Éternels Éclairs

Florilège de Poèmes
d'Abdellatif Laâbi (né en 1942)



Par Stéphen Moysan

Attention des droits d'auteurs, que nous ne possèdons pas, protègent la majorité des oeuvres ici présentes.

J’atteste

J’atteste qu’il n’y a d’être humain que celui dont le cœur tremble d’amour pour tous ses frères en humanité Celui qui désire ardemment plus pour eux que pour lui-même liberté, paix, dignité celui qui considère la Vie est encore plus sacré que ses croyances et ses divinités J’atteste qu’il n’y a d’être humain que Celui qui combat sans relâche la Haine en lui et autour de lui Celui qui, dès qu’il ouvre les yeux le matin, se pose la question : Que vais-je faire aujourd’hui pour ne pas perdre ma qualité et ma fierté d’être homme ?

— Abdellatif Laâbi (né en 1942)
L'espoir à l'arraché

Le drapeau de la haine (extrait)

Juste du pain de l'eau Et entre 2 appels à la prière le massacre du jour De sous les décombres les cris les appels des enfants ont cessé Une journée de plus Cent Deux cents âmes de moins On trouvera toujours quelque salopard pour faire ce commentaire : La vie continue !

— Abdellatif Laâbi (né en 1942)
L'espoir à l'arraché

Le problème que j'ai avec la société

Le problème que j'ai avec la société et jusqu'à mon entourage c'est que je prends tout mon temps et élève au rang d'art la distraction J'abandonne volontiers la course aux gagneurs aux accumulateurs et autres tueurs À la voie royale des apprentis dominateurs je préfère le sentier, la lisière là où les oiseaux ne chantent pas encore en service commandé et l'herbe intelligente pousse à vue d'oeil là où l'errant a une chance de rencontrer son frère et qui sait son peuple là où l'on sent son cœur battre et que les questions essentielles affleurent Saura-t-on un jour que le vrai centre se situe dans la marge ?

— Abdellatif Laâbi (né en 1942)
L'arbre à poèmes

Le soleil se meurt

Le soleil se meurt une rumeur d'homme à la bouche C'est une étrange soif quand grisonnent les idées et que l'amour à peine commence * Qui parle de refaire le monde ? On voudrait simplement le supporter avec une brindille de dignité au coin des lèvres

— Abdellatif Laâbi (né en 1942)
L'arbre à poèmes

Me réveiller auprès de toi

Me réveiller auprès de toi t'apporter le café écouter ensemble la radio accueillir ta tête sur mon épaule te masser les doigts L'amour simple comme bonjour

— Abdellatif Laâbi (né en 1942)
L'arbre à poèmes

Petite vague de joie pure

Petite vague de joie pure sois la bienvenue au milieu de l'océan des peines Grâce à toi je sais qu'il n'est pas vain d'espérer une trêve dans le cycle de l'horreur que dans le cahier d'amour il me reste des pages blanches qu'un ami perdu de vue me fera le plus inattendu des signes qu'une autre vie à la flamme brève mais inouïe m'attend encore dans cette vie Petite vague de joie pure puisses-tu éclairer d'un sourire le visage esquissé de chaque destinataire de ces lignes !

— Abdellatif Laâbi (né en 1942)
Janvier 2008

Que cache-t-on au juste Quand on dit Parlons franchement !

— Abdellatif Laâbi (né en 1942)
L'arbre à poèmes

Une maison là-bas

Une maison là-bas avec sa porte ouverte et ses deux tourterelles récitant inlassablement le nom de l'absent Une maison là-bas avec son puits profond et sa terrasse aussi blanche que le ciel des constellations Une maison là bas pour que l' errant se dise j'ai lieu d'errer tant qu'il y aura une maison là-bas

— Abdellatif Laâbi (né en 1942)
L'arbre à poèmes
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