Éternels Éclairs

1 - je te donne

Mes mains rassemblées mêlées de fleurs d’oiseaux douceur herbes folles au ciel adolescent je te donne des fleurs sorties d'entre les cieux des parfums envoutants dont on ne sait le nom je te donne cette chose née entre nous deux cette chose muette dont nous taisons le nom

— Maria Dolores Cano
au bord du monde

2 - la vie la mort la nuit le jour

Encre vive les mots enchantent la parole ils sont pluriels le jour et singuliers la nuit soleils noirs au petit jour sous le sable les sortilèges scintillements cœur aux étoiles corps sans âme sous le ciel dur le soleil est une brûlure joie perdue œil bleu réconcilié aux évidences la vie la mort la nuit le jour les jours pleins tout recommence la peur et la fureur l’audace et l’indolence solitude des jours multiples désir des nuits sans fin le cœur vacille dans l’ombre soie noire des plénitudes

— Maria Dolores Cano
au bord du monde

3 - distance

Des fleurs aux doigts pour entendre l’histoire la mer tourne tu prends des cailloux sur la route sombres pauvres mutilés du ciel au sol tout est histoire un voyage tu cherches les couleurs sur le chemin et tu devines la vie dans la couture griffures liberté de la couleur je suis tu vas sans te retourner tu vas

— Maria Dolores Cano
au bord du monde

4 - silence de brume

Oser le silence les mots de l’eau le sourire de l’air un souffle simple comme l’envol oser la feuille morte d’amour dans son chemin d’éternité la peur est singulière cœur ouvert et pluriel au ciel des privilèges la roue tourne le temps présent aux assassins si beaux qu’ils font pâlir le jour (*) des pères dans leur tombeau le souffle est à l’automne les fleurs défraîchies les paroles condamnent les contes au non-retour le mot est sur la pierre un poème sans nombre à la chair de caillou cœur en croix là-bas l’ombre d’un oiseau en exil entre ciel et mer silence de brume le voyageur passe la dernière porte

— Maria Dolores Cano
(*)que Jean Genet me pardonne cet emprunt détourné du « Condamné à mort »
au bord du monde

5 - ils sont aux fleurs dans la coupe du temps

Ils sont aux fleurs pluriels et singuliers cœurs et particules dans l’air parfumé paupières gonflées plurielles et singulières particules de lumière yeux esquissés cœur apaisé ébréchures du temps sous la langue la brûlure dans le ciel le délice soleil libre ouvert aux songes paupières ensommeillées mots soufflés sur un fil ténu liseré d’étoiles à l’horizon le cœur chavire dans les embruns et sur la mer des miettes de pain les oiseaux trouent l’air de leurs ailes plurielles et singulières parfums du soir simple et tranquille l’heure est première sur son fil d’argent les fleurs sont plurielles et singulières cœurs d’oiseaux dans la coupe du temps

— Maria Dolores Cano
au bord du monde

6 - sous le sable

Ô ! Silence la vie le désert au ciel lointain la soif la rouille le trésor est sous le sable paroles sans mots la bouche les a volés tout est sous le charme de « cent ans de solitude » (*) le cœur est aux paupières tâche de rouille comme une source rouge et lourd cœur trouble d’un monde intérieur le soleil tisse ses liens entre jours et nuits de solitude entre les herbes du chemin et « les racines du ciel » (**) les oiseaux à la lumière des flots sur le bord du monde en voyage le temps est suspendu hors du monde et des saisons en solitude sous le sable cœur de rouille fruit trop mûr au ciel posé silence des rives derniers reflets

— Maria Dolores Cano
(*)Gabriel García Márquez / (**) Romain Gary
au bord du monde

7 - promesses du sable

la vie comme un nuage sel des mots sur la peau paroles d’oiseaux les cœurs ricochent sur le sable tout est défait enivré de promesses tendre est la mer recommencée

— Maria Dolores Cano
au bord du monde

8 – voyage tendre au cœur des ans

Cœur chevillé sur les flots à demi-mots le désir le ciel est aux nuages l’avenir aux oiseaux invisible horizon folie et cécité simplicité des formes peintes au bord de l’eau l’œil dore l’arrière-saison caresse d’ambre soleil rond les mots embrasent le jour blond voyage tendre au cœur des ans la corne abonde des bruits du temps sur le chemin l’herbe est poussière son souffle glisse entre les pierres comme la peine au goût de sel surprise de l’ombre entre les lignes draps de lumière sur la rivière le sable chante un air d’enfance poissons de nacre nés de la marne un cri enchante nos rêves d’argile cœur chevillé tout près des ronces en soif de rêves de grand frisson de chaque branche part une voie trouée exquise

— Maria Dolores Cano
au bord du monde

9 – plis mouillés et pages fripées

Cœur pendu aux souvenirs sur la main la peau repose plis mouillés et pages fripées sur le sable le soleil danse la vie – les jours avancent les yeux remplis d’enfance le ciel a soif de grains et d’eau les oiseaux passent sans tremblement dans le ciel lourd un bruit au loin le temps boit la mer des sentiments le sable pleure sa grande douleur dans la nuit noire brille l’étoile frisson de l’âge au fil de l’eau mémoire ancienne et renouveau entre nos mains le pain cantique la nuit le jour et la mer sage aux lèvres vertes silence - chemin d’étoiles - chuchotements cœur tendre – nuit de mère aux lèvres offertes

— Maria Dolores Cano
au bord du monde

10 – au paradis

Je passais au bout du miroir enfant perdu au fond du temps cœur dans la main cherchant le sommeil en fond de mare je respire

— Maria Dolores Cano
au bord du monde

11 – objectif

Bois brûlé à l’ombre des soleils de mai erreurs des saisons le cœur reprend sa vie soleil heureux la brise ravit les ombres au clou yeux du ciel âme libre entre les arbres le soleil vibre feuilles en feu sous l’écorce les cœurs en pièces oiseaux des branches tout recommence histoire du vent au dos des nues et sur l’épaule la raison siffle cœur en dérive – âme en sursis entends le cri vol des oiseaux ciel ouvert sur la canopée marche du temps et des saisons au cœur de la pensée soir de mai le cœur éclate sur les branches tout est silence respiration lumière du jour pensée des feuilles la vie ici étoffe du temps comme source de verre tintant au jour l’or du temps

— Maria Dolores Cano
au bord du monde

12 – au bord du monde

Fragile et sûre l’évidence caillou blanc au bord de l’eau tremblement au fond des eaux vase noire fleurs premières rêve en image mélancolie visage de l’abandon les mots sont une menace remous des eaux et mort des oiseaux l’ombre des choses au temps si loin rien ne demeure main sur le cœur fleurs en chagrin danse sur la vase la voie déraisonne corps captifs dans l’effroyable jardin (*) colère des eaux passage de l’ombre miroir des ans silence du ciel au bord du monde la mort attend

— Maria Dolores Cano
au bord du monde
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