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Biographie de Louis Aragon (1897-1982)

Louis Aragon
Louis Aragon
Le Florilège de Poèmes

Louis Aragon - Le résumé de sa vie

Fils de Louis Andrieux et de Marguerite Toucas, Louis Aragon est né le 3 octobre 1897 à Neuilly-sur-Seine. Son père est préfet de police et ancien sénateur, mais il ne reconnaîtra jamais son fils naturel. En 1924, après avoir participé au mouvement dada, Aragon est l'un des créateurs du surréalisme, aux côtés de Breton, Eluard et Philippe Soupault. Comme la plupart des membres, il adhère au Parti communiste français. En 1928, il rencontre Elsa Triolet dans le café La Coupole. Elle devient sa Muse. De retour d'un séjour en URSS en 1931, Aragon publie Front rouge, poème militant et provocateur dont il dira par la suite, dans les années 1970 : "Ce poème que je déteste". En 1933, il travaille pour l'Humanité. Par la suite, il officiera pour Commune, de 1933 à 1939, Ce Soir (1937-1953) et les Lettres françaises de 1953 à 1972. Le tournant politique de 1934, qui est entouré d'une aura d'optimisme, est une période à laquelle il réussit à accéder à des responsabilités et où il s'épanouit. Mais cela le conduit à s'aveugler et à s'opposer à d'anciens amis (dont Breton). Il va même jusqu'à vanter les mérites du goulag, le système concentrationnaire soviétique. Il devient aussi président directeur général des Editeurs Français Réunis. En 1939, Aragon épouse Elsa Triolet. Elle aussi est écrivain, et elle va énormément l'inspirer. Les Yeux d'Elsa paraissent en 1942. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Aragon et d'autres poètes (Eluard, Prévost, Rosnay et Desnos notamment) s'engagent dans la résistance contre les nazis. C'est aussi l'occasion d'une rupture très douloureuse pour le poète : celle de son ami Pierre Drieu La Rochelle qui a choisi le camp opposé. Il se tuera après la Libération. L'après-guerre consacre Aragon intellectuel communiste. En 1950, il est élu au Comité central du Parti communiste français. Il prend part aux divers débats idéologiques qui agitent le PC suite à la mort de Staline. Ses positions évoluent peu à peu, car Elsa lui ouvre les yeux sur la répression stalinienne ; mais Louis met beaucoup de temps à réagir, malgré les informations qui parviennent en Europe. En 1970, Elsa Triolet décède et Aragon dévoile son homosexualité. Roger Nimier dira à son propos qu'il était « le seul homme capable d'assister à une réunion du Comité Central du PCF en smoking rose ». Louis Aragon décède le 24 décembre 1982. Il est inhumé aux côtés d'Elsa Triolet, dans sa propriété de Saint-Arnoult-en-Yvelines.

Louis Aragon : Sa jeunesse

Louis Aragon : Poète français né le 3 octobre 1897 à Neuilly-sur-Seine et mort le 24 décembre 1982 à Paris. « Fils illégitime d'une liaison entre Marguerite Toucas et Louis Andrieux, un homme politique relativement célèbre, toute son enfance se trouve marquée par le mensonge et la dissimulation. Pour sauver les apparences, sa mère se fait en effet passer pour sa sœur et sa grand-mère, pour sa mère adoptive, tandis que ses tantes deviennent ses sœurs et que son père devient un vague parrain, qui ne lui apprendra la vérité de sa naissance qu'avant son départ pour le front. Enfant précoce, il compose dès l'âge de six ans, dans l'atmosphère confinée d'une pension de famille où apparaissent de belles étrangères, de petits romans inspirés de Zola qu'il dicte à ses «sœurs» et dont il a publié plus tard l'un des volumes.

Après une brillante scolarité (il maîtrise en sixième le programme littéraire du baccalauréat) pendant laquelle il dévore tous les livres qu'il trouve, à commencer par Dickens (écrivain anglais), Tolstoï et Gorki (écrivains russes), il assiste à l'éclatement de la Première Guerre mondiale. Il échappe, de 1914 à 1916, à plusieurs vagues de départ pour le front et commence des études de médecine en 1915 tout en fréquentant assidûment la librairie d'Adrienne Monnier, grâce à laquelle il découvre Lautréamont, Apollinaire, Mallarmé, Rimbaud … Cela ne l'empêche pas de lire Barbusse, dont Le Feu (1916) fait sur lui une très forte impression.

Louis Aragon : Les débuts littéraires

Il est incorporé en 1917 et part pour le front où il rencontrera par hasard André Breton. Trois fois enseveli sous les bombes, Aragon survit cependant au conflit et se consacre avec une énergie décuplée à l'écriture, sous toutes ses formes : poétique avec Feu de Joie (1920), romanesque avec Anicet ou le Panorama, roman (1921). Il participe également à la création d'un mouvement artistique d'avant-garde (qu'on appellera le Dadaïsme) puis, à partir de 1924, à la naissance du Surréalisme qu'il sera le premier à théoriser avec Une vague de rêve (1924). Dès lors, sa dimension d'écrivain et de poète ne va cesser de s'accroître, notamment avec Le Paysan de Paris (1926), qui est un des sommets de la prose surréaliste de l'époque. Inscrit au Parti Communiste dès 1927, comme beaucoup de surréalistes (Breton, Eluard), Aragon se sépare peu à peu de ses amis qui refusent de se soumettre à la volonté d'un quelconque groupe et s'engage corps et âme dans la lutte politique.

Louis Aragon : Elsa et le journalisme

Il rencontre en 1928 un jeune écrivain russe, Elsa Triolet, dont il ne se séparera plus. Il devient simple journaliste à L'Humanité et entame une nouvelle carrière de romancier avec Les Cloches de Bâle (1934) qui raconte l'évolution de plusieurs personnages bourgeois (et notamment des femmes) vers le communisme. Sur le modèle de Balzac et de Zola, Aragon entame alors un grand cycle romanesque qu'il appelle Le Monde réel avec Les Beaux Quartiers (1936), Les Voyageurs de l'Impériale (1939, récemment adapté pour le cinéma), Aurélien (1944), et enfin Les Communistes (1949-1951) qu'il réécrira entièrement en 1966-67. Mais la « drôle de guerre » et surtout la défaite de juin 40, feront réapparaître une autre facette de l'écrivain, celle du poète, dont la production, à partir de Crève-cœur (1939) marquera toute la période de la Résistance française avec, notamment, Les Yeux d'Elsa (1942), Brocéliande (1942), Le Musée Grévin (1943) et La Diane Française (1944). Après la Libération, Aragon, célébré et puissant, poursuit son engagement politique et soutient sans ambiguïté et sans doute en connaissance de cause les dérives staliniennes du communisme. Après la mort de Staline (1953) et le rapport Krouchtchev (1956), qui dénonce les atrocités commises sous le régime précédent, Aragon traverse une véritable crise qui le mènera au bord du suicide et dont il ne sort qu'en se livrant entièrement à la direction d'un grand hebdomadaire littéraire, Les Lettres françaises. Deux grandes œuvres naîtront cependant de cette crise : Le roman inachevé (1956), autobiographie poétique immédiatement saluée comme un chef-d'œuvre par toute la critique et La Semaine Sainte (1958), gigantesque reconstitution mi-historique mi-romanesque d'un des derniers épisodes de la carrière napoléonienne.

Louis Aragon : La fin

À partir de ce double succès, la production poétique et romanesque d'Aragon ne va cesser de s'amplifier, en marge des modes du Nouveau Roman : avec Les poètes (1960), Le Fou d'Elsa (1963), La Mise à mort (1965), Blanche ou l'oubli (1967), Les Communistes (seconde version), Henri Matisse (1970), prodigieux roman où écriture et peinture se croisent et se rejoignent, et enfin Théâtre / roman (1971). Après la mort d'Elsa Triolet (1970), il poursuit comme il le peut ses activités politiques auprès de l'union de la gauche (il sera décoré par F. Mitterrand) et survit en changeant radicalement de style de vie et en affichant dans les médias ses relations homosexuelles, notamment avec Jean Ristat, lui-même écrivain et poète qui lui fermera les yeux le 24 décembre 1982. Sa mort sera suivie d'un concert étonnant de louanges et de cris de haine qui ne s'est guère estompé depuis. »

Luc Vigier. Biographie du site :Louis Aragon - Elsa Triolet.
Présentée par Stéphen Moysan.

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