Éternels Éclairs

Alicante

Une orange sur la table Ta robe sur le tapis Et toi dans mon lit Doux présent du présent Fraîcheur de la nuit Chaleur de ma vie.

— Jacques Prévert (1900-1977)
Paroles

Avant le déjeuner

Messe de Midi Au chant du clocher Les ombres s’enterrent. Place de l’église Trop de monde À la terrasse des cafés. Brune, blonde ou rousse - Il les aime toutes Le soiffard.

— Stéphen Moysan
En route vers l'horizon

Ballade

Longue marche Sans que le ciel Ne bouge. Aller pieds nus Sur les rochers Un danger agréable. Au bord de l’eau Poussent des fleurs Sur les maillots de bain.

— Stéphen Moysan
En route vers l'horizon

C'est presque l'invisible qui luit

C'est presque l'invisible qui luit au-dessus de la pente ailée ; il reste un peu d'une claire nuit à ce jour en argent mêlée. Vois, la lumière ne pèse point sur ces obéissants contours et, là-bas, ces hameaux, d'être loin, quelqu'un les console toujours.

— Rainer Maria Rilke (1875-1926)
Les quatrains valaisans

Envers et contre tous

Montre à tes amis ton cœur et ta bonne foi, Montre ton front à tous tes adversaires. Fidèle à ta nature et conforme à ta loi : Laisse dire les sots, écoute les sincères, Consulte les sensés et marche devant toi.

— Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)
La part du rêve

Été : être pour quelques jours

Été : être pour quelques jours le contemporain des roses ; respirer ce qui flotte autour de leurs âmes écloses. Faire de chacune qui se meurt une confidente, et survivre à cette soeur en d'autres roses absente.

— Rainer Maria Rilke (1875-1926)
Les roses

Le Papillon

Naître avec le printemps, mourir avec les roses, Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur, Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses S'enivrer de parfums, de lumières et d'azur, Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes, S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles Voilà du papillon le destin enchanté ! Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose, Et sans se satisfaire, effleurant toute chose, Retourne enfin au ciel chercher la volupté !

— Alphonse de Lamartine (1790-1866)
Nouvelles méditations poétiques

Le talisman

Il est un feu discret qui se cache en ton âme, Mais qui tremble et palpite à tous les coups du sort : C'est l'espoir ! Défends bien cette petite flamme ; Si la flamme s'éteint, ami, ton cœur est mort.

— Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)
Il penseroso

Les amoureux

L'eau qui caresse le rivage, La rose qui s'ouvre au zéphir, Le vent qui rit sous le feuillage, Tout dit qu'aimer est un plaisir. De deux amants l'égale flamme Sait doublement les rendre heureux. Les indifférents n'ont qu'une âme ; Mais lorsqu'on aime, on en a deux.

— Madeleine de Scudéry (1607-1701)
Romances et poésies

Les mythes & les athées

Les mythes & les athées sont doublement divins & mourants Nous vivons, nous mourons & la mort n’arrête rien Nous poursuivons notre voyage dans le Cauchemar

— Jim Morrison (1943-1971)
Une prière américaine

Les reflets

Comme un reflet Dans les yeux du pêcheur La couleur de la mer, En cette fin de soirée, Il a offert à son fils Le meilleur anniversaire, Heureux de l’avoir attrapée Dans son seau d’eau L’enfant repart avec la lune.

— Stéphen Moysan
En route vers l'horizon

Nous sommes juchés ...

Nous sommes juchés la tête en bas au bord de l’ennui Nous cherchons à atteindre la mort Au bout d’une bougie Nous essayons de trouver quelque chose Qui nous a déjà trouvés.

— Jim Morrison (1943-1971)
Une prière américaine

Nuits de juin

L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte La plaine verse au loin un parfum enivrant ; Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte, On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent. Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ; Un vague demi-jour teint le dôme éternel ; Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure, Semble toute la nuit errer au bas du ciel.

— Victor Hugo (1802-1885)
Les rayons et les ombres

Plénitude

Faire le vide en soi - Puis laisser le bien-être Envahir notre esprit. Plus d’envie d’ailleurs, Plus de passé ou futur, - Ici et maintenant ! Profiter de l’instant Pendant des heures Le temps du bonheur.

— Stéphen Moysan
J'écris mes silences

Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l'herbe menue : Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l'amour infini me montera dans l'âme, Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la nature, heureux comme avec une femme.

— Arthur Rimbaud (1854-1891)
Poésies

Si l'on chante un dieu

Si l'on chante un dieu, ce dieu vous rend son silence. Nul de nous ne s'avance que vers un dieu silencieux. Cet imperceptible échange qui nous fait frémir, devient l'héritage d'un ange sans nous appartenir.

— Rainer Maria Rilke (1875-1926)
Vergers

Vous allez voir ce que vous allez voir

Une fille nue nage dans la mer Un homme barbu marche sur l'eau Où est la merveille des merveilles Le miracle annoncé plus haut ?

— Jacques Prévert (1900-1977)
Paroles
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