Éternels Éclairs


Je me ferai savant en la philosophie

Je me ferai savant en la philosophie,
En la mathématique et médecine aussi :
Je me ferai légiste, et d’un plus haut souci
Apprendrai les secrets de la théologie :


Du luth et du pinceau j’ébatterai ma vie,
De l’escrime et du bal. Je discourais ainsi,
Et me vantais en moi d’apprendre tout ceci,
Quand je changeai la France au séjour d’Italie.

Ô beaux discours humains ! Je suis venu si loin,
Pour m’enrichir d’ennui, de vieillesse et de soin,
Et perdre en voyageant le meilleur de mon age.

Ainsi le marinier souvent pour tout trésor
Rapporte des harengs en lieu de lingots d’or,
Ayant fait, comme moi, un malheureux voyage.

— Joachim du Bellay,
Les Regrets

Du même auteur

Les Poèmes de Joachim du Bellay de A à Z

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