Ce tronc jeune, encor blanc comme un tronc de bouleau,
C’est Narcisse amoureux qui s’admire dans l’eau.
- Et je te reconnais, forme humaine et divine,
Aphrodite, c’est toi, le désir te devine :
De ta bouche un barbare a meurtri le dessin,
Mais tu me souris toute en la fleur de ton sein.
- Planté dans un fourreau comme un terme podagre,
Coureur de sangliers, tu vis, ô Méléagre !
Cette poitrine lisse et ces bras accomplis
Sont les tiens ; ce col droit portait un front sans plis.
- Je nomme Antinous les débris de ce torse :
Il eut seul tant de grâce unie à tant de force.
- Et sans doute cet autre au nonchalant contour,
C’est Bacchus glorieux célébrant son retour,
Ceint de pampre, appuyé sur le choeur qui l’acclame,
Le seul dont le corps mâle ait des ampleurs de femme.

On dirait qu’au sortir des mains qui les ont faits
Ces grands décapités n’étaient pas plus parfaits,
Et qu’obstinée à vivre en ce peu de matière
Leur beauté paraît mieux en ruine qu’entière !

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

Les Marbres

Ce qui rend les villas charmantes,
C’est, plus encor que les gazons,
Et la grâce des horizons,
Et le rêve des eaux dormantes,

C’est, plus que l’air délicieux
Et le vert sombre des vieux arbres,
C’est le candide éclat des marbres
Sur l’azur intense des cieux :

Ceux que l’Attique et la Toscane
Baignent d’un jour immense et clair,
Le paros, beau comme la chair,
Le pentélique diaphane.

Et le carrare aux fins cristaux
Qu’un rayon do soleil irise ;
Blocs de neige que divinise
La sainte audace des marteaux !

Qu’on polisse le rouge antique,
Le turquin bleu, le noir portor
Où serpentent des veines d’or,
Et le cipolin granitique,

L’antin jaune ou couleur de sang,
Le vert de Florence et de Suse,
Celui de Gênes qui ne s’use
Que limé par un bras puissant ;

Qu’ils quittent la nuit des carrières
Pour l’ombre d’un palais chagrin,
J’aime mieux dans l’éther serein
Le marbre blanc, ce lis des pierres !

Jeune, éblouissant, virginal,
Et façonné par le génie,
Il est le seul qui montre unie
La matière au pur idéal !

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

La Place Saint-Jean-de-Latran

Au mois de novembre, à midi,
Je foulais cette large place
Au sol vague, formant terrasse
Sur la campagne à l’infini.

À gauche, un aqueduc s’allonge
Par-dessus les plis du désert
Et dans les montagnes se perd
Aussi loin que le regard plonge ;

Vieil échanson que n’use point
La soif des races, il commence
À mes pieds par une arche immense
Et finit là-bas par un point ...

À droite, des vergers, des vignes,
Des toits plats, des murs blancs, des pins,
Et, tout au loin, les monts Sabins
Aux sereines et fermes lignes.

Tel le fond d’un lac azuré,
À travers l’eau tranquille et belle,
Voilé, mais non terni par elle,
Semble grandir transfiguré ;

Tel, dans les campagnes romaines,
Sous la fine écharpe de l’air
Paraît plus doux et non moins clair,
Et plus grand, l’horizon des plaines ;

Et cet air magique et subtil
Est tiède : ici l’été s’achève
Comme un printemps nouveau qui rêve
En attendant son mois d’avril.

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

Les Transtévérines

Le dimanche, au Borgo, les femmes et les filles,
Lasses d’avoir, six jours, traîné sous des guenilles,
Etalent bravement un linge radieux.
Ce n’est plus le costume éclatant des aïeux :
Quand le peuple vieillit, l’habit se décolore ;
Pourtant le rouge vif les réjouit encore :
Elles font resplendir sur le brun de leur peau
Des fichus qu’on dirait taillés dans un drapeau.
Les bras ronds et charnus sortent des grosses manches ;
Le jupon suit tout droit la carrure des hanches ;
Le contour d’un sein riche et d’un dos bien arqué
S’accuse avec ampleur, par de beaux plis marqué ;
D’un corset rude, ouvert d’une large échancrure,
Le cou ferme se dresse, et pour fière parure
Une flèche d’argent traverse les cheveux
Lourds et lisses, d’un noir intense aux reflets bleus.
Un long clinquant de cuivre étincelle à l’oreille,
Et la voûte de l’oeil, pleine d’ombre, est pareille
À ces vallons brumeux où miroite un lac noir.
Et ces fortes beautés sont splendides à voir
Quand toutes, au soleil, le long des grandes pentes,
Par groupes se croisant, vont superbes et lentes.

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens

La Place Navone

Nous aimons à rôder sur la place Navone.
Ah ! le pied n’y bat point l’asphalte monotone,
Mais un rude pavé, houleux comme une mer.
Des maraîchers y font leurs tentes tout l’hiver,
Et les enfants, l’été, s’ébattent dans l’eau, bleue,
Sous le triton qui tient un dauphin par la queue.
Au beau milieu surgit un chaos où l’on voit
Dans un antre de pierre un gros lion qui boit,
Près d’un palmier, parmi des floraisons marines ;
Un cheval qui s’élance en ouvrant les narines ;
Un obélisque en l’air sur un tas de récifs,
Flanqué de quatre dieux aux gestes sans motifs.
Nous aimions ce grand cirque à fortune inégale
Où le taudis s’accote à la maison ducale.
Nous y venions surtout dans les jours de marché :
C’est là que nous avons avec amour cherché
Quelque précieux tome, embaumé dans sa crasse,
De Marsile Ficin, de Quinault ou d’Horace,
Et, parmi les chaudrons, les vestes, les fruits secs,
Les poignards et les clefs, ces lampes à trois becs,
De forme florentine, aux supports longs et minces,
Où pend tout un trousseau d’éteignoirs et de pinces,
Et qui, flambeaux naïfs des poètes fameux,
Nous font croire, la nuit, que nous pensons comme eux.

— Sully Prudhomme,
Croquis Italiens
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